Cette année, l’association qui édite ce rapport, SOS Homophobie, m’a envoyé une version papier du document consultable en ligne, et donc je l’ai lu d’un peu plus près que d’habitude. Comme tous les ans, on constate une “meilleure” activité pour l’association, avec cette étrange déduction que si elle marche bien, c’est que ça va mal. Mais il est souvent difficile de mesurer le fait de société à cette seule mesure de réactivité des victimes et des associations, parce que l’on joue sur plusieurs variables. En effet, est-ce que l’association est plus connue, est-ce que les victimes ont plus le réflexe d’appeler et témoigner, est-ce que les actes d’homophobie explosent dans notre pays ? Du coup ce qui est intéressant, c’est vraiment l’observation des résultats détaillés du rapport, et aussi de la comparaison avec sa propre expérience.
Globalement, je trouve ce rapport bien fait et extrêmement instructif. On sent bien certaines tendances fortes, et les différents témoignages sont livrés en résumé ou de manière plus étendue pour marquer encore plus le lecteur. Ainsi on est dans le fait concret, et moins dans la généralité, ce qui est plus juste à mon sens. Malgré tout à certains moments, on lit des des propos à visées statistiques qui ne me paraissent pas des plus pertinents. Tirer des conclusions parce qu’on voit une augmentation de 6 à 8 cas sur un ans, ou bien insister sur une population pas en reste avec l’homophobie même si on constate une diminution des cas, c’est carrément orienté (et surtout nous ne sommes pas du tout sur un terrain d’étude statistique). Mais l’exercice n’est pas facile du tout, et l’ouvrage a vraiment le mérite de mettre le doigt sur des multiplications de cas qui indiquent de grandes souffrances, et une vraie nécessité d’agir.
En tant qu’homo, ça a été parfois difficile de lire tous ces témoignages qui, même résumés et retranscrits de conversations téléphoniques ou emails, ont les mots justes pour décrire ces violences que tout homo a vécu, et vit dans son quotidien. Même si nous avons tous nos parcours et nos histoires, il y a une résonance forte avec ces récits d’insultes, d’agression, de mal-être, et de discrimination. On ne peut que se sentir proche et remarquer que les LGBT vivent à peu près les mêmes types d’homophobies, le point commun étant la connerie qui est en face. Cette connerie là, je n’ai pas l’impression de la voir reculer ou changer. Bien sûr la société dans son ensemble est plus tolérante, mais les cons sont aussi cons et eux ne changent pas, et on arrive à un point où les homophobies plus ordinaires sont aussi insupportables que les autres.
Je n’en peux plus de l’anti-folle, du vivons caché, de la discrétion dans la manière dont j’affiche l’affection à mon chéri en public, et de toutes ces pressions sociales qui obscurcissent notre simple liberté d’être, d’aimer, de nous exprimer. Dans mon propre quartier, je fais attention à mes gestes envers mon amoureux pour ne pas me faire repérer et, avouons-le, par pure couardise. Et là encore, l’homophobie est au coin de toutes les rues, même à Paris, même dans mon quartier bobo. Au moment où nous voulons plus, où le mariage et l’adoption paraissent tomber sous le sens, et où l’émancipation va au-delà même de la simple tolérance, dans son acception la plus étymologique, on voit poindre d’autres homophobies peut-être plus pernicieuses et difficiles à délogées. On se frotte à des gens qui reconnaissent bien qu’il y a des pédés, mais alors ça ne va pas plus loin, et ça ne devra jamais aller plus loin qu’une simple tolérance à “exister” pour eux. Donc ceux là en plus de tous les cons qui sont encore au stade protérozoïque de l’évolution, je vous dis moi qu’on a encore quelques années pour célébrer cette journée !!
Alors que je pense ingénument que la prochaine présidentielle devrait naturellement voir le mariage gay devenir une réalité, j’en viens à me dire que nous ne sommes vraiment pas encore arrivé au bout du chemin (et que cette évidence paraît bien candide aujourd’hui).
Dans ce cadre, William a pensé que ce serait le bon jour pour lancer la petite rencontre faite avec Juliette il y a quelques semaines. Donc là voici, et en effet on en profite dans notre babillages divers et variés, pour évoquer l’homophobie et d’autres joyeusetés. Huhu.
Ca fait plaisir d’entendre ta voix et de voir en prime Juliette ;-) .
La conclusion, “pour vivre heureux soyons ce que nous sommes et qu’on nous fasse pas chier avec ça” est sans doute le meilleurs moment. Ce que j’aime chez Juliette, c’est le coté “assumé” de ce détail, mais pas revendiqué.
Merci pour l’entrevue, l’article et, avant tout, le rappel que nous ne sommes pas seul. :)
Merci pour ce joli moment passé avec Juliette et toi ; c’est marrant sur le coup je me suis dit que Matoo c’était quand même plus sympa que Mireille Dumas ;-) huhu !
Blague à part, cela me renvoie à ma propre adolescence, le jour où, dans ma ville de province d’alors, je me suis pour une fois approché de cette affiche qui m’intriguait tant, à la gare… Une couv’ de Tetu… et moi aussi, je me suis dit “bah c’est qu’on doit être un paquet, alors” – et je dois dire que ce fut un soulagement, à l’époque.
Merci Matto.
Super cette interview. :)
C’est officiel : je suis jaloux !
Très sympa cette entrevue avec la Patronne, et d’entendre notre pédéblogeur préféré plus encore.
Merci Matoo !
La classe internationale :)
Merci, Matoo.
J’ai apprécié l’atmosphère de cet entretien (images et montage très chaleureux). Je t’y ai bien reconnu, ainsi que Juliette ; mon conjoint (animateur radio) l’avait interviewée fin des années 90 (avant son premier Olympia, je crois) et je l’avais découverte en concert à Strasbourg alors qu’elle rôdait, avant sa sortie, l’album “Assassins sans couteaux”, si le souvenir est bon – excellente mise en scène du titre “La pagode du cheval blanc”, laquelle m’avait fortement ému ! ).
:chat: Enfin !
Superbe vidéo. Après le blog les itw : tu t’en sors comme un pro. Et Juliette, quelle classe. Chanteuse, sale gosse, mais surtout une belle personne dont chaque phrase a un réel sens.
Merci Mattoo pour cette rencontre avec Juliette.
Juste dire que nous ne sommes pas seul!!!
belle interview !
Ouaaaaaaaaah!J’adore que tu aies fait ça et que tu aies écrit ça même si, à la base, je n’apprécie pas plus que ça l’oeuvre de Juliette. Matoo really is the boss. :salut:
J’aimerais trouver un truc à dire qui me donne l’air plus intelligent que cette truffe de Ditom qui a parlé juste avant moi mais je sèche… Alors je me contente de dire que j’ai regardé et j’ai beaucoup aimé.
Super la rencontre avec Juliette ;-)
Pour ceux que cela intéresse le (copieux) rapport 2011 est disponible en PDF ici : http://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/rapport_annuel_2011.pdf
Et bravo pour ton interview. Ca fait un petit moment que l’on attendait les images :smile:
Merci Matooo de ce rdv avec Juliette SUPER
Je suis originaire de la ville rose et j’ai pu la rencontré plusieurs fois …
Plus de gay pride ? A quand un concours Tiffany comme pour les ladies boys de Thaïlande … ils sont belles et largement tolérés !
Merci pour cette petite tranche de vie en compagnie de Juliette. Je me permets de balancer la vidéo à mes parents: un p’tit coup de Juliette et de gayttitude ne leur fera pas de mal et sera bienvenu.