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Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates (Mary Ann Shaffer, Annie Barrows)

Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates (Mary Ann Shaffer, Annie Barrows)

Cela faisait longtemps que je n’avais pas goûté à un 10/18 Domaine Etranger, une collection qui me tient particulièrement à coeur. Celui-ci c’est ma maman qui me l’a prêté parce qu’elle l’avait apprécié. Je ne peux pas dire que je n’ai pas pris de plaisir à lire ce bouquin, non c’était plutôt agréable à bouquiner, mais il a un gros problème pour moi : il est dans la droite lignée de l’Elégance du hérisson… Il y a de l’idée, des bons mots, beaucoup de bonne volonté, mais aussi une histoire qui finit par devenir franchement peu crédible et un épanchement de bons sentiments qui confinent à l’écoeurement.

Mais vraiment il y a de chouettes choses, à commencer par la forme du roman qui est une somme d’échanges épistolaires entre l’héroïne, Juliet Ashton, qui est une écrivain en mal d’inspiration au sortir de la seconde guerre mondiale, et des habitants d’une île Anglo-Normande . En effet, tout commence par un de ses anciens bouquins (un livre de Charles Lamb) qui se retrouve entre les mains d’un insulaire de Guernesey, Dawsey Adams, et ce dernier décide d’écrire une lettre à Juliet pour lui demander si elle pouvait lui procurer d’autres ouvrages de l’auteur. C’est ainsi qu’une correspondance débute entre les deux protagonistes, et que Juliet apprend la manière dont la guerre s’est déroulée sur les seules possessions anglaises occupées par les allemands. C’est pendant cette période trouble qu’a vu le jour un curieux cercle littéraire au nom farfelu : “Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates”. Petit à petit, tous les gens du cercle écrivent à Juliet, et elle décide d’écrire un roman sur leurs aventures pendant la guerre. Lettres après lettres, elle apprend à connaître ces gens attachants et noue des liens intimes avec certains. Il y a beaucoup de mésaventures drolatiques, mais aussi des drames qui sont un peu passés sous couvert, mais que Juliet finit par débusquer.

Vraiment ça se lit très bien et facilement, c’est une jolie écriture enlevée, avec énormément d’humour anglais, un brin nawak et excentrique. Les personnages sont tous très drôles et souvent émouvants, avec une peinture de l’île pittoresque et pleine d’affect. Mais le souci c’est que cette manière de faire dans les bons caractères et les histoires qui finissent bien devient rapidement chiant et un peu niais. Et puis, on a du mal à croire que les habitants de l’île soit tous de cet acabit, avec comme par magie des péquenauds plus fins et lettrés que des thésards en philosophie, et tolérants, libéraux, ouverts, sympathiques, accueillants etc. Oh il y a bien un personnage négatif pour contraster, mais tout le monde se fout de sa gueule dès le début. Bref, c’est vraiment ce que j’appelle le syndrome l’Elégance du hérisson. Le bouquin est trop consensuel, trop lisse, et finalement on passe un bon moment mais rien de plus.

Le roman est très couramment comparé à l’Elégance du hérisson, donc je n’ai pas été le seul à y voir une filiation. Et comme ce dernier, il a eu un énorme succès en librairie et auprès du public. On y voit aussi assez facilement de la matière pour un film, et cela pourrait en effet donner un truc à la Saving Grace, dans le genre indie gentiment farfelu et peu crédible. Je ne le conseille pas comme un grand roman, mais ça doit pouvoir carrément se lire en vacances ou pour se détendre…

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates (Mary Ann Shaffer, Annie Barrows)

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  • Ca doit être mon coeur de midinette, mais j’ai adoré. Et puis ils ne sont pas tous lettrés / thésards ou philosophes, juste ceux du cercle et quelques amis ! Ca en fait des iliens non encore recensés.

    J’ai aimé, justement, le contraste entre une certaine légèreté et la partie dure de l’histoire.

    Peut-être pas un livre qui restera dans les mémoires après des siècles, mais en tout cas une jolie pépitounette que je me garde pour les moments de coup de mou.

    (Mais en ce moment, retombée dans Colette et la Retraite Sentimentale, en effet, du point de vue littéraire, pas de comparaison possible !)

  • Ah mais j’ai bien aimé hein, c’est juste qu’avec le recul, j’ai trouvé que c’était une vision un peu “bobo” et bien-pensante et une situation peu crédible. Mais c’est super agréable à lire, et carrément marrant à certains moments (et souvent attendrissant). :chat:

  • J’ai mieux aimé le livre sur les patates que celui sur le hérisson tout simplement par ce que le premier montre la recherche de l’autre et le second l’instinct de supériorité. L’un est trop gentil et l’autre trop méchant. L’un prone l’ouverture et l’autre l’orgueil et la fermeture sur soi. Ils n’ont pas les même valeurs….

  • J’ai lu ce livre.. pendant mes vacances à Guernesey. Je crois que le fait d’avoir lu ce livre sur cette île, c’est ce qui m’a fait l’aimer. Je ne l’aurais peut-être pas apprécié assise sur mon canap’ en banlieue Parisienne. Cette île est assez étonnante. Les habitants sont étonnants. Il y a quelque chose de vrai et d’unique qui se dégage de ce bouquin.

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