MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Pina

Pina

Le sous-titre sur l’affiche résume très bien l’état d’esprit du film : “Dansez, dansez sinon nous sommes perdus”. Ce film est absolument exceptionnel, et j’en suis sorti simplement bouleversé. Je ne connais pourtant rien à la danse ou à Pina Bausch, mais cette oeuvre pure et désincarnée parle à tout le monde. Elle utilise des codes universels, et exploite les chorégraphies de Pina Bausch comme un alphabet abstrait mais très élaboré.

Wim Wenders construit un film magnifique et très simple, très dépouillé, avec en même temps cette 3D qui pour une fois est un composant important et efficace. Il s’agit de témoigner de l’oeuvre de Pina Bausch, et pour cela ce sont les danseurs de la troupe qui parle d’elle, et surtout de la manière dont cette rencontre a marqué et changé leur existence. Le film alterne donc entre des extraits des chorégraphies dans un cadre formel, quelques pensées intimes livrées en catimini sur leur “Pina”, et d’autres farandoles plus décalées et parfois barrées dans des décors urbains “sauvages” avec cette succession de gestes illustrant les saisons…

On découvre notamment l’étonnante ville de Wuppertal (où la troupe réside) avec un extraordinaire monorail suspendu qui traverse le paysage urbain avec un furieux air de Science-Fiction. Et on découvre peu à peu les danseurs, plus ou moins matures, parfois carrément vieux, mais tous barrés et attendrissants, tous encore plein de passion et de folie dans les yeux, et d’une beauté à tomber dès lors qu’ils s’expriment sur les gestes de leur défunte chorégraphe et “meneuse”. On les voit en plus en 3D, dans un excellent relief qui semble les faire jaillir de l’écran, avec une netteté et une vivacité des couleurs qui m’ont réconcilié avec la technologie. Est instillé par petites touches tout ce qui fait la signature des chorégraphies de Pina Bausch, avec ces grands corps féminins au cheveux longs qui exécutent des danses longilignes et courbes, ces gestes itératifs comme un minimalisme en écho permanent, une répétition qui trouve résonance dans un décor théâtral qui empêche souvent les progressions (j’adorerais voir ce truc avec les chaises partout) des danseurs. J’ai eu l’impression petit à petit de mieux appréhender l’ADN de ses chorégraphies, et de rentrer (et d’adhérer) dans leur vision artistique.

Voilà c’est juste ça, quelques extraits de ballet en 3D, des témoignages en filigranes, et en scansion lancinante cette troupe qui rappelle les mêmes gestes en une ronde infinie et logorrhéique, magnifique et émouvante. C’est juste ça, et c’est tellement d’émotions, de sens, de non-sens, d’interrogations, de révélations !! Il fallait certainement le talent de Wim Wenders pour mettre des images sur un film pareil, et inutile de préciser que c’est pour moi une réussite grandiose et troublante. C’est pas du chiqué hein, ça m’a vraiment troué le cul ce truc.

Pina

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  • J’ai adoré aussi et j’aimerais énormément voir une de leur représentation, peut-être Café Müller (celui avec toutes les chaises, qui me fait penser à un asile) ou encore celui avec l’eau et le rocher (celui qui a semblé le plus magique pour moi). Un chef-d’œuvre que je n’ai pas regretté d’avoir été voir même si sceptique avant d’y aller par l’annonce de la 3D (qui se fait oublier).

  • J’ai vraiment adoré mais les commentaires des danseurs pfffiiiiiuuuuuuuu que c’est mièvre. Que c’est inutile. Ils n’ont manifestement rien à dire d’intéressant, laissons-les danser !

  • Comme je suis très fragile face à la grâce et l’émotion, j’ai pleuré tout le temps du film (ce qui n’était pas très pratique avec les lunettes 3D). Tu en parles mieux que je ne l’aurais fait.

  • Je suis assez d’accord Gilda, je n’étais pas loin de verser une larme à un ou deux moments du film.

    C’était tellement extraordinaire pour le profane que je suis. Certes le rendu est ultra travaillé et magnifié, mais je suis content que Matoo ait apprécié la 3D pour une fois, car j’ai trouvé ça incroyable de pouvoir frôler les danseurs (même sur l’écran de ciné miniscule à l’UGC orient express) qui étaient d’une grâce et d’une classe incroyable.

    Je ne les ai pas trouvé mièvre du tout. J’aurais peut être aimé qu’on découvre également les défauts de Pina, je suis toujours gêné par les témoignages consensuels.

    En tout cas un excellent film. Et chapeau bas au réalisateur.

  • Ce film m’a vraiment touché. De retour chez moi (au Québec), je suis allé voir un spectacle de danse pour «tester» ma perception du film de Wenders. And the winner is? Pina est une génie de la danse!

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