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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Rabbit Hole

Rabbit Hole

Après Hedwig and the Angry Inch et Shortbus, John Cameron Mitchell ne présente pas un film qui leur ressemble. Pas du tout même. Il signe à la place un film étrange et captivant qui raconte la manière dont deux parents font le deuil du fils qu’il ont perdu quelques mois auparavant.

Les parents, Rebecca et Howie, sont magistralement interprétés par Nicole Kidman et Aaron Eckhart, et une des grandes qualités du film réside dans leur jeu. Nicole en particulier paraît singulièrement pénétrée par son rôle. J’ai juste été dérangé, et en même temps rassuré, par son visage. En effet, elle apparaît enfin sous les traits d’une femme de son âge, et une femme en deuil, plutôt cernée et souvent en pleurs, avec un visage d’une grande expression et mobilité. Mais autant elle a retrouvé de chouettes expressions faciales, autant je trouve que cela met encore plus en exergue les autres trucs qu’elle a dû faire, et qui lui donne une tête différente selon l’angle de vue de la caméra (un visage proprement cubiste en somme). Il n’empêche, elle est excellente. Aaron Eckhart est lui terriblement séduisant, et les deux forment un couple très crédible.

Une grande partie de l’intrigue se compose de cette différence majeure dans le processus de deuil : lui veut aller voir des groupes de paroles, reste dans ses souvenirs de son fils (dessins, vidéos, photos), et pense que le temps fera son effet, se dit qu’avoir un enfant serait une bonne idée, tandis qu’elle refuse la psychologie, veut se débarrasser de ce qui lui rappelle son fils, ne veut pas que son mari ta touche, et se met à rencontre en secret le chauffard qui a écrasé leur fils par accident. Ce dernier est un gamin de 16 ans, fort bien endossé par Miles Teller, au physique un peu ingrat mais parfaitement en phase avec le rôle. Dianne Wiest est aussi juste que d’habitude, rien à dire.

Le film m’a fait pensé à un “Sous le sable” dans une version américaine, avec une histoire aussi simple qu’universelle, et avec ce focus sur deux processus de deuil tellement distincts qu’il met évidemment en péril le fondement même du couple Becca/Howie. Le tout est bien filmé et on sent la patte assurée et résolument observatrice de John Cameron Mitchell, sorte d’entomologiste et autopsieur des émotions de ses comédiens.

J’ai plutôt bien aimé le film, mais suis tout de même resté sur ma faim. Mon reproche principal est la minceur de l’intrigue et des faits qui se déroule. En fait, il ne se passe pas grand-chose, et le scénario finit, à mon avis, par sérieusement manquer d’épaisseur… Heureusement les comédiens occupent bien l’espace, mais ce n’est pas suffisant, et j’ai fini par trouver le temps long. Il me manquait des rebondissements, des réflexions plus poussées, un peu plus de matière en somme. De la même manière, je me suis demandé si la pièce contenait la même charge narrative, parce que ça devait du coup être encore plus flagrant sous cette forme. Mais c’est peut-être aussi une économie qui permet de mieux se concentrer sur le deuil… (Un peu chiant quoi à la fin… Huhu.)

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