MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

36 (et 4 et oh là là)

Oh là là.

J’ai toujours adoré cette expression française si typique et intraduisible, si étrange à nous mêmes puisque les mots qui la constituent, pris un par un, ne veulent pas dire grand chose. Et c’est certainement un de ces charabias idiomatiques qui fait le plus rire les étrangers ou ceux qui apprennent notre langue, à cause de cette drôle de sonorité et cette forme onomatopéique rigolote. Ce que j’aime particulièrement c’est qu’on peut prononcer cette expression d’une quinzaine de manières différentes, dans des situations et des domaines d’applications d’une incroyable variété, et sur une échelle qui va du triste au joyeux, du pessimiste à l’optimiste, ou du pire au meilleur !

Parfois c’est même tellement ambiguë qu’on doit préciser ce que veut dire l’autre, genre : “Oh là là, t’as entendu le dernier Lady Gaga ?”. Ce qui peut vouloir dire “Mon Dieu, c’est tellement génial que je vais mourir” ou alors “Mon Dieu, c’est tellement mauvais que je vais mourir”. C’est vraiment dingue car on peut aussi bien souligner avec un “Oh là là”, j’ai adoré ou j’ai détesté. Oh là là n’est finalement qu’un bête marqueur d’emphase qui s’emploie à toutes les sauces. Arfff.

Voilà pour mes 36 ans donc, “Oh là là”. Hé hé hé.

4 c’est pour la barre des 4 millions de visiteurs qui a été franchie récemment, et qui est une autre sorte d’achievement. Oui je saiiiiis, les blogs sont morts, mais je continue tout de même à poser ma crotte, et à prendre du retard dans mes posts. Je tiens bon, et je ne lâche pas l’affaire !!

Nan mais j’avoue ok les 36 ans là, ça me saoule. Pfff. Ok je ne peux pas faire autrement, mais je me vois vraiment vieillir maintenant, autant dans le miroir que dans les yeux des autres, et il y a plus plaisant comme réalisation de soi. Hé hé. Du coup, je ne veux pas les célébrer ceux-là, je ne les ignore pas pour autant, et j’adooooore qu’on me le fête, mais cette année pas de grosse teuf ou de manière de marquer cela. Je reviendrai sans doute l’année prochaine un peu plus rasséréné à ce sujet, mais il me faudra sans doute une année pour le digérer complètement.

L’âge ne m’a jamais trop touché intrinsèquement, mais plutôt pour le modèle social qu’il revêt. En tant que pédé, j’ai déjà la chance d’échapper à une bonne palanquée de clichés normatifs, mais j’ai toujours eu une certaine vision associée à une tranche d’âge, et je ne peux m’empêcher de me passer au crible une fois dans le créneau. Et là je vais vers la quarantaine, genre je suis un adulte. Genre j’ai un taf sérieux, je suis en couple sérieux, j’ai de sérieux projets, et c’est plus la déconne quoi. Fuck… ça donne juste envie de tout balancer par la fenêtre.

Je sais que j’ai le droit d’échapper à ces modèles, et de faire ma propre route, devenir ce que je veux ou ce à quoi j’aspire. Mais j’ai toujours ce désir ambivalent entre raisons et sentiments, entre idéal et concret, entre logique implacable et flou artistique. Mais Ars longa, vita brevis dit-on… Heureusement, je suis en couple avec quelqu’un qui est à peu dans la même optique et dans les mêmes affres, alors on est au moins deux à se poser des questions existentielles, et notre amour est au moins le truc sûr auquel on peut s’accrocher.

J’ai déjà 3000 fois (au moins) expliquer mes motivations et philosophies, à coup de Marc-Aurèle vous le savez bien, mais aussi dans Voltaire et autres billevesées. Et c’est drôle mais c’est lors de ces posts “anniversaire” que j’aime rappeler ces textes “fondateurs” du blog et plus que cela. Là en réfléchissant à ce que je pourrais écrire, c’est marrant mais il me vient presque toujours la même chose.

Pourquoi j’écris ici ?

– par narcissisme éhonté
– par passion de l’écriture, et ce moyen d’être lu tout en restant à sa place et sans jouer ni les écrivains, ni les journalistes, juste les scribes du quotidien
– par adhésion à une communauté de plus (élitisme de bas étage)

Ce que je veux dans la vie ? Etre heureux ! Comment ? Comme Voltaire !!! (Excusez du peu !!)

Ce qu’il faut pour être heureux

Il faut penser ; sans quoi l’homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer ; c’est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,
Des gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu’en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut le soir, un souper délectable,
Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos,
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots.
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que notre coeur adore,
Le caresser, s’endormir dans ses bras,
Et le matin, recommencer encore.

Voltaire.

Et si je devais retenir quelques trucs pour garder les idées au clair même par temps de brouillard ?

Mais tout ce fatras de pensées me replongent aussi dans le dilemme passion/raison. On a certainement l’impression d’être heureux quand tout bouge, quand les sentiments sont hauts en couleur, que sa vie semble intense, que rien n’est figé, mais est-ce bien là le bonheur, ou une simple illusion qui cache la douleur ? Quant à avoir une existence calibrée, étalonnée et normalisée, ce n’est évidemment pas la solution. Et non comme d’habitude, le secret réside dans la délicate mixture de tout cela… Il faut savoir doser. Il faut avoir des repères, des piliers (famille, amis, boulot), et il faut aussi broder au dessus de cette ossature. C’est essentiel pour s’émanciper, pour grandir et pour ne pas s’emmerder dans la vie. Et là, je crois fermement à trois axes de développement : Apprendre – Jouir – Créer.

« Apprendre » correspond à cette activité de remise en question permanente de soi et de ses savoirs, cela revient aussi à ingérer de nouvelles connaissances dans des domaines inédits, à ne pas se fermer aux sciences, aux lettres ou aux arts mais au contraire à s’y sensibiliser et à finir par « sentir » ou comprendre par soi-même, donc par assimiler ce qu’on a découvert.

« Jouir » parce que c’est une des choses que notre situation nantie nous permet (si j’étais né au Bangladesh en effet, j’aurais peut-être une priorité différente), et que contrairement à notre morale judéo-chrétienne, il n’y a pas de mal à se faire du bien. Il faut bien manger, bien boire, faire la teuf avec ses potes, faire l’amour, être amoureux, avoir des amis, fréquenter des gens différents et s’en enrichir… Il faut aussi rire, se marrer, glousser, pouffer, badiner, se bidonner, se poiler, se tordre, se taper le cul par terre !!!

Enfin, « Créer » est le troisième et dernier axe de développement personnel. En effet, je suis persuadé qu’on doit tous se trouver une activité créatrice, qu’elle soit artistique, littéraire ou corporelle. C’est tellement extraordinaire et libératoire de pouvoir s’exprimer, se manifester par les mots, la danse ou un collage… ou un blog. « Créer » c’est engendrer une chose nouvelle qui n’est le fruit que de son propre esprit, c’est se désincarner, c’est libérer son énergie, délier son âme et expulser ses émotions (positives ou négatives) tout en se faisant du bien. En outre, c’est une source, à la fois, d’introspection et d’analyse de soi qui fait du bien, c’est aussi une manière de conjurer ses affections psychiques et de se voir avec plus d’acuité que jamais, pour mieux se connaître et donc mieux s’appréhender.

Et à vous mes lecteurs chéris que j’ai rencontré ou pas, je vous fais un gros bisou, parce que je vous aime beaucoup. :)

Les publications voisines

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  • Aaaaah, le billet annuel numéroté ! Je l’attendais religieusement, celui-là. Tu sais que j’ai instauré la même tradition sur mon bloug, inspirée du tien ? C’est le pouvoir d’influence des papa-blogs !

    Joyeux anniversaire encore. :)

  • 36, houlààààààààààà, pas de quoi s’affoler.
    En lisant le titre de ton billet, j’avais crû à un 40 mal assumé ou à de la coquetterie mal placée (du genre je bloque le compteur à 36 et je rajoute une année supplémentaire à chaque fois). Tu vois, tu as encore de la marge avant de t’en faire
    Je profite de l’occasion pour me permettre un baiser chaste, parce que moi aussi je t’aime beaucoup :xkiss:

  • La bise ! Et puis un commentaire, un vrai, c’est quand même mieux qu’un rapide like jeté là comme ça, non ? (rhaaa ça se voit que j’ai DEUX ANS de plus que toi et que je suis un vieux con ?)

  • Qui donc a décrété la mort des blogs ?
    Novembre prochain je serai ton aîné de huit ans. Comme d’hab’ ce sera un jour comme un autre. Novembre prochain mon couple marquera ses vingt-deux ans : le bisou en sera plus onctueux.

  • Encore des bisous ! (de j+1 pour cuver !).:coeur:

    Pour le “oh my gode, bientôt 40, je suis presque adulte (huhuhu)”, j’ai un truc.

    Ne pas trop y croire, juste dans les moments où ça rend service.

  • T’arrive tout doucement à l’âge où un homme regarde son existence et réalise que c’est ça sa vie et ça ne changera plus fondamentalement. Le jeune homme en nous se rebelle contre ça, parce qu’il est plus important pour lui d’avoir des tas de possibles plutôt qu’une seule construction sur le long-terme. Le jeune homme a l’impression qu’on le force à s’avouer vaincu, à se satisfaire de ce qu’il a alors qu’il aspire à tout avoir ; il n’aime pas ça. Mais ce n’est qu’une question de perspective. Construire, c’est bien aussi et ça nécessite de la stabilité.

    J’ai deux ans de moins que toi et une vie à l’opposé de la tienne, mais je ressens à peu près la même chose. J’ai l’impression, avec les années, que j’ai perdu pour de bon certaines choses. J’en ai, heureusement, gagné d’autres. Mais c’est sûr, ce n’est pas tous les jours faciles d’admettre que je suis un homme et plus un garçon.

    J’étais au Belgica l’autre jour (en fait, c’était la Gay Pride) et je regardais un jeune gars quand ça m’a frappé : il a pris ma place, j’ai été remplacé. J’ai fini mon verre (d’eau) et je suis parti. Nouvelle saison, nouvelle mission. Je suis trop vieux pour faire ce qu’il fait, mais j’ai l’âge parfait pour ce à quoi je m’attelle maintenant. Par ailleurs, j’aurai d’autres avatars. Ce n’est pas la dernière transformation, loin de là.

    Bref, bon anniversaire ! Comme on dit : hang on tightly, let go lightly.

  • peu importe le chiffre, seul le désir compte
    en tout cas, je prends toujours autant de plaisir à te lire
    et je ne suis pas le seul !!!
    des bises

  • Ça ne fait jamais que deux ans que je lis ton blog, du haut de mes 20 ans (et demi!), et du point de vue du gamin que je suis, L’odeur de la mort ne flotte pas encore par ici. Crois en ma grande inexpérience: on a l’âge qu’on veut bien avoir.
    :coeur:

  • Gaga, oh là là !

    Je me rends compte cette année que les gens de dix ou vingt ans de plus ne me semblent plus si vieux. Des collègues me disent qu’ils ont 50 ans et je me dis que j’aimerais bien être comme eux à leur âge. Il est difficile de vieillir, certes, mais on peut vieillir bien, c’est rassurant.

    Et le texte que tu reprends, qui prône l’apprentissage, la jouissance et la création, fait partie des textes fondateurs de ma philosophie personnelle de vie. Il m’avait marqué à l’époque, je n’ai jamais pu l’oublier.

  • 4 millions ??? Putain ! Heu, oups ! Wounded-là !
    La mort des blog n’a jamais existé, tu es un z’influent, sissi ! Et bonanniv. ! Itou @ #ikarre, le floflonichou qui a arrêter son bloug (Konnard !!!)… Bizoux les gnaffreux !…
    :pompom: :ghost: :aubergine:

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