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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Weekend

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J’ai parlé et reparlé de ce film lorsque je suis allé le voir il y a quelques semaines. Heureusement le bouche-à-oreille a eu lieu, et je pense qu’il a relativement bien marché “localement”. En tout cas, les séances du MK2 Beaubourg ont bien marché ! C’est un peu dommage que cette oeuvre ne puisse se résumer qu’à un film communautaire, alors qu’il est tellement plus… Mais on ne va pas non plus bouder son plaisir, ce n’est pas tous les jours que l’on peut saluer un film gay qui transcende largement son genre, et a un excellent potentiel pour marquer son temps.

Le film est pourtant d’une simplicité déconcertante, c’est l’histoire de deux gars qui se rencontrent, qui passent une chouette nuit ensemble, et qui s’amourachent un peu trop qu’il ne faudrait le temps d’un week-end. L’un des gars, Russell, est plutôt du genre straight acting mais “qui assume”, il passe une soirée chez son super pote avec un tas d’hétéros. Le type se marre bien et boit des bières, mais il finit sa soirée dans une boite pédé histoire de lever un gars. Le gars en question, Glen, est très mignon, “plus mignon” que l’autre dans des standards assez courants. Mais le premier gars avec son air bourru et hétéro en ferait craquer plus d’un… Bref les deux amants vont chez Russell et ont une de ces aventures d’une nuit. Le second (Glen) est plutôt très pédé, assez arty et barré. On sent bien qu’il y a un truc qui se passe entre eux, et le week-end se poursuit…

C’est anglais, c’est même terriblement anglais, et c’est drôlement bien ! Même si on aurait pu situer à peu près les mêmes scènes à Paris, les personnages sont plus crédibles de ce côté-ci de la Manche. On y retrouve une certaine hésitation à se livrer, un (d)étonnant mélange entre pudeur et une bonne dose d’excentricité aussi, et des univers un peu plus perméables que chez nous (selon moi). J’imagine que la langue fait aussi beaucoup pour moi, et c’est plus facile parfois d’écouter/de dire des choses en anglais…

Cela fait du bien aussi pour une fois de s’identifier à des personnages, et avec un scénario un peu plus épais qu’un personnage secondaire d’une série B. Là où le film est fabuleux, c’est qu’il présente comme cela quelque chose de simple et qui paraît de prime abord très “gay”, mais grâce à ses qualités formelles (c’est diablement bien filmé), son ambiance et cette relation ainsi exposée, il va beaucoup plus loin. Il distille bien plus d’un plan cul entre deux gars, mais au contraire nous emmène sur une réflexion ou du moins une errance intellectuelle et émotionnelle qui touchent absolument tout le monde. On se rend vite compte que cette histoire est universelle à souhait, et qu’elle pourrait tout aussi bien être entre un mec et une nana. Car on partage tous cette petite période dingue de la rencontre, de l’excitation autant physique qu’émotionnelle de ces premiers regards, et lorsque l’alchimie vient mettre son grain de sel dans cette première étreinte… “Universel” je vous dis…

La facette gay rend crédible cette amourette si sexuelle, sensuelle et passionnelle d’un week-end, une parenthèse fantasque et surréaliste d’une vie aussi banale que les autres. Le film bénéficie aussi d’un excellent dialogue, bien dosé en quantité et qualité, et encore une fois formellement d’une très jolie manière de filmer. On oublie donc rapidement qu’il s’agit de deux types, et la sensualité qui se dégage est assez suggérée et auréolée de désir au point qu’elle touchera à mon avis les filles comme les garçons (un brin sensibles évidemment).

Ce film, cela faisait des années que je l’attendais, il est pour moi d’ores et déjà un pilier du genre. Il rentre facilement dans mon panthéon des films gays, et d’autant plus qu’il l’est… sans l’être. C’était cela qu’il fallait après ces films de 1995-2000 qui traitaient directement de l’émancipation et de l’affirmation de la gaytitude (et dont j’ai été très touché car j’avais l’âge qu’il fallait – Priest, Beautiful Thing, Get Real, Priscilla), et d’autres qui ensuite ont commencé à s’affranchir de ces sujets principaux liés à l’homosexualité pour n’en faire qu’un heureux et secondaire prétexte (Hedwig & the Angry Inch, Tarnation, Tu marcheras sur l’eau), voilà un film en 2012 qui me marque enfin, et marque selon moi un beau jalon.

Universel et tellement beau, ce film parlera à toutes les midinettes, de toutes les orientations sexuelles, et c’est bien sa simplicité et son authenticité qui sont ses qualités majeures. Bon moi j’ai beaucoup aimé hein, je crois ne pas avoir besoin de m’étendre plus là-dessus. Il milite parfaitement et innocemment pour les campagnes “It gets better” à venir… Merci Andrew Haigh (le réal), Tom Cullen (Russell), Chris New (Glen).

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