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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Nina Simone (Gilles Leroy)

Nina Simone (Gilles Leroy)

C’est drôle car j’ai terminé le roman un peu déçu par ce que je venais de lire, mais rapidement il m’est apparu comme très précieux, et sa complémentarité avec Alabama song et Zola Jackson lui donne encore plus d’aura. Il y a une véritable résonance entre ces trois romans, et même si on n’y trouve aucun fil rouge ou trame narrative commune, à part l’attache des états du sud des USA, l’ensemble est d’une stupéfiante cohérence.

D’abord il y a eu Zelda, cette bourgeoise blanche, égérie de son mari écrivain, et toujours en second plan, femme dévorée par ses passions et consummée par son art. Ensuite complètement autre chose avec Zola Jackson, une femme noire âgée que l’on suit en plein Katrina, mais dont on partage aussi les pensées, plus de potins au saveurs de jet set des années folles, mais au contraire un récit intimiste et banal qui happe aussi efficacement. Avec Nina Simone, nous sommes en France, dans le sud de la France, où la chanteuse mythique vit ses dernières années. Résolument d’un état du sud des USA, on découvre qu’elle était surtout une pianiste et concertiste émérite qui n’a jamais supporté de ne pas être acceptée à la Curtis School. Alors qu’elle a été connue et reconnue pour ses chansons “blacks” typiques, elle était une amoureuse de Bach et Chopin…

Le roman est donc tout autour de cette artiste géniale et charismatique qui à l’orée de son existence est largement dépendantes de médocs et d’alcools, et fait vivre un certain calvaire à ceux qui l’entourent. Un peu à la manière d’une Piaf, on la voit mener son monde à la baguette et soumise à des humeurs cycliques, tout en étant prise en charge par quelques proches “parasites” et piliers à la fois. Dans cette brochette de pieds nickelés, un jeune philippin débarque pour faire le ménage, elle s’en entiche et lui parle de sa vie. Ces incursions sont l’occasion de mieux connaître Nina Simone par ses souvenirs, ses regrets et ses tubes planétaires. Elle décline de plus en plus, de concerts annulés pour raisons de santé ou de brèves et intenses soirées où elle brille de mille feux et se nourrit de son succès pendant quelques jours, mais globalement elle va se Charybde en Scylla, et ses réminiscences sont aussi sombres que neurasthéniques. Mais quelle vie, quelle artiste ! Avec le recul, le rapprochement entre Zelda et Zola n’est plus si trivial ! Dans la forme aussi, on retrouve les errances spirituelles et poétiques de Zelda, mais aussi l’aspect plus pragmatique des dialogues intérieurs de Zola.

Bien sûr l’écriture de Gilles Leroy que j’aime tant est toujours au rendez-vous, mais comme je le disais au début, le roman m’a laissé un petit goût d’inachevé. Un peu comme les autres romans de cette veine, j’avais envie de rester plus longtemps avec l’héroïne et attendais une narration un peu plus conventionnelle. Donc c’est bien parce que c’est original, doté d’un vrai souffle et au sein d’une oeuvre aussi américaine que française. Et ce personnage de Nina Simone est une telle icône, on ne peut que s’en amouracher à son tour !

Nina Simone (Gilles Leroy)

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