Il y avait déjà eu ce roadtrip en 2009, et cela ne nous avait donné qu’une envie : recommencer. Nous voilà donc 7 ans plus tard, toujours ensemble (^^), et le désir toujours intact de se rebouffer trois semaines de bitume dans des décors de Far-West ! Là le but c’était de rejoindre Yellowstone, et donc de potentiellement faire un itinéraire routier un peu trop fatigant, mais finalement c’était une excellente idée car on n’a pas du tout souffert du trajet, et le bonheur de connaître Yellowstone est suffisant pour en faire oublier le trouduculesque chemin pour y arriver. En 3 bonnes semaines de voyage, nous avons donc parcouru grosso modo 3 500 km (plutôt 4 500 km si on compte les détours et circonvolutions dans les parcs). Les grandes villes n’étaient que des étapes presque facultatives, mais dont la parenthèse urbaine permet toujours de se plonger dans un bout de culture amerloque bien sympathique. L’européenne et Hitchcockienne San Francisco, la cinématographique Los Angeles, la brûlante Palm Springs ou la décadente Las Vegas sont des passages toujours agréables, même si on n’y est jamais resté longtemps. Voilà donc le trajet :
Du coup quelques changements par rapport au roadtrip de 2009, notamment des parcs en moins. D’ailleurs il y a un petit regret de n’avoir pu aller à la Vallée de la Mort, parce que c’est un de ces endroits dont on ne se lasse pas je crois. On devait également refaire les deux Antelope Canyons, mais là on a été surpris par le monde, et on a littéralement abandonné l’idée sur place. D’ailleurs c’est le grand changement remarqué depuis ces 7 années qui séparent nos deux voyages dans le sud-ouest américain : il y a 10 fois plus de monde !!! Certains parcs en 2009 étaient vides et juste pour nous, en 2016 tout était très occupé, voire blindé, voire carrément infréquentable. Il faut avouer que ça gâche un tout petit peu les choses quand on se rappelle avoir visité tout cela presque seuls, mais en se levant un peu tôt on regagne une chouette quiétude.
San Francisco (CA)
C’était l’arrivée et le départ du voyage, avec un petit pincement au coeur pour cette ville qui résonne de tant de références pour nous (et particulièrement hitchcockiennes pour mon chérichou). J’aime toujours autant me promener dans ses rues de San Francisco pentues, ses parcs et ses maisons victoriennes, son Palace of fine Arts, et autour de son emblématique Golden Gate Bridge… Bon évidemment, le beau temps n’est jamais garanti et je vous mets la photo idéale du Golden Gate, c’est dire !!
Pacific Highway (San Simeon CA)
Descendre la Pacific Highway était également un grand kif dont on avait entendu pas mal de bien, mais c’est un peut-être un petit peu survendu (huhu). Bah ouai désolé mais descendre la côte Atlantique du coup c’est carrément à faire une rupture d’anévrisme alors. Hé hé hé. Mais il faut avouer que les lions et les éléphants de mer, ça on n’a pas et c’est pas mal du tout. Donc c’était plaisant au moins pour expérimenter la grande descente vers le sud et le changement progressif de température et de climat à mesure qu’on se rapproche de cette Californie du sud chère à Zorro.
Los Angeles (CA)
L.A. c’est avec New York la ville qui me rappelle le plus les films et les séries, et son décor est en lui-même très bien markété pour cela. Donc on passe facilement d’Hollywood Boulevard à Mulholland Drive en passant par le sigle Hollywood et le pier de Santa Monica… Un peu comme SF, j’aime bien y retourner pour retrouver mes quelques repères américains “mythiques”.
Palm Springs (CA)
Ce n’est pas une grande ville mais c’est un endroit assez surprenant et qu’on avait envie de revoir. Cette oasis en pleine terre désertique et brûlante offre la journée des rues à 45°C qui sont carrément brumisées pour alléger l’atmosphère… (la dernière fois on avait fait l’ubuesque expérience de l’aéroport qui se permet de climatiser un jardin EXTÉRIEUR !!!!) C’est une terre d’élection pour les retraités californiens qui peuvent y jouer au golf (autre hérésie écologique au milieu du désert), mais c’est aussi une ville très gay. Et donc on y trouve beaucoup de gays retraités avec tous les bars qui vont avec, ce qui promet des soirées plutôt marrantes !
Joshua Tree National Park (CA)
Notre premier parc national du voyage !! On savait qu’il s’agissait plutôt d’un “mineur”, mais qui me tenait à coeur car j’aime beaucoup ces Joshua Trees qui sont des sortes de yuccas qui poussent dans le désert. Ils forment de véritables forêts dans les zones arides, et c’est vrai que leurs “bras” leur donne un air anthropomorphe très particulier. Le parc est donc largement consacré à ces plantes, dans un très beau décor “Far West” avec une représentation assez riche des différents types de paysages qu’on allait trouver dans tout le voyage. Le mélange est très agréable avec des concrétions rocheuses, des érosions curieuses aux formes suggestives, et tous les types d’environnements désertiques.
Mojave National Preserve (CA)
On est souvent passé par le fameux désert du Mojave qui est toujours l’occasion de ces longues et interminables lignes droites d’asphalte sur décor de western spaghetti. La route 66 d’ailleurs traverse cette zone semi-désertique. Mais là on s’y est un peu attardé, et j’ai surtout été marqué par l’impact incroyable de la pluie dans cet environnement normalement si aride. D’ailleurs c’est une des grosses différences avec notre voyage de 2009 qui s’était passé dans une atmosphère très très sèche. Là il avait flotté il y a quelques jours, et les orages menaçaient encore carrément. On n’y a d’ailleurs pas échappé avec un très beau déluge de quelques dizaines de minutes qui a suffit à recouvrir des routes et nous faire un peu flipper lors de franchissement de rivières improvisées. La nature change alors immédiatement, les Joshua Trees verdissent, les cactus fleurissent, et globalement on sent une bouffée vitale pour une flore et une faune qui profitent de cette unique occasion annuelle pour faire le plein d’hydratation.
Las Vegas (NV)
Bon, bon, 3ème fois à Las Vegas, et c’est toujours aussi impressionnant et finalement peu intéressant. Il faut avouer que le détour se fait largement pour la folie de ses immeubles et de ses décors de pacotille parfois pas du tout de pacotille !!
Hoover Dam (NV/AZ)
En quittant la sulfureuse Las Vegas, on passe par le Hoover Dam qui rappelle forcément Superman. On s’y arrête à chaque fois, et cela vaut vraiment le coup. Il est juste à la frontière entre Nevada et Arizona, et est notable par son architecture aux éléments Art Déco, et c’est une structure gigantesque vraiment impressionnante. On y voit le niveau toujours en baisse, et donc toujours et encore inquiétant, du Colorado (avec sa jolie couleur verte) qui indique que l’on tire un peu trop sur ces ressources et que ça ne va pas durer encore des dizaines d’années à ce rythme.
Grand Canyon National Park (AZ)
C’était ma troisième fois au Grand Canyon, et on a beau en avoir des souvenirs, on a beau de dire qu’on se souvient de ce que ça fait, eh bien non, c’est toujours le même souffle épique, toujours la même impression dévorante lorsqu’on arrive au bord du précipice. L’orage nous suivait encore un peu (on a eu de la flotte à Las Vegas, ce qui est plutôt exceptionnel !) avant de complètement nous quitter, et le premier jour a été un peu couvert. Mais le Grand Canyon est magnifique par tous les temps, dans toutes les conditions atmosphériques. Quand on est arrivé, la pluie venait de cesser, et cela donnait ça :
On a eu de la chance, car on n’a pas trop souffert de la flotte en tant que telle, et même le lendemain d’un grand beau temps. Mais les nuages ont tendance à magnifier encore les paysages, et l’ambiance colorée après un orage, avec cette humidité dans l’air, les nuages qui se perdent dans la faille, c’était encore l’occasion de profiter d’images absolument uniques, imphotographiables (tant mieux !) et immémoriales.
En revanche, et c’est là l’énorme changement dans les conditions de visite par rapport à 2009, tout a changé en matière de tourisme dans la région. Autant en 2009, il y avait un peu de monde au Grand Canyon et les autres parcs étaient presque déserts. Autant là c’était incroyablement plein de touristes, on sent d’ailleurs que les capacités d’accueil et de visite sont en train de saturer. Jamais nous n’avions dû attendre un bus libre pour aller se promener le long de la faille, là il fallait parfois en laisser partir 2 avant d’avoir de la place. Parfois ambiance ligne 13 dont on se serait bien passé… Mais il suffit de se lever un peu tôt ou de décaler ses horaires pour de nouveau être parfaitement en paix. Donc c’est le conseil pour tous les parcs, arriver vers 8 ou 9h et profiter tant que les familles ne sont pas sur le pied de guerre.
Monument Valley (AZ/UT)
Encore un incontournable même si on y allait pas forcément dans cet état d’esprit, c’était plutôt parce que ça tombait bien avec notre itinéraire. Mais là j’ai surtout adoré le fait que la pluie ait redonné aux paysages un peu de verdeur et de fraîcheur. On se retrouve bien dans les décors des films de John Ford, et le petit tour en 4×4 reste assez cool.
Lake Powell (UT)
Un exemple de tourisme dont l’ampleur nous a surpris et nous a même fait renoncé : Antelope Canyon. On avait adoré cela en 2009 avec le Upper et le Lower Antelope Canyon et leurs fascinantes anfractuosités érodées. Mais là il fallait réserver à l’avance, et on est arrivé sur un gigantesque parking qui n’existait pas avant, avec un prix assez indécent et plus de trois heures d’attente pour la visite. Pour éviter le pire de l’ambiance touristique navajo, on a renoncé non sans tristesse à refaire cette visite.
Mais du coup, on s’est concentré avec plaisir sur le Lake Powell dont les décors me font toujours penser à La Planète des Singes (c’est là que les astronautes atterrissent au début). Ce lac immense et artificiel est en grande partie dédié au tourisme et aux activités nautiques, on s’est donc délassé avec délectation au bord de l’eau.
Horseshoe Bend (Page AZ)
A quelques minutes du Lac Powell et de la ville de Page, il y a une étonnante circonvolution du Colorado qui vaut vraiment le coup d’oeil. C’est ce pli de la rivière en “fer à cheval”.
Bryce Canyon National Park (UT)
Ah Bryce !! Sans doute ce qu’il y a de plus beau dans ce sud-ouest américain. Mais comme je le précisais plus haut, c’est également le pire endroit pour la concentration touristique. Là certains parkings étaient carrément fermés à 10h du matin car saturé, et il fallait forcément prendre des bus (blindés aussi) pour faire la route panoramique. Mais on a bien compris, et les deux autres jours, on s’est levé aux aurores pour profiter d’un lever de soleil qui voit rougir Bryce, et d’une promenade au sein des hoodoos (les “cheminées de fées”, ces colonnes de pierre de plusieurs dizaines de mètres de haut résultant d’une forte érosion). Bryce vaut par sa beauté mais aussi par la taille gigantesque de ses paysages, on a souvent du mal à croire à une telle oeuvre de la nature.
Grand Staircase – Escalante National Monument (UT)
On ne fait que passer à chaque fois dans cette zone qui est un “national monument” (juste en dessous d’un parc national), mais on se dit qu’il faudra qu’on s’y penche vraiment sérieusement une prochaine fois. On est à chaque fois impressionné par les points de vue, les paysages, les types de roches ou d’érosion qu’on rencontre.
Capitol Reef National Park (UT)
On passe à la série de “petits” parcs qui sont dorénavant massivement fréquentés, mais dont les spécificités et les charmes valent le coup. Pour Capitol Reef on voit vite que le volcanisme local a laissé de beaux témoignages. Entre des gorges abruptes où les roches sont usées par les eaux torrentielles, et les strates colorées qui témoignent de concentrations en différents minéraux ou métaux, on s’émerveille d’une nature qui tranche avec le rouge de la roche en toute beauté.
Arches National Park (UT)
Sans le plus impressionnant et donc le plus fréquenté des “petits” parcs, et on le comprend aisément. Arches est un concentré des différents parcs d’Utah. On va y retrouver un peu de Monument Valley, de Zion, de Bryce, mais aussi ce qui en fait sa renommée et son “toponyme” c’est-à-dire les arches naturelles. On a repris les bonnes habitudes et on a débarqué tôt le matin pour profiter d’un parc un peu plus calme, et d’une lumière fabuleuse notamment sur Delicate Arch (dont il faut mériter le point de vue en marchant quelques heures un peu difficilement). On ne reste jamais assez longtemps dans ce parc, il le faudra une prochaine fois pour prendre le temps de quelques randonnées qui promettent des points de vue et des concrétions qui ne sont pas accessibles autrement. Je ne me lasse pas des formes étranges que l’érosion sculpte, et qui font largement flâner notre imagination.
Canyonlands National Park (UT)
Un petit parc qui vaut pour ses points de vue qui ont l’air d’être pris d’avion tant le regard porte loin. On voit les effets extraordinaires du Colorado et de la Green River sur un plateau dont l’érosion a gravé en divers paliers des canyons, des coteaux, des gorges et de vertigineuses murailles. Les panoramas sont d’une beauté époustouflante, et les couchers de soleil fournissent un émerveillement à peine croyable.
Paris (ID) et Montpelier (ID)
Bon rien de transcendant dans ces deux étapes, sinon le kif de se savoir dans l’Idaho, et de passer par les villes de Paris et Montpelier. Bah c’était un GROS KIF !!!!
Grand Teton (WY)
Après pas mal d’heures de route pour traverser tout l’Utah en passant par Salt Lake City, on gagne le Wyoming et une grande zone dont le parc de Grand Teton est l’antichambre de Yellowstone (qui déborde même sur le Montana). Grand Teton est avant tout une chaîne de montagnes assez jolies, et c’est une ambiance toute alpestre qu’on retrouve là. Du coup ce n’est pas exceptionnel pour des gens qui connaissent bien les Alpes ou les Pyrénées (car ce sont des massifs également d’une grande beauté). Mais les pics de Grand Teton, ainsi que la flore et la faune sauvage, font que l’on bénéficie de paysages ravissants, et d’une nature très vivante (qui contraste avec les terres arides précédentes bien évidemment).
Yellowstone National Park (WY/MT)
La grosse claque dans la tronche, et on s’en doutait bien, c’est clairement ce parc de Yellowstone à qui nous avons consacré quatre jours pleins. Eh bien c’était le minimum du minimum, cela nous a juste permis de faire un tour complet et de voir “ce qu’il y avait à voir”. Mais c’est très frustrant, et on n’attend qu’une chose c’est d’y retourner 15 bons jours pour marcher, et vraiment s’imprégner de toutes ses merveilles. Il s’agit bien d’un méga-volcan et on se balade gentiment au sein d’une caldeira dont les explosions ont dû à une époque avoir une influence sur le climat mondial. On pensait surtout aux spectacles géologiques du parc, mais on a trouvé bien plus, avec déjà un délire de particularités géologiques. On avait bien vu quelques geysers au Chili, mais là c’est sans commune mesure.
Il y a des centaines de geysers, de lacs d’acide ou d’autres composants colorés, de sources fumantes et brûlantes, de boues clapotantes, de fumerolles de toutes les couleurs et aux odeurs sulfureuses etc. Il faut marcher des heures et des heures pour tout voir, et c’est un bonheur de chaque instant. On connait évidemment l’Old Faithful mais il en dévient anecdotique devant la profusion des phénomènes alentours.
Et Yellowstone c’est aussi l’opportunité d’être à quelques mètres d’un castor, un élan ou d’un bison !!! La flore est aussi terriblement belle et variée, et d’un autre côté en danger d’une source acide qui attaque des arbres ou des animaux sans prévenir. Alors qu’on pensait avoir vu le plus beau, on a compris pourquoi Yellowstone portait ce nom… Ce canyon aux parois jaunes, ces cascades gigantesques et belles à mourir, vraiment les photos ne rendent vraiment rien. On a eu surprise sur surprise, et même si là encore les touristes étaient bien trop nombreux, le parc est tellement grand et fantastique que ça ne gâche pas une seconde le plaisir de cette découverte.
San Francisco (CA)
Et pour finir bien évidemment, retour à SF… Deux belles choses pour cette dernière journée de vacances, puisque nous avions rendez-vous avec des amis pour un dîner. Le truc totalement improbable bien sûr, mais entre un pote de Tahiti de passage, deux de New York venus exprès, et deux autres qui étaient en vacances à SF, on a eu la chance de passer un heureux moment, une heureuse conclusion pour ces vacances hautes en couleurs et en émotions.
Arf et sinon l’autre truc c’est qu’on a entendu parler sur le web de la présence à Castro d’une statue caricaturale de Trump à poil avec une microbite (et sans couilles). Donc évidemment on a pas résisté, et comme beaucoup de gens on est allé faire notre photo souvenir. Hé hé hé.
Magnifique reportage, merci.
Pour avoir vécu quelques mois à san-Francisco, je partage ton “pincement au coeur”