Le 26 janvier dernier, Les Paillettes ont définitivement raccroché les gants, et c’est tellement triste et dommage. Il s’agissait d’un collectif de drag-queens parisiennes qui s’était constitué il y a quatre ans (en 2014), et en cela c’est déjà une sacrée prouesse d’avoir duré si longtemps (surtout quand on connaît le caractère bien trempé de ces personnages hautes en couleur, huhuhu). Le mouvement drag a bien repris ces dernières années, surtout depuis que RuPaul Drag Race est devenu autant regardé et adulé par les gays de 7 à 77 ans. Mais il s’agit surtout de beauty queens ou de pageants, on trouve d’ailleurs de très bonnes performances drag dans plein d’endroits à Paris. On trouve des classiques bingo drag ou des soirées drag, les ballrooms sont même de retour, donc c’est assez cool de voir que la scène queer parisienne est vivace.
Mais les Paillettes c’était une alchimie particulière qui me parlait à moi. En effet, elles ont mêlé pendant plusieurs dizaines de shows une déconnade hilarante à des lectures militantes bouleversantes. Il y avait alternance entre des shows plutôt burlesques et humoristiques à base de saynètes comiques et hurlantes, et des lectures plus posées et parfois d’une grande dureté qui citaient des auteurs féministes ou queers (et parfois plus anecdotiques puisque mon blog a été cité une fois1, hé hé). Je suis vraiment client de ce mélange subtil qui prend clairement parti et ne joue pas au consensus mou, tout en exprimant cela par des drag queens parfaitement queers et déjantées.
Malheureusement, elles n’étaient que 7 sur 8 pour cette dernière. Géraldine Bebek n’était pas présente, et c’était dommage car elle chantait très bien, et j’adorait son gimmick de voyante peu efficace.
Je commence par celui que je connais depuis plus de 15 ans. Jessica Triss est une drag militante et très investie dans ces lectures que j’aime tant. Mais elle sait aussi dire les horreurs les plus crasses dans une tenue, une élocution et un port d’une aristocratique élégance.
Djemilee Schuss est grande, très grande, très belle et impressionnante aussi. Elle est sans doute la plus militante de toutes, la plus queer et jouant de ses charmes avec beaucoup d’espièglerie.
Marie Jo Dassin a construit un personnage qui est devenu culte parmi le public des Paillettes. Elle est toujours prof de quelque-chose d’improbable dans un lycée au nom improbable à… Asnières. Elle est à mourir de rire, surtout pour sa répartie et son flegme imperturbable derrière sa moustache toujours impeccable.
Mademoizelle Etienne est la plus flamboyante et naturellement douée pour l’improvisation. Connue pour ses tenues extravagantes et époustouflantes, elle a un talent inné pour la réplique comique ou grinçante qui fait hurler de rire son public.
Mariska Stardust est la plus belle, il faut l’admettre. D’une beauté à couper le souffle, mais quelque peu handicapée par un accent espagnol à couper au couteau et une maladresse très attendrissante, elle est avant tout la beauty queen du groupe. Et elle minaude, elle pose, et elle minaude, pour notre plus grand plaisir.
JJia de la Bobeish a toujours l’air de débarquer avec un ton reconnaissable parmi toutes et un humour décapant. Elle n’hésite pas à manier la vulgarité avec une grande dextérité, et ne refuse aucune tenue des plus indécentes et iridescentes.
Enfin Catherine C’est la que correspond assez bien à son doppelgänger de la télévision, elle s’occupe souvent de présenter les numéros et faussement de mettre de l’ordre, ce qui se termine donc souvent en désordre, surtout quand elle est acoquinée de Mademoizelle Etienne.
Je ne désespère pas que les Paillettes se reforment d’une manière ou d’une autre, tout peut arriver. En tout cas, ce genre de drag queen me manquera.
- Il s’agit d’un article à propos d’une aventure dans un tramway de banlieue. ↩︎