MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Maison

Bon, nous y voici, c’est le premier jour officiel de confinement. Confinement, ou l’obligation de rester chez soi, et de ne quitter son domicile que pour des raisons impérieuses, et encore en prenant des précautions. C’est la seule solution pour suffisamment, non endiguer, mais bien seulement ralentir la progression de l’infection par ce virus dont tout le monde parle depuis quelques semaines. Cette grippe qui fluctue entre “grippette” et “odeur de sapin” pour tous, avec une réglette qui suit les statistiques, et les possibilités grandissantes qu’on puisse assez aisément y déroger.

Quoi qu’il en soit, il faut éviter de refiler ses miasmes à des gens qui sont plus susceptibles d’en souffrir plus, et il faut aussi faire en sorte que les hôpitaux et services médicaux soient en mesure de traiter tous les malades. Qu’on évite à tout prix un triage qui laisserait sur le carreau le plus sacrifiable, parce qu’on est parfois acculé à des choix qui font mal à la société. Me vient tout de suite évidemment à l’esprit une horrible blague, que je suis donc obligé de publier. Hu hu hu.

L’en-tête de cet article, c’est une photo que j’ai prise dimanche en fin de journée, un envol de pigeons saisissant dont les bruissements d’ailes et le dessin hachuré à coups de pinceaux noirs m’a irrésistiblement fait penser à Hitchcock et ses Oiseaux que j’aime tant. Je trouvais que ça allait bien avec cette journée mi-figue mi-raisin qui préfigurait la quarantaine que nous vivons, pour la plupart, aujourd’hui. Parce que dimanche après-midi, je fais partie de ces cons de parisiens qui sont sortis s’aérer. Je dis cela en toute humilité, je n’ai pas mesuré mon erreur alors. On n’est pas allé se rapprocher de gens, ni socialisé ou même s’asseoir sur un banc public, on a juste marché sur les trottoirs, comme pour dire un au revoir à notre ville, mais bon ok c’était une erreur. Mea culpa.

La ville était bien là, toujours aussi belle et urbaine, aussi chatoyante et polluée, aussi dorée et infectée.

Mais le printemps frappe déjà à la porte, et les indices fleurissent maintenant à tous les pas de porte. Même à Paris, les cerisiers sont les premiers à nous indiquer que la végétation reprend ses droits, et les allergies de même, à cœur joie.

Alors que la nuit tombait, un dernier ciao à la Seine, et on partait se calfeutrer en attendant des jours meilleurs.

On ne peut pas dire que je vois cette période particulière comme un drame. Evidemment ne pas sortir va être difficile, mais je suis dans une position plus que confortable. L’appartement est agréable, confortable, et lumineux, je vais passer du temps avec un mari avec qui j’aime passer du temps, et deux chattes chez qui nous résidons, et qui aiment plutôt quand on peut distribuer des papouilles toute la sainte journée. Mon boulot est faisable à distance, et de toute façon mon entreprise ne souffrira pas de la même manière que la kyrielle de PME qui sont en danger de mort plus qu’imminente. Certes on a fait aucun stock de bouffe, mais apparemment on ne mourra pas de faim ou d’approvisionnement, et on a quelques libertés de sortir qui permettront aussi de s’oxygéner régulièrement. Et il y a les Internets qui restent là. Il y a le blog qui est de retour. ^^

Je me rappelle bien des réflexions que j’avais à la fin des années 90 et qui me fascinaient. Lorsque j’ai emménagé à Paris, en ce février 1998, et que mes proches s’inquiétaient d’une possible solitude dans cette grande ville anonyme, violente et grise. Mais moi je passais déjà des nuits entières à chatter avec toute la France, et à ne me sentir tout simplement jamais seul, jamais. Et depuis plus de vingt ans, ces connectivités qu’on dit virtuelles et pulvérulentes, dont on parle souvent avec dédain, au mieux circonspection, et souvent dégoût, se sont trouvées être pour moi les piliers les plus solides contre l’isolement, pour l’émancipation et l’éclosion de mes amours.

Si je dis que je suis inquiet pour l’économie, c’est bien pour les gens qui vont perdre leur boulot, et tous les drames que cela va entraîner. Je pense que cette crise énorme peut potentiellement être un bien, notamment dans ce que nous allons quelque peu goûter à la décroissance, en y étant bien forcé. Mais autant j’appelle de tous mes vœux un changement de société et de paradigme profond, autant je suis pour un changement assez graduel pour ne pas provoquer trop de souffrances (sans doute une stratégie à la con qui fait qu’on ne change rien au final). Et là les discours du président me font très peur. Déjà je déteste le vocabulaire martial, je ne comprends pas comment un président peut utiliser une métaphore pareille, alors que l’évocation est forcément tout autre chez nous. Je comprends que c’est pour marquer, mais l’évocation simple et précise du confinement est déjà bien assez flippante.

Ce qui me trouble c’est cette générosité apparente de l’Etat qui redeviendrait “providence” avec une véritable peur de la récession, et d’une chute vertigineuse vers l’abîme. Abyssus abyssum invocat. Je suis sans doute très cynique, mais je ne peux m’empêcher d’y voir un de ces plans à deux pans, l’un qui apparaît de gauche et tente de sauver à la fois les salariés, les appareils de production et notre “mode de vie”, et un écran de fumée qui assurerait peut-être même une réélection de toutes les classes de la société (Le voilà son fameux virage à gauche ?) . Mais l’autre dissimulé, qui en ruinant considérablement et définitivement l’Etat ne verrait de choix et de rédemption que dans le capitalisme libéral pur et dur. On n’a plus les moyens de… On ne peut plus se permettre de… Il y a eu un avant et un après… On a sauvé le bateau…

Pendant que je me branle la nouille sur mon clavier, je pense à ceux qui bossent vraiment en ce moment. Tout le corps médical, que je lis sur Touiteur notamment. J’espère sincèrement que le gouvernement saura remettre tous les moyens nécessaires dans notre santé publique, mais je n’y crois malheureusement pas trop. Et pourtant, ils se battent juste par honneur et dignité, juste parce qu’ils sont des putains de super-héros de notre quotidien. Nous leur devons déjà tout, mais dans quelques mois encore plus. Si quelque chose doit changer après cette crise, c’est bien cela. J’espère qu’ils seront audibles, et qu’ils en gagneront au moins quelques juste rétributions. Je pense aussi à tous les gens qui bossent dans les supermarchés, qui sont des précaires de chez précaires, et qui jouent un rôle prépondérant dans cette histoire, mais qui ne gagneront rien sinon une statistique supérieure à l’infection au virus. Je pense aussi aux éboueurs qui continuent à bosser, et tout ceux qui ne peuvent pas être en télétravail, c’est-à-dire une bonne partie des gens qui travaillent genre vraiment, genre concrètement.

Dans le genre branleurs de nouilles qui se retrouvent aux enfers, je nomme “Les gens avec Enfants”. J’ai l’impression que c’est à la fois tragique et terriblement ironique, ou parfois carrément drôle. Allez “petit Bambou” pour tout le monde !!!

Je pense aussi à mon compère David qui blogue depuis aussi longtemps que moi (je suis son aîné de deux mois) et qui a publié pas mal d’articles sur le virus. Cette crise a un fort impact sur lui, et il en parle à longueur d’article ce qui est un moyen comme un autre, je pense, d’exorciser ses démons en la matière. Je vous conseille cet article très complet et toujours très mathématique, où il réfléchit une fois de plus sur les statistiques de l’infection, et les différents scénarios, alternatives, stratégies qui s’alignent et se positionnent devant nous.

Pour finir sur une note plus gaie (littéralement), je vous propose cette proposition de Kiddy Smile pour se sécher les mains sans aucun risque de contamination. Evidemment, il est absolument nécessaire d’être très gay et d’assumer sa follitude hurlante, mais comme je pense qu’on en est absolument tous et toutes capables, je crois que cette incitation est la plus belle chose vue ces derniers jours.

Kiddy Smile explique comment se sécher les mains en toute gaytitude.

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