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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Paris confinée et désertée

Depuis le début du confinement, on vit dans un Paris qui n’est pas mort, on est trop nombreux pour cela, mais qui est super calmé, genre sous xanax et prozac ! Plus lent, plus doux, plus humain peut-être aussi. On entend plus les voitures, on ne se frôle plus, on ne se bouscule plus. Et les quelques photographies que j’ai pu faire de ce Paris dépeuplé, sont autant de visions d’un certain bonheur aussi apporté par ce confinement.

Après avoir vu les Tuileries au coucher du soleil, on a voulu aussi jeter un coup d’œil à la Seine, et là on a juste fait un grand tour pendant notre heure de promenade. Toujours au coucher du soleil, car c’est en gros l’heure du dîner et que les gens n’ont aucune autre sortie possible que chez eux ! Du Sentier, on a remonté la rue du Louvre et en laissant la cour carrée à notre droite, on est arrivé à la Seine. En remontant vers la Samaritaine, j’étais un peu halluciné par la douceur de l’air, le doré du soleil couchant, et j’ai réalisé que la Seine n’avait jamais été aussi calme et plate. Pas une onde provoquée par une bourrasque ou les innombrables bateaux-mouches ou péniches qui habituellement soulèvent les tonnes de vase du fond du fleuve. Et donc il s’agissait du plus incroyable miroir pour le plus ancien et le plus beau des ponts de Paris : le Pont-Neuf.

Et si vous regardez bien, vous pouvez voir que les seules ondes sur la Seine sont celles de deux cygnes en bas à gauche de la photo, qui règnent enfin sur les lieux.

Nous sommes ensuite remontés vers Châtelet, où un coup d’œil vers l’autre côté du Pont-Neuf et du soleil couchant se passe de commentaire.

En nous dirigeant vers les Halles, avant de reprendre la rue Montorgueil et le Sentier, on s’est arrêté dans quelques lieux habituellement bien achalandés. D’abord la place Sainte Opportune que j’ai maintes fois citée dans ce blog, car c’était le lieux de tous les rencards. Dès le milieu des années 90, on s’y donnait rendez-vous car c’était juste à côté des bars gays courus du quartiers. On allait au Tropic, au Banana, à la Dolce Vita, à l’Amazonial ou au Bar et son Under-Bar un peu plus tard. Et donc quand on avait papoté quelques heures avec un gars sur un site ouaibe (on avait pas de portable hein à l’époque), et dont on avait pu par chance mater une photo en webcam de 140 pixels de large, on se donnait rendez-vous là à une heure donnée. Il fallait voir alors tous les garçons attendre, et regarder dans toutes les directions, et se demander si c’était bien lui ou pas… Parfois en se réjouissant, parce que putain il est vachement mieux en vrai, ou bien se maudissant oooh si c’est lui je m’enfuis.

La place a subi beaucoup de rénovations, mais je souris à chaque fois que j’y passe, et que je vois des gens attendre d’autres gens, car c’est encore un lieu de rendez-vous. Mais hier c’était bien vide, complètement vide.

A quelques dizaines de mètres plus loin, juste après avoir passé le lieu de l’assassinat de Henri IV par Ravaillac le 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie, on arrive sur la place Joachim du Bellay, et à la Fontaine des Innocents, ancienne localisation du grand cimetière des Innocents qui a été vidé à partir de 1786, et constitue aujourd’hui une bonne partie des ossements des Catacombes de Paris. Il faut dire qu’à partir de 1780, l’accumulation des corps (Apparemment le cimetière fonctionnait depuis les Mérovingiens !!) a entraîné des catastrophes sanitaires dans le quartier, genre du jus de cadavres qui infiltrait les caves et je vous passe les détails. Bon aujourd’hui, nous sommes dans un quartier beaucoup plus chic, même si cette place a toujours eu une bien mauvaise réputation. Les choses étaient bien pires à ma première incursion ici, à l’automne 1994, où on pouvait facilement se faire agresser la nuit en rentrant d’un bar. Cela reste une place avec une étrange fréquentation bigarrée encore aujourd’hui, mais je pense que ce genre de danger est plutôt écarté. En revanche c’est tout le temps blindé de monde, que ce soit des manifestants, des trainards en tout genre ou bien des touristes curieux. Et là c’était désert et magnifique !

A quelques encablures de là, ce sont les Halles à proprement parler, et surtout la Canopée qui est le nouveau marqueur architectural du quartier. J’aime beaucoup ce que les Halles sont devenues, contrairement à beaucoup d’autres gens qui trouvent que c’est une archi trop lourde et écrasante. Et pourtant ils ont raison, c’est vrai que c’est une ossature loin d’être aérienne, mais j’aime son squelette et sa colonne vertébrale métalliques. Et complètement vidée, elle a plutôt de la gueule selon moi.

On l’aperçoit déjà par la Canopée, le jardin Nelson Mandela, l’église Saint Eustache et la toute récemment rénovée Bourse du Commerce (et sa Colonne Médicis attenante, bien plus ancienne). Il y avait quelques badauds promenant leur chien et quelques joggeurs du dimanche soir. On imagine moins qu’il y avait aussi un type torse nu, manifestement fou, qui avait une barre en fer dans la main, et qui tapait sur tout ce lui lui tombait dessus. Il a cassé des vitres de mobiliers urbains du jardin, et a fait peur aux quelques promeneurs. Pour tout arranger, quelques caille-ras du coin lui ont jeté des pavés pour l’énerver et se moquer de lui. S’en est donc suivie une course poursuite impitoyable et pathétique, avec des coups de barre de fer sur des vélos, et des échauffourées dont on a choisi de s’éloigner. Bref même en temps de confinement, rien ne change aux Halles. Arf arf. ^^

Mais l’image iconique des Halles, cela reste pour moi cette sculpture d’Henri de Miller “l’Ecoute”, j’en ai déjà parlé dans un article pour garder en mémoire la première photo que j’en ai faite en 2002, et celles pendant les travaux. Voilà la sculpture dans son nouvel écrin.

Cinq minutes plus tard, on traversait la rue Etienne Marcel pour rejoindre notre quartier. Et là dans l’alignement parfait avec la place des Victoires et la statue équestre de Louis XIV, on imaginait le soleil parfaitement couché, mais encore irradiant les cieux de rose et d’orangé. Un petit coup de zoom, et l’illusion est parfaite, le cheval et son royal jockey se découpent parfaitement sur ce ciel parisien si rare.

Je subodore que la semaine prochaine, les rues seront bien plus occupées, et sans doute plus masquées également. Au moins j’aurais profité de quelques moments de répits pour immortaliser tout cela.

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  • J’adore. tes photos sont magnifiques, les contrastes et les couleurs semblent irréelles. Ne me dis pas que c’est pris avec ton tel?
    Et j’adore tes commentaires et histoires. je découvre ainsi le passé de la Place Sainte-Opportune. Je ne connaissais pas tout ca, “à l’époque”…

  • Je le répète mais cette série de photos est exceptionnelle. Et ton texte est parfait, j’ai un peu flippé sur le passage sur les Halles :gene: . Merci d’avoir immortaliser ce moment à part.

    • C’est vraiment pour cela que j’ai reposté, j’avais envie de donner un peu plus de contexte, expliquer pourquoi cette photo, et dans le cas des Halles je ne pouvais pas laisser sous silence cette situation diamétralement opposée au calme apparent de l’image. :aheumchat:

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