Hier a eu lieu une manifestation LGBTQI+. Un peu comme les années précédentes, avec les marches de Banlieue, de nuit, ou des TorduEs, il s’agissait d’une manifestation politique et revendicative qui se voulait, je le pense, en marge et en complément des mouvements plus festifs, comme la traditionnelle Marche des Fiertés de l’Inter-LGBT.
Et donc pas du tout comme le stipule la personne ci-dessous (que je connais bien via Twitter, et dont la remarque ne m’étonne pas, mais est plus une provocation innocente), il ne s’agissait de s’affirmer comme une vraie Pride ou de faire la nique à l’inter-LGBT, en tout cas je n’ai rien lu de tel autour de l’événement. En outre le mot “Pride” appartient à tout le monde, et n’a pas été là revendiqué de manière exclusive, sachant que l’inter-LGBT organise “La Marche des Fiertés LGBT+ de Paris”.
En revanche, en publiant les photos de cette manifestation sur les réseaux sociaux, j’ai pu me rendre compte que beaucoup de gens l’ignorait, et aurait voulu venir. Donc c’est dommage, mais c’est cela aussi d’avoir une communication très communautaire et qui se répand de proches en proches. J’imagine que l’année prochaine par exemple, cela sera plus efficace. Je viendrai aussi à celle de novembre, et autant c’était hier une marche très militante, joyeuse et réjouissante, mais ce n’était pas une farandole enflammée derrière des chars, et j’ai aussi besoin de cela !!
Néanmoins, le résultat très positif de cette marche tient pour moi en 3 points. D’abord il y avait du monde, apparemment entre 2 et 3 000 personnes. Evidemment ce n’est pas une Pride classique avec 300 000 lurons qui festoient et affirment une belle et puissante visibilité, mais pour une manifestation politique c’est un très chouette nombre. Ensuite, c’était une incroyable et salutaire visibilité avant tout des femmes, qui étaient je pense en parité ou plus nombreuses que les gars, mais aussi une kyrielle de personnes queer et racisées. Et si je dis cela, c’est que ça se voyait. Alors cela se voit aussi dans la Marche des Fiertés, mais beaucoup moins car c’est une marche traditionnellement plus prisées des gays et de leurs alliés. Et cela n’est pas négatif, c’est juste que là, cette visibilité renforcée avait une portée politique très forte selon moi. Enfin il s’agissait d’une marche politique et militante, à laquelle on ne pouvait pas reprocher, comme on le fait couramment à la Marche des Fiertés, d’attirer des badauds, des voyeurs ou des fêtards.
On est vraiment dans la complémentarité, comme les Prides alternatives que je citais en début de post. Et je suppose que la très grande majorité des personnes présentes seront aussi là pour la Marche des Fiertés comme tous les ans. Ce n’était pas un schisme mais bien un démarche qui visait à marquer le coup différemment, et à retrouver, 50 ans après les toutes premières Gay Prides américaines des années 70, une belle affirmation de soi. Et après oui on y trouvait aussi les micro-segmentations les plus infimes qui soient. Mais de la même manière que je ne vois pas pourquoi les hétéros devraient se sentir menacés par des droits obtenus pour les homos qui ne leur retirent rien, je trouve très bien que d’autres minorités que celles auxquelles j’appartiens puissent également se faire entendre. C’est cela notre sororité de Queers, et je tiens en tout cas à faire entendre la mienne.
Voilà quelques clichés que j’ai pu prendre hier pendant la manifestation.
Bon bah résultat, au lieu de pas de Pride en 2020, on en aura deux !!! Vivement le 7 novembre 2020.
Qu’il y ait une “pride” plus politique que la traditionnelle ne pose pas de problème. De plus, qui suis – je pour en dire autrement.
Néanmoins, je me demande encore et toujours le pourquoi et l’intérêt de cette banderole?
https://twitter.com/paolimika/status/1279857433100369920?s=20
Si tu as une idée, je suis preneur.
Si tu parles de la banderole ACAB, je suis complètement contre. Et je suis horripilé de cette manière de procéder. Mais bon c’est la vie des manifestations, on ne peut pas être d’accord avec tout. Mais à ce niveau, je suis clairement le seul pro-flics du coin.
Je vous conseillerais volontiers, les gars, de regarder en boucle, Nanette et Douglas, les deux spectacles de Hannah Gadsby, sur Netflix… En particulier quand elle parle du hashtag “Not all men”…
Evidemment que tous les hommes ne sont pas des déchets humains, que tous les flics ne sont pas des salauds, mais comment on sait à l’avance qu’on ne va pas tomber sur un relou (au mieux) ou un violeur (ou pire), sur un flic qui va juste te dire “Il y a des casseurs, si vous ne voulez pas être pris dans la charge, éloignez vous dans le calme, s’il vous plaît” et celui qui va pas faire dans le détail, gazer/matraquer tout le monde et toi a fortiori plus parce que t’es trans’ et/ou basané et que ça lui revient pas ?
Evidemment que pas tous les mecs, évidemment que pas tous les flics. Le problème c’est tout ceux dans ces groupes (et au delà) qui utilisent les hashtag : #NotAllMen #NotInMyName pour silencer les questions que #AllMenAreTrash ou #ACAB posent, à savoir, il y a un bordel de cul de problème systémique de sexisme dans la société, il y a un bordel de cul de problème de violences transphobes et racistes chez les flics…
Et pour rappel (dans un contexte de droitisation de la société, et d’extrême droitisation de la police et c’est pas juste moi qui le dit) l’homosexualité en elle même n’était plus punie depuis un moment en France, en 1981 (la “dépénalisation” était un alignement de l’âge du consentement sur celui prévu pour les relations hétéros), ça n’empêche que les flics tapaient du pédé dès qu’ils pouvaient encore dans les années 80.
Les pédés blancs d’aujourd’hui ont juste oublié d’où ils viennent… Les trans’ et les racisés, non, parce que pour elleux, c’est toujours autant la merde.
Et désolé, mais moi ce qui m’horripile, encore plus que l’excès verbal et pancartier du ACAB, c’est ça.
Bisous, bonne journée :)