Pourtant, il y a souvent eu des différences philosophiques profondes entre les deux universités. Et jamais la distance intellectuelle entre l’Isis et la Cam, les deux rivières qui traversent, respectivement, Oxford et Cambridge, n’a sans doute été aussi grande que dans les années qui précédèrent et elles qui suivirent la Première Guerre Mondiale. Ainsi, tandis que le réseau des oxfordiens de Milner imaginait un futur martial, musclé, impérial et hétérosexuel, leurs homologues de Cambridge aspiraient à un avenir presque en tout point opposé. Le réseau qui s’est développé au sein et autour des “Apostles” [Les “Apôtres”] de Cambridge était pacifiste, décadent, libéral et homosexuel.
La Place et la Tour de Niall Ferguson
[…]
Non pas que G. E. Moore fit de la politique : au contraire, il encourageait ses disciples à considérer la politique avec mépris. Moore avait une passion : les vertus privées. Les leitmotivs de ses Pincipia Ethica, publiés en 1903, étaient la sensibilité, les relations personnelles, la libération des émotions, les instincts créatifs, l’honnêteté sans faille avec soi-même. Ces idées, qui trouvèrent leur expression littéraire d’un autre Apôtre, E. M. Forster, fascinèrent trois jeunes hommes brillants : Lytton Strachey, Leonard Woolf et John Maynard Keynes, […]
J’ai découvert en lisant ce bouquin (La Place et la Tour de Niall Ferguson) l’existence de ces Apôtres de Cambridge, mais surtout l’opposition qui est là mise en exergue avec les mêmes groupes d’influence côté Oxford. Et c’est tout de même super fascinant ! D’autant plus, la liste des personnes, qui sont tous des stars, et notamment Keynes (c’est connu ce truc qu’il était pédé ou bi comme on le lit dans sa fiche wiki ?) !!! Malgré tout je me rappelle avoir entendu parler du Bloomsburry Group, et en particulier de Lytton Strachey dans un roman, je me souviens bien d’un mec un peu flamboyant et de ce groupe très queer avant l’heure, avec notamment Virginia Woolf. Mais impossible de me remémorer le titre de ce roman, mince, mince, mince !!!
Tu ne confonds pas avec le film “Carrington” par hasard? Il m’avait ennuyé comme pas possible si ma mémoire est bonne.
Je vois bien le film, qui est pas mal ma came ( ), mais peut-être que c’était le roman d’origine… En tout cas c’était dans un bouquin, j’en suis certain.
Selon l’information que j’ai pu trouver par une recherche très rapide et superficielle, le film a été inspiré par le livre Lytton Strachey: A Critical Biography écrite par Michael Holroyd et publiée en deux volumes en 1967 et 1968. Tu as peut-être aussi lu le roman biographique Leonora, par Elena Poniatowska, publié en 2015.
Dans la même ligne d’idées, j’ai lu, il y a quelques années, la biographie d’un autre des affiliés de Cambridge, Alan Turing par Andrew Hodges, qui parle abondamment de la culture homosexuelle à Cambridge avant la seconde guerre mondiale.
Non c’est étrange, je me rappelle un roman d’il y a pas mal d’année (en poche), et qui est ciblé sur des femmes, vaguement ou carrément lesbiennes, et Lytton est un des personnages secondaires mais importants. Bon, je me demande si je n’ai pas imaginé tout ça.