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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

A cinq ans, je suis devenue terre à terre (Jeanne Cherhal)

Comme vous le savez peut-être, je suis très très fan de la chanteuse Jeanne Cherhal. Elle a écrit ce bouquin dans la collection Le goût des mots, dirigée par Philippe Delerm, et cela consiste en quelque chose de très simple et totalement irrésistible : la chanteuse a sélectionné des mots qu’elle aime, et elle a écrit un petit texte pour chacun d’eux. Cela donne un ouvrage irrésistible, et particulièrement chouette pour ceux qui aiment déjà les textes de chanson de l’autrice.

On retrouve non seulement son écriture très poétique, merveilleusement imagée et sa verve à l’humour qui fait mouche, mais on apprend aussi quelques éléments très complémentaires de ce qu’elle raconte en chansons ou sur scène.

[…] Cher merde, reçois toute la reconnaissance du monde. Accepte cet hommage sincère, merde adoré, pour ta présence indéfectible et désintéressée dans les moments les plus irritants de l’existence. C’est vrai, merde : tu es toujours là quand on a besoin de toi. Merci merde.

Le mot Merde – “A cinq ans, je suis devenue terre à terre” (Jeanne Cherhal)

Il s’agit parfois du son des mots, ou bien de sa signification mais toujours avec un lien à la forme, et elle s’applique à la synesthésie la plus prononcée pour montrer les oxymorons souvent extrêmes entre musique des mots et leurs sens profond. Et puis il y a quelques textes qui rappellent des chansons, ou qui pourraient bien en inspirer de nouvelles.

[…] Il convient de ne pas le galvauder, de ne pas en abuser, au risque de lui faire perdre un peu de son aura brûlante. Une chanson peut l’être, une allure, une parole, une attitude, un geste, une danse, un film, un mot, un regard même… Mais il reste indéfinissable. Il attire, il envoûte, il éveille les sens et fouette le sens, mais on ne sait pas trop pourquoi. Et ça, c’est sexy.

Le mot Sexy – “A cinq ans, je suis devenue terre à terre” (Jeanne Cherhal)

La plupart du temps ça se finit par une pirouette, on sent Jeanne Cherhal pas vraiment prête à la confidence trop appuyer, et dès que ça devient intime il faut que ça se termine par une blague ou un calembour pour s’échapper. Le livre se lit d’un trait, donne une pêche incroyable, et offre des sourires bien agréables en ces temps plutôt moroses. On a l’impression d’avoir Jeanne sur scène lorsqu’elle digresse sur des sujets et qu’elle tient en haleine un public conquis. Elle est intelligente, sagace, charmante, opiniâtre et ironique, drôle, grinçante et carrément déconneuse, toujours féministe et décidément dotée de tous les talents (en plus de celui d’aimer la Réunion ^^ ).

En tout cas ce fut un bonheur pour moi de la goûter ainsi, autrement que par sa musique. C’est un rayon de soleil en automne, mon remède du moment et mon héroïne de toujours.

[…] Bref, ça doit être quelque chose de procrastiner.
En fait, pas du tout. Observer, lascivement, la pile de papiers et d’enveloppes de tous formats qui envahit la moitié de la table du salon et décider, au lieu de commenser le tri qui s’impose, de prendre un bain en relisant Lapinot de Lewis Trondheim, ça c’est procrastiner. Ne pas rappeler dans l’heure le pressant pénible qui devra se contenter d’un coup de fil le lendemain dans le meilleur des cas, alors que trois minutes suffiraient pour s’acquitter de cette corvée, ça c’est procrastiner. Être dans la douceur de l’instant et flemmarder sans honte parce qu’au fond, quoi qu’il arrive, on finira toujours par faire ce qu’on a à faire, ça c’est procrastiner.
Qu’un verbe aussi contondant puisse désigner une activité aussi molle me fascine totalement.

Le mot Procrastiner – “A cinq ans, je suis devenue terre à terre” (Jeanne Cherhal)

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