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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Un jour ce sera vide (Hugo Lindenberg)

J’ai rencontré Hugo une seule fois, il me semble que c’était dans le cadre d’une interview sur les blogs, mais je ne me souviens plus bien quand ou quoi. Je me rappelle d’un charisme complètement dingue qui m’avait vraiment marqué. Un truc indéfinissable, mais peu commun selon moi. Huhuhu. Alors quand j’ai vu qu’il publiait son premier roman, j’ai vraiment voulu le lire.

C’est une sacrée réussite pour un premier roman justement, et j’ai été content de découvrir sa plume pour ce format d’écriture là. Le roman est une narration à la première personne, et c’est un garçon de 10 ans qui s’exprime. Les chapitres sont très courts, et avec autant de titres évocateurs qui illustrent des saynètes de la vie de ce petit gars. Il est en vacances au bord de la mer, en Normandie, avec sa grand-père, et plus tard ta tante. Il explique les choses avec la candeur et la simplicité d’un enfant, mais aussi avec le regard parfois acerbe et lucide dont les enfants sont déjà fort capables.

Le style est étonnant, car il est vraiment compatible avec le discours du garçon, on a des phrases assez courtes et simplement construites. Mais il y a également beaucoup de silences dans cette vie, et une place évidente à l’introspection, à des descriptions et aussi à un certain vide (comme le titre peut le suggérer). Mais ce n’est pas non plus écrit avec des tics de langage de l’enfance ou des erreurs de syntaxe pour faire plus authentiques comme on peut le lire parfois dans des romans. Tout au contraire, le style est d’une beauté assez stupéfiante, et les textes ont souvent un joli souffle poétique, sans doute aussi l’apanage du prisme enfantin.

Peu à peu, chapitre après chapitre, le décor se complète, les personnages prennent vie, et une intrigue paraît émerger, encore très parcellaire. Et c’est peut-être en cela que j’ai une petite déception, et en même temps c’est sans doute une qualité. Car je suis un peu resté sur ma faim avec une histoire qui ne prend jamais bien corps, et qui n’apporte finalement que peu de satisfaction au lecteur féru de fiction. En revanche, l’ensemble reste très plaisant et hyper agréable à lire, c’est beau, c’est doux, les évocations des vacances vues par les gamins sont aussi réalistes que certains souvenirs à moitié effacés. C’est aussi crispant, cruel et triste, comme seuls les épisodes de l’enfance peuvent l’incarner.

J’ai beaucoup aimé la galerie de personnages mis en lumière par le prisme tout juvenile du narrateur, à la fois son amour et sa honte de sa grand-mère qui a un accent et ne s’habille pas comme les autres, sa haine flippante de sa tante qui est malade (sans doute bipolaire), son amitié passionnelle pour Baptiste et l’admiration presque amoureuse à la mère de ce dernier. Mais le tout reste dans une ébauche d’actions, de pensées et de sentiments mêlés.

Néanmoins l’auteur offre un écrit sur l’enfance que j’ai rarement lu aussi juste, et précisément évoqué. Et c’est aussi juste parce que ça reste flou et incertain dans la compréhension d’autrui et de soi-même, parce que l’on n’a finalement peu de libertés lorsqu’on est enfant, et qu’on cherche l’émancipation en même temps que le soutien rassurant de ses proches.

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  • Je me suis laissé porter par une écriture ciselée, une atmosphère mélancolique, un texte brillant et sans grand chamboulement. Jusqu’à cette fin en eau de boudin (les 2 chapitres faibles au regard de la grande qualité du reste, m’est avis).

      • Tu as raison. J’ai été dur. J’exprimais ma frustration de lecteur alors que j’imagine bien, en réfléchissant un peu, que tout ne doit pas être limpide dans un récit, qu’il a laissé l’ami dans le marécage, à dessein. Je n’oublie pas la prouesse et la qualité, le style, le voyage dans son enfance, admirable et singulier.

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