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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Joan Cornellà

Joan Cornellà est un dessinateur et auteur de BD barcelonais dont je suis ultra-fan. A la manière de Hugleikur Dagsson, je l’ai connu via des publications sur le net, et aujourd’hui il n’a pas dû échapper à grand monde, étant donné sa notoriété en ligne. D’après mes archives, je l’ai connu en 2013 ou 14, et j’ai acheté un premier ouvrage en 2015, puis baqué (financement participatif) une œuvre d’animation en 2016. Et étrangement je n’en ai jamais parlé ici, donc je me disais qu’il fallait au moins que je l’évoque une fois. Ne serait-ce que pour le faire connaître à quelques personnes deci-delà.

Comme vous pouvez le constater avec la première illustration du post, c’est de l’humour, de l’humour noir, très noir, mais très absurde aussi, et aussi drôle que gênant. A se demander parfois, comment il a pu avoir des idées aussi loufoques ou terribles sans être complètement perché, mais il a une production si prolifique et d’une telle richesse, qu’on finit par être fasciné par un tel talent. Je l’ai connu au début plutôt pour des petites bédés du genre “comic strip”, donc quelques cases qui racontent une histoire, et toujours sans une ligne de dialogue. Et la plupart du temps en 6 cases formant un rectangle, on y voyait une sorte de strip “haïku” avec une narration surréaliste mais une chute encore plus absconse et désopilante.

Typiquement ce genre là, avec très souvent des morts, et des morts d’enfants qui ne posent pas plus de problèmes que cela, mais c’est tellement absurde que ça ne choque pas vraiment. Et quand on croit qu’on a vu le pire, on a la chute qui permet encore de se demander ce qu’il a bien pu fumer.

Un autre classique qui consiste souvent à tourner en dérision un problème de société, et à le voir remis en perspective par des gens de la classe moyenne normalement “bien intentionné”, mais ça se finit toujours des usages complètement dingues et très choquants. Et la plupart du temps ça se termine en sang, avec des meurtres, des membres en moins, et très souvent avec des grands sourires adorablement sympathiques.

On a assez souvent aussi une fin en zoom qui est assez notable de son œuvre. La chute est dingue, et pour souligner encore plus le côté absurde par une implication assez fascinante de celui qui regarde (voyeur aussi quelque part), la dernière case zoom sur un sourire ou un regard souvent dirigé vers le spectateur. Là j’ai deux exemples que j’aime beaucoup qui mêle en plus une sorte de thématique homosexuelle (ou même pas, tant il y a de lectures multiples et d’interprétations possibles) très gênante, et à mourir de rire selon moi.

Ou carrément plus explicite et génialissime, celui-ci avec son absurdité et en même temps son humour décapant.

On retrouve tout un tas de sujets de société, comme le racisme, où les horreurs se succèdent, mais encore une fois avec une telle absurdité que le message peut en être étrangement très fort et porteur d’un sens très intéressant. Et j’en passe sur les personnes en situation de handicap, mais aussi simplement tout le monde.

Les couples et leurs vies sexuelles sont aussi souvent dépeintes et illustrées avec les conclusions les plus surprenantes et désopilantes.

Plus récemment, on a pu voir son travail se diriger vers les absurdités cette fois bien réelles des réseaux sociaux, et Joan Cornellà s’amuse à tourner cela en parfaite dérision, et à en faire des affreux acteurs de ses œuvres dans une même veine que ce qu’on avait pu voir de lui auparavant.

Plus récemment également, ses strips se sont concentrés en des aphorismes plus compacts, sous forme de dessin unique, mais dont le sens provoque énormément (selon moi) d’échos et d’émotions. Toujours dans la même peinture de notre société, et là dans celle des réseaux sociaux dont la cruauté est poussée à son paroxysme, on pense d’abord qu’il abuse, mais finalement pas tant que cela (et ça fait mal).

Il y a aussi des mises en perspectives aussi drôles que super gênantes, mais il n’y a que lui pour réussir à provoquer autant d’interrogations et d’introspections en une seule image, et toujours en prenant un “mème” d’aujourd’hui et en le passant au crible de son humour au cyanure.

Et plus récemment encore, il y a des séries d’image unique comme cela, mais qui sont autant de ses personnages “quidam” figurant une sorte d’idéal, et ils sont accompagnés d’un message terrible, drôle mais pas drôle du tout. ^^

J’imagine que son Art n’a pas fini d’évoluer, et je dois dire que depuis les quelques années que je le suis, je ne cesse d’admirer sa constance et son foisonnement, ainsi que la manière dont il repousse encore et encore les limites de l’humour noir.

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