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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Le Havre

Après une journée à Rouen, on voulait pousser jusqu’au Havre pour visiter cette ville, dont j’avais beaucoup entendu parler, mais que je connaissais pas. Je savais juste que c’était une de ces villes totalement détruites durant les bombardements de la seconde guerre mondiale, et reconstruite par l’architecte Auguste Perret. Et aussi que ce nouvel urbanisme “béton” ne correspond pas au goût de tout le monde, même si avec le temps on y trouve un peu plus de “sens” et même une certaine esthétique. J’avais déjà beaucoup aimé les quelques témoignages de Perret à Amiens, et comme j’adore Oscar Niemeyer, je me disais que cela pouvait me plaire.

Eh bien après juste une petite journée, je regrette de n’avoir pas prévu plus de temps. Il me faudra revenir pour compléter cette première vision globale de la ville. En tout cas, il y a vraiment ce centre-ville marqué par les plans et la vision d’Auguste Perret, avec quelques édifices emblématiques (mairie, église), et en plein centre (en 1982, donc 30 ans après les travaux de Perret) on trouve la scène nationale et la bibliothèque (d’)Oscar Niemeyer.

Le plan en damier de la ville avec ses grandes avenues qui se croisent en font une ville assez lisible et plutôt aérée. Et on voit clairement le motif de choix de Perret, et la manière dont il a démultiplié ce motif pour élaborer le paysage urbain du Havre. Ce motif c’est le carré de 6,24m de côté, et cela correspond à la portée optimale d’une poutre en béton armée à l’après-guerre. Auguste Perret adorait le béton qu’il considérait comme la pierre des temps modernes, avec énormément d’avantages, et avec cette manière standard et industrielle de le concevoir, ce qui rendait son usage massif au Havre plutôt économique. Tout est donc dans le carré, la ligne droite, l’aspect lisse (le béton nu, car cela évite la peinture qui finit par s’écailler ou les parements qui se cassent la gueule), et la ville est diverse par l’agencement de millions de ces motifs architecturaux normalisés.

Je suis assez persuadé que cette architecture fonctionne, même quand elle s’applique de manière aussi homogène et systématique à tout un centre-ville. Mais je reconnais que dans une ville qu’on m’a souvent décrite comme grise et pluvieuse, ce n’est pas un urbanisme qui va contrebalancer cela, mais au contraire peut-être contribuer à la rendre vraiment déprimante. La chance ici c’est qu’on est au bord de la mer, et que c’est une incursion évidente de la nature dans la ville, ou contre la ville. En revanche, j’imagine que l’absence de plantes, de verdure et du mariage entre le béton et la végétation sont ce qui rend la ville un peu “Metropolis” et géométrique, pas très humaine. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agissait avant tout de loger des dizaines de milliers de gens le plus rapidement possible.

On a eu de la chance car il faisait un immense soleil, les terrasses étaient occupées et il y avait pas mal de vie dans les rues, mais je peux imaginer que c’est un peu déprimant au cœur de l’hiver ou de l’automne. Mais ça c’est sans ce cœur vibrant que représente le Volcan (qui était une Maison de la Culture) d’Oscar Niemeyer en plein centre. C’est marrant de se dire qu’Oscar Niemeyer est venu, trente ans après Auguste Perret, insérer dans une ville faite de motifs carrés, de lignes droites, de béton armé nu et de symétrie irrévocable, sa propre vision architecturale faite de lumière, de blancheur, de transparence, de courbes, de formes organiques et sa prise en compte de l’humain “utilisateur” de ces bâtiments publics.

L’ensemble Volcan et bibliothèque forment un ensemble blanc cliquant et vibrant dans le centre-ville. En une journée ensoleillée, cela rend le tout encore plus radiant et impressionnant. Mais surtout l’œil court sur ces surfaces sans jamais s’arrêter, et dessine en même temps de manière logique et harmonieuse l’ensemble des circulations autour et dans les édifices.

Bon bah, je comprends que ça ne plaise pas, mais moi j’adoooooore !! D’ailleurs à chaque fois que je passe place du Colonel Fabien à Paris, je reste baba devant l’ancien siège du PCF, qui est pour moi une des merveilles de la capitale. Et là avec cette monumentalité et au centre de ce monde à la Auguste Perret, c’est une addition parfaite et élégante, abstraite et moderne, simple et percutante.

A quelques centaines de mètres, on trouve l’autre monument majeur de la ville, l’église Saint-Joseph du Havre d’Auguste Perret. Elle mesure 107 mètres et de l’extérieur, on dirait un immense phare. J’aime beaucoup le fait que ce soit un phare, ce qui est idoine au vu de son emplacement près de la mer, mais aussi pour la dimension religieuse évidente. Et aussi parce que le défaut des églises modernes en béton de l’après-guerre c’est qu’elles peuvent être réussie à l’intérieur, mais il est très rare qu’elles soient très belles de l’extérieur. Elles sont même souvent assez moches selon moi, grises et monolithiques, trop brutes et tristes selon moi. Mais là parce que c’est un phare et ça ressemble à un phare, c’est assez génial. On a cette base carrée et cette tour immense qui s’étend sans fin vers les cieux.

Mais là où cette église est réussie, et est une pièce remarquable et incroyable, c’est clairement pour l’intérieur. On retrouve le plan carré du phare, ce qui est vraiment inattendu dans les plans habituels des églises (en croix latine). Et surtout la lumière est dingue dingue dingue !!! Comme il faisait très beau dehors, les vitraux, qui sont en l’occurrence des pièces géométriques en verres colorés, irradiaient l’intérieur de l’église de rais multicolores vibrantes et harmonieuses. Y’a pas à dire, ça donne vraiment envie de s’asseoir et de prier les dieux de l’Olympe. ^^

On se croirait dans un kaléidoscope futuriste, et le regard est irrémédiablement attiré par les lumières colorées vers le clocher-phare. On oublie complètement la dimension massive et brute de cette infrastructure de béton armé nue, et ces imposantes poutres qui supportent ces tonnes de ciment. J’ai pas mal pensé à la Sagrada Familia et ses piliers également monumentaux, sa nef gigantesque et la lumière colorée de ses vitraux abstraits.

En beaucoup plus traditionnel, on trouve aussi une cathédrale Renaissance beaucoup plus classique. Elle était en ruine après les bombardements, mais elle a été reconstruite en mode puzzle, et il faut avouer que ça a été drôlement bien fait.

A l’intérieur, il y a une sculpture contemporaine géante très emblématique, “bout du monde” de Fabien Mérelle. Elle était à l’extérieur normalement, à Sainte-Adresse, un endroit que les havrais appellent le bout du monde, mais elle a été vandalisée. Elle est exposée dans l’église pour sa conservation et protection. Donc même si la comparaison des échelles est intéressante, il n’y a aucun sens à tirer de sa présence dans une église.

Et ça c’est “Monsieur Goéland” de Stephan Balkenhol. J’adore son attitude, et l’incongruité pure et simple de ce truc.

Et enfin, ce qui est finalement devenu l’image d’Épinal du Havre ces dernières années, c’est cette Catène de containers (2017) par Vincent Ganivet (pour les 500 ans de la ville). Je l’ai tout de suite reconnu, et ça rend vraiment très bien en vrai.

C’est super pétant avec ces couleurs hystériques, en mouvement et avec une apparence très fragile comme des conteneurs qui seraient des petits cubes de maternelle. Et ce que je ne savais pas, c’est que l’œuvre est sur les quais, mais dans l’axe de la rue de Paris, et donc visible depuis l’Hôtel de Ville en plein centre. Elle est tellement grande et colorée qu’on l’a voit parfaitement de très loin, et c’est un marqueur vraiment visible.

En réalité, je n’ai encore rien vu de la ville, il y a des musées notamment, et encore des choses à découvrir. Bon bah il faudra que je revienne !!! ^^

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