MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Iwak #6 – Esprit

Sur une idée de la fée Kozlika en 2020, voilà Iwak (Inktober with a keyboard). Un mois d’écriture sous contrainte à la manière de tous ces dessinateurs qui publient de chouettes dessins sur les Internets. (#Blogtober ça fonctionne aussi.)

Comme à peu n’importe quel petit français de Gaule, j’ai été élevé dans des valeurs judéo-chrétiennes, malgré l’athéisme chevillé au corps de mes parents et moi-même. Et donc, j’ai plutôt eu autour de moi des exemples très monothéistes, et vaguement chrétiens, toute mon enfance et jusqu’à aujourd’hui. L’esprit c’est pour moi l’Esprit Saint (je n’ai aucune idée précise de ce que c’est, hu hu hu), une sorte de notion de la conscience humaine (c’est pas encore trop clair ^^ ) ou avoir de l’esprit au sens en avoir dans la caboche, ou encore les esprits ambiance post cassage de pipe.

J’ai été ultra fan de mythologie quand j’étais tout minot, et ça s’est encore amplifié quand j’ai appris un peu plus sur le sujet au collège. J’ai dévoré des dizaines de fois le classique “La Mythologie” d’Edith Hamilton, qui reste un de mes précieux ouvrages de papier trônant dans ma bibliothèque. Je suis alors clairement devenu polythéiste et hellénophile (j’avais trop la bonne intuition pour devenir un bon petit vieux pédé propret), et j’avais un truc pour l’aspect le plus animiste avec toutes les nymphes et petites déités locales qui incarnaient des éléments de la nature. J’aimais beaucoup qu’une dryade se cache au sein d’un chêne, et puis il faut avouer qu’elles avaient des noms qui m’inspiraient beaucoup de bien. Les méliades, les hyléores pour rester dans les arbres, mais aussi les alséides, les limoniades, les psamides, les pégées, les limnades ou les Pléiades bien sûr. J’avais mes esprits de la forêt et de la nature !

Bon après, j’ai également réalisé que la religion catholique avec sa kyrielle de saints, de superstitions et de croyances populaires n’étaient pas loin d’un polythéisme tout aussi inventif. Néanmoins, c’est à Miyazaki que je dois la révélation, c’est dans ses dessins-animés que j’ai découvert que les esprits existaient sous autant de formes, et avec une relation aux humains bien japonaise, en réalité plutôt shintoïste.

Que ce soit les kamis, véritables esprits qui habitent et incarnent toutes les composantes de la nature, ou plutôt les Yōkai, des êtres un peu plus néfastes ou espiègles, j’ai tout de suite accroché à cet imaginaire foisonnant. Et pourtant, cela pourrait être assez flippant de prime abord, mais c’est en voyant cela avec un prisme européen. Un monstre c’est un truc méchant pour nous. Un monstre au sens nippon est potentiellement un esprit sympathique, ou une bestiole du monde des esprits avec laquelle on peut engager une transaction, une relation.

Les susuwatari de Totoro (qu’on retrouve aussi dans Chihiro dans une posture différente) sont des esprits des maisons abandonnées qui se cachent dans l’ombre, mais qui ne sont pas malfaisantes. Et elles disparaissent d’elles-mêmes quand on ouvre les volets ou qu’on rit bien fort. Les déités et esprits sont carrément des clients d’une maison de bains dans Chihiro. Dans Mononoke, c’est la totale avec un vrai mégadieu flippant à la fois de la vie et de la mort (truc inconcevable pour nos esprits manichéens), des déités subalternes animales et des kodamas, petits bonhommes sylvains blancs qui caquettent en tournant la tête. Le truc pourrait être absolument terrifiant car on pourrait avec nos réflexes n’y voir que des créatures fantomatiques avec des os qui s’entrechoquent. Mais non, c’est trop mignon les kodamas. ^^

Les films d’horreur japonais sont d’ailleurs également souvent regardables pour moi, car il s’agit au final fréquemment de revenants, mais dont on comprend qu’ils étaient victimes malheureuses et ne hantent les vivants que pour demander une certaine forme d’assistance. En réalité, une fois qu’on a aidé le monstrueux fantôme, on voit qu’il est plutôt cool et bienveillant, et il peut enfin s’en aller en paix. J’ai toujours trouvé cette philosophie sous-jacente très libératrice et rassérénante. Les fantômes ne sont pas des choses anormales et démoniaques qui sont là pour vous faire du mal, ce sont aussi surtout des réminiscences du passé, voire de vos ancêtres qui ont besoin de vous, ou peuvent également vous assister de manière très effective dans la réalité. J’aime bien cette vue réconciliée entre les morts et les vivants, et ces esprits qui ne sont que des gens comme nous. En gros après la mort, bah c’est différent mais c’est pareil.

Merde alors. ^^

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