Sur une idée de la fée Kozlika en 2020, voilà Iwak (Inktober with a keyboard). Un mois d’écriture sous contrainte à la manière de tous ces dessinateurs qui publient de chouettes dessins sur les Internets. (#Blogtober ça fonctionne aussi.)
Hier, lors de notre promenade vers le Jardin Extraordinaire, nous sommes passés par le joli square Maurice Schwob qui surplombe le jardin et cette drôle d’ancienne carrière de Miséry. J’ai été attiré par un beau groupe sculpté en tuffeau qui s’appelle L’Épave, par l’artiste Paul Auban, et qui date de 1926. On y voit cette femme bretonne le poing tendu et son enfant mort à ses pieds, un marin noyé. La thématique est assez évidente.
Alors que cette œuvre très forte et émouvante repose sur la culture maritime de Bretagne, j’ai pensé à ces algériens en 1961 dont les corps ont percuté la Seine, et se sont noyés ce jour même il y a 60 ans. J’ai pensé à ces parents qui ont alors perdu un proche, qui a souvent simplement disparu, parfois à jamais, et dont cette allégorie répond aussi dans son désespoir universel à la perte d’un enfant. Mais là en l’occurrence, ce n’était pas un accident, il s’agissait de vengeances orchestrées par la police, avec la complicité à peine dissimulée d’un ministre, et dans une période de tensions extrêmes, alors en pleine guerre d’Algérie.
Ce que l’on appelle aujourd’hui le Massacre du 17 octobre 1961, n’a été dans les jours qui ont suivi cette manifestation qu’un dénombrement officiel de la préfecture de 2 morts parmi les manifestants. Et aujourd’hui, on évoque dans les deux cents personnes tuées lors de cette nuit d’horreur. Des dizaines et des dizaines donc de personnes assassinées, et jetées dans la Seine. C’est l’imagination morbide et mortifère de ces corps humains balancés et heurtant la surface de l’eau qui me hante. Deux cents morts…
Hormis le procès Papon, des poursuites judiciaires ont-elles eu lieu contre les auteurs de ce massacre? Wikipédia n’en signale pas. Merci de préciser ce qu’il en fut.
Belle journée.