MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Iwak #30 – Glisser

Sur une idée de la fée Kozlika en 2020, voilà Iwak (Inktober with a keyboard). Un mois d’écriture sous contrainte à la manière de tous ces dessinateurs qui publient de chouettes dessins sur les Internets. (#Blogtober ça fonctionne aussi.)

C’était l’hiver 1986-87, je me souviens que c’était un sacré hiver et qu’on avait eu un mois de janvier 87 vraiment très très froid. Il y avait de la neige partout, et comme on vivait déjà à la campagne ça faisait déjà quelques temps que les matins étaient une sacrée prise de tête et organisation.

Je viens justement de regarder que les températures de l’époque étaient de -13°C à Paris, et donc dans le Val d’Oise c’était du -15°C et -20°C la nuit. On prenait alors la 2CV jaune de mes parents pour tous aller sur Cergy, car c’était la seule voiture qui démarrait encore au quart de tour dans ces conditions. Mais on se levait plus tôt car on partait tous les quatre ensemble, et il fallait gratter le pare-brise et faire chauffer l’habitacle, ce qui prenait dix bonnes minutes.

Après on y allait piano, et on avait même des pneus neige pour rouler en sécurité. Souvent les matins étaient dans le brouillard, et des congères énormes encadraient la route, qui parfois disparaissait dans des mini tempêtes de neige. Le truc bien c’est qu’on construisait des bonhommes de neige depuis plus d’un mois, et que c’était vachement bien de les voir résister jour après jour, partout dans la région.

Un jour de cet hiver si froid, on arrive en bas de la rue du docteur Charcot à Osny. Mes parents nous accompagnaient en voiture à l’école, moi en primaire et mon frangin au collège un peu plus loin. Il fallait emprunter cette rue, mais on voyait des voitures qui essayaient et patinaient sur deux ou trois centimètres de glace qui avaient été formés dans la nuit. Mon père n’a pas essayé de s’engager, c’était vraiment dangereux, il y avait carrément une voiture qui tournait sur elle-même à cause du verglas, et nous a demandé de sortir avec mon frère, et d’y aller à pied en faisant bien attention.

On est sorti avec nos grosses chaussures, nos anoraks, nos écharpes, nos gants, et nos énormes sacs d’école. Et là on a mis des heures, c’est le souvenir que j’en ai, mais en réalité ça a du prendre vingt minutes, pour grimper la rue Charcot. Cela glissait tellement qu’il fallait y aller pas à pas. On s’agrippait aux poteaux électriques, aux portails et aux voitures garées le long du trottoir, mais on est tombé un nombre incalculable de fois.

On a fini par y arriver, non sans mal, et la rue proposait un panorama des plus comiques. A mesure qu’on avançait et qu’on se rapprochait des écoles, on voyait des parents et des enfants dans des situations similaires aux nôtres. C’est-à-dire que le tout le monde se tenait à ce qu’il pouvait, et essayait de progresser sans tomber. Et ce n’était que chute, glissade et cascade sur l’asphalte en version patinoire.

Et au final, malgré les bleus, les gnons, les dérapages incontrôlés et la peur de tomber, on a plutôt bien rigolé. Parce qu’on était tous dans la même situation, et qu’une situation incongrue où tout le monde se pète la tronche, c’est une bonne source d’hilarité pour un gamin.

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  • Hahaha. je me rappelle d’un épisode similaire en bretagne quand j’étais à peine en primaire, donc ça doit être la même année d’hiver froid. Tu viens de me le remettre en tête :)

    On avait réussi à remonter toute la rue en pente du bled où j’allais à l’école, sauf que pour accéder à l’école il y avait une autre pente plus ardue et le poids de la voiture, même avec les chaînes, faisait qu’on ne pouvait pas la monter : les chaînes chopaient dans la glace, mais avec le poids du véhicule, ça faisait des raies dans la glace au fur et à mesure que la voiture reculait/patinait… Du coup il avait fallu un bon 15 minutes pour monter les 500 derniers mètre jusqu’à l’entrée la plus proche de l’école, une fois la voiture garée en sécurité !

    Je pense que ma mère avait eu un peu peur. Moi à 6 ou 7 ans j’avais trouvé ça très drôle… XD

    • Oui je pense que c’est un des trucs communs de l’enfance, et là d’autant plus pour ceux qui ont connu ces derniers hivers vraiment rigoureux (c’est fou de se dire qu’ils ont vraiment disparu pour de bon :horreur: :triste: ).

  • Je me souviens du froid de cet hiver et 1987 : j’étais étudiant à la fac ( Paris VI) je prenais le train dans le 77 avec des motrices diesel qui partaient de 100 km plus loin et avaient trop froid pour démarrer ^^^ . Une voisine m’emmenait en co-voiture de chez moi à la gare : 10 km de routes de campagne, 100% plat, sauf arrivée en ville pour la gare… certains matins, avec la neige on ne distinguait pas le route .. du champ d’à coté : il fallait suivre les traces de roues, et faire très attention à ne pas finir dans le champ… Un soir, en revenant du train on avait même fini sur le dos de la 2CV à cause du verglas.

    Mes souvenirs de “froid” gamin sont plus anciens, ce sont les 70’s. Par exemple, y’avait un poêle au centre de la salle de classe de l’école tortionnaire anti-gaucher du patelin dans le 08 (oui le 08 ça existe). Mais là j’y allais à pied (800 m de la maison dans le village, avec les paysans avec leurs vaches et autres souvenirs délicieux et pénible en même temps). De là, je garde des souvenirs de chute de neige qui faisait que j’en avais jusqu’à la ceinture au moins dans la cour de la maison.

    Depuis les 90’s pas vu d’hiver avec de la neige qui reste aussi longtemps.

      • oui du coup je me souviens de bonhommes de neige ayant survécu plus de 2 jours… Nous sommes toi, moi et d’autres des générations qui ont vécu le changement climatique : nous avons le souvenir de la neige qui reste 10 ou 15 jours. J’ai aidé les moissons à la campagne fin juillet, ça se fait plus tôt. Mon frère allait faire les vendanges en Octobre, désormais c’est + tôt dans l’année.

        • On va sans doute être une des générations qui va connaître le plus de changements de ce type dans sa vie (qui devrait normalement être assez longue, mais who knows?). :gene:

          • on a connu la canicule de 2003 , et les récentes de 2019 pour la dernière (après 4 années à canicule en plus) et on a le souvenir de neige pendant des semaines, d’hivers froids et de températures du genre -15°C en plaine dans le 77 (glace sur les vitres de ma chambre). Le pire c’est que là en ce moment on était à +2°C par rapport aux normales de saisons d’il y a 20 ans … (elles même déjà supérieures à celle de 1960-1980) et des gens trouvaient l’été pourri ^^^^

  • Si le froid sibérien de 1987 nous avait touché ici aussi, les mêmes souvenirs pour moi dans la région apparaissent mais durant l’hiver1982 avec l’apparition d’éclairs alors que la neige ne cesse de tomber. Ils avaient une couleur bleue. C’était surnaturel.
    Plus d’électricité, plus d’école mais aussi… plus de chauffage, plus d’ascenseur (j’habitais au 8e étage avec ma famille) ni de pain.
    Un seul boulanger dans ma petite ville était ouvert avec le seul groupe électrogène à la ronde. Les routes étaient bloquées. J’ai un souvenir de vider les congélateurs chez ma grand-mère… alors qu’on aurait tout pu laisser dehors :mainbouche: il faisait tellement froid.
    Grosse catastrophe mais de très bons souvenirs.
    Merci d’avoir parlé de ton hiver à toi qui m’a rappelé le mien avec à peu près les mêmes photos de classe…

  • Hiver 98, Lyon, vers minuit. Une chute de neige impressionnante, de celles qui font les beaux marronniers de la presse locale. Je pars d’en bas (le 6e arrondissement, tout plat) pour rejoindre quelqu’un à la Croix-Rousse (tout en haut, sur le “plateau”). La ville n’a pas pu être déneigée, y avait pas encore les alertes et tous les dispositifs qui tournent aujourd’hui à donf’ pour 5 cm de poudreuse. Et donc, les engins n’ont pu démarrer des dépôts de l’Equipement, tout est bloqué. En Rhône-Alpes, quand ça se produit on fait avec. Moi, j’ai passé mon permis sur neige, ça m’est familier (débuts dans la vie : Jura). Donc je pars au volant de mon Escort Ghia, genre veau, mais bien lancée elle assure. Et on est chaussée neige. Pont Morand, ça va. Dans la légère déclive qui termine le pont pour enquiller le quai Lassagne… la bagnole part en live. Dans ce cas-là, laisse aller, c’est une valse. Et en effet, la Ghia et moi nous tournoyons au ralenti, je vois l’Opéra, le pont, le Rhône, l’Opéra derechef. Valse lente, dans le silence d’une ville désertée, aucune peur mais un grand sentiment de liberté (y a tout de même un muret entre la flotte et moi) et je finis par m’arrêter en plein milieu de la 3 ou 4 ou 6 voies, je me rappelle plus. Pas grave, y a personne qui roule sauf moi. Mais on m’attend à la X-Rousse, on compte sur moi, donc je repars. Dans la montée (je monte en zig-zag, ce qui est la technique pour gravir une route enneigée-damée), je croise des gens à ski, beaucoup. Je m’arrête pour prendre une minette transie qui comme moi a rencart au sommet. Elle n’en revient pas que je m’arrête en côte et redémarre (coup de bol mais qui passe pour un coup de maître). L’arrivée sur le plateau, impecc. Souvenir nocturne illuminé par la neige qui réfracte toutes les lumières, les flocons blancs contre le ciel noir… Et nostalgie car on ne reverra PLUS ça. Finito.
    Tout ça pour parler, mine de rien, de mon grand âge. Un coup d’aïeulite aiguë, rien de grave.

  • Et même pas un mot pour te dire combien j’ai rigolé de ton portrait de la rue en folie avec les gens qui se vautrent, c’est comme si on y était ! Pur moment de plaisir-lecture !

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