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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Mes animaux sauvages (Kevin Bentley)

Le bouquin est une compilation des journaux intimes (14 cahiers d’écolier comme l’auteur l’explique à la fin) de Kevin Bentley, de 1977, il a alors 21 ans et il débarque à San Francisco, à 1996. Je vous laisse deviner le sujet de ces écrits, hu hu hu. Bah oui, il raconte par le menu ses plans cul, et c’est assez croquignolet. A maints égards, on peut penser à Tricks, mais il y a un charme très particulier à ces récits, sans une ambition dingue d’un point de vue littéraire, sinon d’une chronique très précise de sa jeunesse un brin délurée.

L’intérêt pour moi est surtout le fait que ce soit totalement véridique et un vrai journal intime, et que cela témoigne de la vie gay (j’allais écrire LGBT, mais c’est à la fois anachronique, et faux puisque le bouquin ne parle vraiment que de pédés) au sommet de la libération sexuelle, et juste avant l’épidémie de VIH. Et tout cela court jusqu’en 1996, où Kevin Bentley rencontre le gars avec qui il est encore en couple aujourd’hui, et marié. C’est aussi le temps où les personnes séropositives ont été massivement “sauvées” par les trithérapies, et où on a vu une nouvelle inflexion dans l’histoire du mouvement LGBT (selon moi).

Bref, il y a un intérêt narratif et anecdotique (avec des passages très bandants, il faut le dire), mais surtout une projection pour moi dans une période (et un lieu) totalement inconnue. Et cela m’a touché d’autant plus que je suis né en 1976, et j’ai commencé à sortir et m’affirmer (et baiser) en 1996. Et c’était drôle en lisant et en parcourant les mois et les années, de se rapprocher d’un temps qui m’était de plus en plus familier.

Il y a finalement assez peu de mention du HIV ou du Sida, même si certains vides dans le journal traduisent des moments intenses de la maladie pour l’auteur, ou la perte de personnes très proches de lui. Ce qui est cool, c’est que le cul a toujours été là, et est constamment perçu comme une source de joie, de plaisir, de communion et d’épanouissement. J’aime bien ce petit côté candide et pervers à la fois. Le ton est absolument décomplexé et léger, tout en relatant des relations sexuelles, amicales et amoureuses dans le désordre le plus réjouissant.

C’est un peu le blog de ces années là, même si la plupart des blogs que je suivais et qui relataient comme cela des anecdotes sexuelles, et en filigrane la vie gay des années 2000, sont pour la plupart dans les limbes (souvent hébergés par des plateformes aujourd’hui caduques). Il y avait une masse folle d’information qui a malheureusement complétement disparu, et on ne retrouve pas du tout le même genre de témoignage sur les réseaux sociaux.

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