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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Ciné Pride Nantes 2022 – Spécial courts-métrages

Cela fait mille ans que c’est passé (c’était en juin, hu hu hu), mais je voulais vraiment écrire un article sur ce festival nantais du ciné LGBT parce que c’était très sympa d’y participer un chouïa, et ça montre que cette ville est décidément un bel endroit pour moi. ^^ J’adore les courts-métrages, même s’il y a souvent à boire et à manger, et c’est souvent l’occasion de repérer quelques pépites réussissant à développer une idée ou une histoire en quelques minutes. Dans le registre queer, il y a toujours eu de très bonnes surprises, et là c’était marrant d’avoir un tel panorama international mais aussi une immense variété de formes et de styles.

Le programme de la soirée était le suivant :

As simple as that (Brésil, 2021)

C’était une des très bonnes surprises de la série de films, et je comprends pourquoi il a été programmé au tout début. Il fait peur les premières minutes, ça commence comme les courts “gay” des années 90 avec la mère qui fouille les affaires du fils et trouve des preuves de son homosexualité, tout est fait pour pointer vers le plus cliché des clichés. Commence une conversation toute en tension avec le père, et là déflagration !! En réalité, le père est parfaitement au courant et se met à parler comme un militant LGBT qui est au courant de tout depuis les années 70. C’est à mourir de rire. Et quelques minutes plus tard, on comprend que la mère également est parfaitement à la page. Et quand le fils et son copain débarquent, c’est encore pour nous prendre au piège et ça en devient une petite comédie jouissive et ironique. Ah ah, de l’art du retournement de situation et du piège du spectateur qui croit tout savoir.

La breloque rouge (Portugal, 2021)

Ce court portugais d’André Murraças est vraiment sympathique par le procédé d’animation et la patte artistique derrière cette histoire. Mais l’originalité réside aussi dans un récit nimbé d’homosexualité (et une relation symbolisée par cette “breloque rouge”) au 19ème siècle, avec tout un travail de métaphores et de non-dits très délicatement imagés. C’est techniquement très abouti, et très beau.

Le nom du fils (France, 2018)

C’était une bonne idée, mais le problème c’est qu’on devine ce dont il s’agit très/trop rapidement. Et donc il y a toute une partie assez superflue, et donc longuette, j’étais à me dire “bon oui ok j’ai capté, vous êtes en train de choisir le nom de votre fils (trans)…” Mais il y a la scène finale de la révélation et de la confrontation qui fait plaisir, et je n’ai pas gâché mon plaisir ni le petit frisson “feel good” qui va avec (et les dieux savent que c’est pas souvent).

Hugo 18:30 (France, 2020)

Alors là, non. On dirait un court gay des années 90 là, mais vraiment, et jusqu’au bout. Et c’est terriblement “français”, le truc est nombriliste et boursoufflé, vraiment ça ne m’a pas plu du tout.

Kapaemahu (USA, 2020)

C’est formellement très joli, une belle animation, mais un peu difficile de saisir la référence queer au-delà de ces soigneurs antiques hawaïen d’un “troisième sexe”. Peu notable pour moi dans le contexte, mais pas inintéressant…

Eden (Belgique, 2020)

Alors là encore, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de continuer à faire des films de ce genre. Et ce n’est pas mal fait du tout, c’est même sympa. Mais filmer des mecs à moitié à poil en mode backroom flamande avec des lumières rouges très cul ou verte chirurgicale nangoldinesque, c’est un peu cliché non ? C’est juste un clip sans grand intérêt selon moi, et très anachronique encore de mon point de vue.

Chechnya – La purge (France, 2018)

Film coup de poing qui a laissé le public complètement pétrifié et stupéfait, c’est pour moi le point d’orgue de tout ce qu’on a vu pendant cette soirée. On suit une illustration très concrète et glaçante du procédé dont a entendu parlé dans la presse, avec en Tchétchénie, des garçons gays qui sont torturés pour dénoncer d’autres gays, et qui sont ensuite “confiés” à leur famille qui les assassine pour restaurer leur “fierté”. L’anecdote est juste horrible à voir, et les plans sont assez graphiques et insoutenables. En plus, comme pour rajouter à l’horreur, c’est très bien filmé et joué, comme si la qualité formelle d’un cinéaste soulignait encore plus l’inhumanité des scènes qui se déroulent sous nos yeux. Un film important pour sûr !

L’empoté (France, 2020)

Ce court-métrage est un OVNI, aussi drôle que surréaliste et absurde, on suit l’aventure d’un type qui mate des mecs et galère à ouvrir un pot de cornichons. Et au final, y’a des cornichons partout et les mecs se tripotent. Mouahahahahah. Eh bien, c’est pas mal du tout dans le genre barré et doux-dingue, avec une petite touche queer très inattendue et bien raffraichissante.

O que pode um corpo (Brésil, 2020)

Il s’agit d’un court documentaire d’une personne qui s’interroge sur la place de son corps et par extension de sa sexualité, en tant qu’homme mais également en situation de handicap. C’était assez intéressant et plutôt bien filmé, mais je suis resté un peu sur ma faim, ne saisissant pas vraiment le côté queer, malgré la dimension “intersectionnelle” qui est mise forcément en exergue.

Between us (Canada, 2020)

J’ai beaucoup aimé ce court, et je crois que j’étais un peu le seul parmi les proches présents. Cela se passe au Japon, et on comprend rapidement qu’il s’agit d’un couple queer, et en particulier une femme (à priori) cis avec un homme trans. Les deux ne sont pas en bons termes, on sent tout un tas de non-dits et de frustrations, et une relation qui bat peut-être de l’aile. Elle est notamment en demande de plus de démonstration de son partenaire, qui a l’air bien introverti et très “nippon”. Le film est malgré tout presque muet, et ils se rendent aux bains publics, où ils sont donc séparés. Mais chacun ressent la présence de l’autre, et dans quelques scènes très délicates, muettes et quasi expressionnistes, s’expriment des sentiments, des souvenirs et peut-être une certaine langueur sur l’inexorable à venir. J’ai trouvé ça hyper fin et subtil, et j’ai adoré le comédien qui joue Kei.

Oiseau bleu (France, 2021)

Bah là, joker hein, j’ai rien compris. On dirait une vieille pub pour des serviettes hygiéniques. L’animation est plutôt sympathique, mais je n’ai ni été touché ou n’ai capté ce qui s’exprimait là. (C’est juste que je suis un peu fruste et rustre, je le re connais. ^^ )

Beauty boys (France, 2019)

Le film n’est pas le plus original, et il y a des vibes d’anciens courts-métrages que j’ai pu voir dans ce genre de thématique d’émancipation et parcours d’empouvoirement (je crois que c’est une traduction acceptée d’empowerment maintenant non ?). Mais ce qui est très cool, c’est que ce sont des jeunes dans un coin perdu qui veulent monter un spectacle de Drag Queens dans leur village, et c’est Cookie Cunty herself qui vient les encourager. Cela donne quelques minutes vraiment drôles et enlevées, avec une superbe énergie et beaucoup de peps. Le reste est un peu plus classique et attendu, mais cela donne un petit film qui donne du baume au cœur, et qui fait sourire. Et ça c’est pas mal. ^^

Tomorrow then (Espagne, 2022)

Vous allez trouver que je suis difficile ou pisse-froid mais là encore un peu bof. Ce sont deux mecs en couple qui se retrouvent alors que l’un d’eux revient de voyage aux Pays-Bas. Ils se retrouvent à échanger à propos de leurs tromperies et de leur ouverture de couple, et ce qui était une conversation badine devient une engueulade pleine de ressentiments. Ce n’était pas si mal, mais c’était juste très banal et dont il ne me semblait pas que ça méritait qu’on en fasse un film. Tout simplement. ^^

Heavenly brown body (USA, 2020)

Ouh là là, il y a eu des applaudissements nourris pour ce truc, et je ne comprends pas. Je n’ai pas trouvé cela bien filmé, ni bien monté ou joué, et peu intéressant. Ok pour le fait de présenter des corps divers, des corps gros, et des personnes queer racisées, c’est même super ça, mais alors il faut le faire “bien”. Là c’était une sorte de performance burlesque ratée selon moi. Dommage.

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