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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

La Femme de nulle part (1922)

C’est sans doute lors d’une de mes pérégrinations dans les Internets que je suis tombé sur le prix Louis Delluc, que je connais de nom, et je me suis demandé mais qui c’est ce mec au fait ? Bon et le mec est bien cinéaste, et surtout connu pour un film qui avait eu apparemment un grand succès critique à l’époque. Quand j’ai vu que ce film, La Femme de nulle part, était sorti en 1922, j’avoue que j’ai eu un certain vertige… Mein gott, cent ans !!!

On trouve facilement ce genre de film en ligne (pour les plus connus en tout cas) et comme il n’y a plus trop de sujets de droits, ce n’est pas compliqué si vous voulez le voir. Je me disais que ça serait bon pour ma culture, et j’étais surtout curieux. La comédienne principale est assez réputée (mais je n’en avais jamais entendu parler, évidemment), Eve Francis, et j’ai lu qu’elle avait été l’épouse de Louis Delluc. Ils se sont séparés en 1922 (il est mort en 1924), mais elle a été enterrée avec lui, 56 ans après la mort de son ex.

Le film dure 1 heure, et le scénario est assez simple. Un couple, avec un bébé et quelques domestiques, habite une maison cossue en Italie, mais la femme s’emmerde fermement. Elle a carrément un amant, et il lui propose de s’enfuir avec. Une femme étrange, assez âgée et abimée par la vie, débarque un jour à pied, elle apprend au couple qu’elle a vécu là il y a plusieurs décennies et qu’elle est très nostalgique de l’endroit, elle demande si elle peut y passer quelques heures pour repenser au passé. L’homme lui propose de rester la nuit, et lui part vaquer à ses affaires, il laisse les deux femmes ensemble.

La “femme de nulle part” détecte tout de suite l’histoire qui se trame entre la jeune femme et son bellâtre, et elle se revoit des années auparavant alors qu’elle-même a cédé à sa passion, et a abandonné son foyer. Elle va essayer de raisonner la jeune femme, tout en revivant ses souvenirs passionnels et ravivant la souffrance de son parcours.

Finalement, la jeune femme se ravise, et elle reste avec son mari.

Le lendemain, la femme plus âgée repart comme elle est arrivée, seule sur la route vers nulle part.

Alors certes la morale est un peu trop hétéro-patriarcale, mais bon pour l’époque hein… Et surtout ce truc a 100 ans !!! 100 ans ! Déjà la description de l’adultère est assez osée pour l’époque en réalité. Mais ce qui est vraiment frappant c’est que la réalisation est d’une incroyable modernité. Je comprends que ce cinéaste soit un des personnages importants de l’histoire du cinéma. On retrouve des plans incroyables et un véritable vocabulaire cinématographique dans sa manière de filmer.

Il y a tous ces plans en extérieur qui sont bluffants de qualité, et vraiment les cadrages, les mouvements de caméra et un montage qui valent vraiment certains films d’aujourd’hui. Le muet n’est même pas trop gênant, car c’est un film plutôt mutique dans les faits, et qui repose sur des non-dits, des regards et des introspections. Les visages sont filmés de près, les expressions sont bien là, on voit les pleurs et les hésitations, le dédain ou l’envie… Clairement pour l’époque c’est du haut-vol de cinéma et de jeu.

Alors évidemment on est dans du cinéma très expressionniste avec Eve Francis qui en fait des caisses, mais j’aime tellement ça. Et la subtilité des plans aide vraiment à bien ficeler la narration et l’action (qui reste certes mince).

C’est tellement cool de voir un film qui a cent ans, et d’en lire des codes d’aujourd’hui, et de sentir toute l’avant-garde qui a très justement pu être perçue dans une telle œuvre.

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