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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Promenade au Père-Lachaise

Lundi dernier, je suis allé au Père-Lachaise, ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé, et c’était aussi pour un enterrement la fois précédente. J’y suis énormément allé pour me promener depuis que j’habite à Paris (depuis 1998 donc), mais je tends à l’utiliser plus dans sa fonction d’origine depuis quelques temps. Comme c’est le Père-Lachaise justement, je suis arrivé deux heures avant et j’ai pu errer en solitaire au milieu des anciennes tombes et leurs décors d’antan.

C’est évidemment un des lieux les plus calmes de Paris, et j’y allais beaucoup au début des années 2000 juste pour lire un bouquin pendant quelques heures dans une délicieuse atmosphère de quiétude et esseulée. Les deux enterrements que j’évoque étaient liés plus ou moins directement à ce blog, et étaient d’une infinie tristesse, emportant des gens jeunes et dont le décès prématuré fut un choc violent. Cette déambulation fut propice à penser à eux, et un peu à soi aussi.

L’endroit est moins glauque que d’autres cimetières pour l’ensemble de ses anciennes tombes, chacune différemment ouvragée, et leur arrangement plus ou moins bordélique avec une nature qui a largement repris ses droits. Je déteste le style actuel des tombes avec ce granit découpé en formes nazes et les lettrages en or tape-à-l’œil. Je ne comprends vraiment pas le peu de révolution de design dans ce domaine. ^^

J’aime là la statuaire plus ou moins dégradée, avec la pollution qui pousse le contraste à 200% sur certains profils, donnant des expressions totalement gothiques et en “noir et blanc” dans cette lumière hivernale.

J’aime aussi les détails comme cette porte rouillée que j’ai mise en exergue avec un brin d’hortensia séché qui a délibérément été placé dans sa serrure. Mon regard est aussi attiré par des expressions, des gestes ou certaines correspondances éphémères que mon cerveau imagine.

Il y a aussi quelques œuvres monumentales qui sont à elles-seules des pièces de musée, et donc la thématique mortuaire propose toujours des allégories bien dramatiques et hautes en couleur.

Celle-ci me tape dans l’œil à chaque fois, tant je trouve émouvant ce geste et ce mouvement vers le gisant.

Je ne pouvais pas manquer ce détail de la tombe de deux aéronautes qui sont morts ensemble lors d’une expérience en ballon. Théodore Sivel et Joseph Crocé-Spinelli sont enterrés ensemble sous un gisant les représentant se donnant la main. Quelqu’un a dû y mettre une fleur il y a quelques jours ou semaines, et l’image était très belle.

Je connais beaucoup de ces tombes depuis les années, mais j’en découvre encore de nouvelles lorsque me perds dans des sections que je n’avais par hasard jamais arpenté. Et là c’est cette tombe dont le pinacle est cette étonnante tête de pharaon aux yeux clos et l’index sur les lèvres. Magnifique et incroyable vision…

Enfin, depuis le point culminant du Père-Lachaise (grosso modo), et uniquement l’hiver, lorsque les arbres sont largement effeuillés, on peut avoir une vue dégagée et assez originale sur le centre Georges Pompidou et la Tour Eiffel, tout à fait alignés.

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  • J’adore les vieux cimetières et je suis allée deux fois au Père Lachaise là aussi pour déambuler et tout en regardant les tombes, envoyer des pensées à ceux qui reposent là. Par contre je n’y suis jamais allée pour un enterrement, mis à part des célébrités, je ne connais personne qui dort là.

    • J’aime bien aussi, et j’ai un rapport avec la mort assez serein donc je ne trouve pas cela spécialement glauque, mais plutôt une sorte de temple des ancêtres assez “familial” et chaleureux (enfin j’aimerais que ce soit plus cette ambiance qui soit cultivée dans ces lieux).

  • Ma mère me promenait là-bas quand j’étais bébé parce que visiblement on habitait juste à côté, mais je n’y suis jamais allée depuis, donc mes souvenirs sont … limités, disons. Par contre je connais le cimetière américain de Saint-Avold. Je n’ai jamais trouvé les cimetières glauques.

    • J’évoque vraiment les cimetières modernes avec des tombes affreuses, pas de végétation et juste un alignement de fleurs en plastiques, mauvaises photos, inscriptions en dorure et plaques commémoratives de mauvais goût. Oui je suis un peu dur. :rire: :mainbouche:

  • J’aime beaucoup les vieux cimetières. Ce devrait être interdit d’y utiliser du granit. Mais cette pierre clinquante a envahi nos vies, des cuisines aux tombes, avec ses illusions d’éternité. Ses promoteurs osent encore s’appeler marbriers… je t’en foutrais… :vomir:

    • Je me demande quand est-ce qu’on est passé à ce style, ça me fait penser aux années 50-60 mais c’est comme si on s’était arrêté à cette époque depuis. Les formes hyper has-been ou le dépolissage avec des dessins nazes, je ne comprends pas. :rire:
      Bon après un beau plan de travail de cuisine en granit, j’avoue que j’aime bien. :gene: :mainbouche: :rire:

  • JP est fils d’un granitier, il a sculpté du granit, polit aussi bien que cela ne soit pas vraiment ce qu’il préfère. Nous avons une sculpture en granit faite par lui en Alsace, non polie, très belle. Le granit peut être beau, s’il ne revêt pas ces formes si laides que l’on trouve dans les cimetières. J’aime tellement les vieilles pierres tombales avec posées dessus, les couronnes en faïence de fleurs et végétaux. Les sculptures moussues telles que tu les photographiées, j’y passe des heures, c’est apaisant et plein de tendresse

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