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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Vesper Chronicles

Je suis allé voir le film vraiment par pure curiosité. C’était l’été dernier, mais je vous ai dit je suis à la bourre, et je ne voulais pas l’oublier malgré tout. Fan de SF que je suis, c’est le genre de truc que je vois normalement en VOD, avec une production comme ça totalement indépendante et un petit côté série B qui fleure parfois très très bon. Mais là, on avait l’occasion d’aller au ciné, et ça le faisait bien.

Oh mais oui que ça l’a bien fait au final !!! Et c’est ensuite en faisant quelques recherches plus approfondies sur le film que j’ai découvert ses accointances avec une personne des Internets que je suis depuis les lustres.

Le film est donc une belle surprise et pépite, car il est aussi bien joué qu’il est bien filmé, que son histoire est intéressante et intelligente, et qu’il manie très habilement les effets spéciaux en essayant pas du tout de copier un film à gros budget. Malgré tout on est dans une production de très bonne facture, mais en n’essayant pas de viser trop haut, et en utilisant des principes simples et efficaces, on obtient une œuvre de SF d’une tenue assez rare pour cette gamme de films.

L’histoire est assez géniale, car elle est à la fois terriblement pessimiste et d’une noirceur bien affirmée, mais en même temps je trouve que c’est un scénario tellement crédible qu’il pourrait vraiment être un récit circonstancié d’une simple anticipation de nos années futures. Nous sommes dans un monde post-beaucoup de choses, et ce qu’il faut retenir c’est que tout est arrivé : le dérèglement climatique, des pandémies, de la pollution, des bouleversements politiques et économiques, et des solutions scientifiques évidentes comme l’usage des OGM en voici, en voilà qui ont mal tourné. Et donc le monde est tout pourrave et pété, les OGM ont détruit la faune et la flore, les animaux et les plantes ont plus ou moins muté, et les gens crèvent la dalle. La société s’est oligarchisée avec des “Citadelles” qui sont au-dessus de la mêlée, et qui notamment mènent la danse (capitaliste) en vendant des semences qui ne permettent qu’une seule récolte et sont totalement stériles.

Vesper est une gamine qui vit dans une baraque délabrée dans les bois avec son père. Ce dernier a besoin d’être constamment relié à une machine pour survivre et ne peut pas s’exprimer. En revanche, elle est tout le temps accompagné d’un drone qui lui parle, et le drone est en réalité connecté au cerveau du père qui peut s’exprimer comme cela. Vesper est très douée pour la manipulation génétique (dont les techniques sont devenues très accessibles et rudimentaires même) et le “biohacking”, et elle essaie de s’en sortir dans un environnement très violent (son oncle notamment subsiste en faisant des mômes à des gamines, et en vendant des poches de leur sang aux Citadelles par des transfusions régulières). Or un jour, un véhicule volant venant d’une Citadelle s’écrase dans la forêt près de chez elle. Elle fait la rencontre d’une jeune femme blessée dans le crash, et cela va changer beaucoup de choses.

Ce qui fonctionne très très bien dans ce film c’est avant tout la manière très habile avec laquelle on croit à cet environnement. Et pour cela, on n’est pas du tout dans des décors en images de synthèse, d’ailleurs c’est très marquant on voit qu’il n’y a pas de tournage en studio mais bel et bien dans un espace naturel avec de la boue, de la lumière naturelle (et il faisait froid !) et des arbres ! A la manière des effets de Game of Thrones, les effets numériques sont ajoutés à des images réelles ce qui permet un rendu global beaucoup plus crédible (notamment pour tous les espèces de plantes carnivores OGM étranges). J’étais même surpris pour le drone dont j’ai tout de suite cru que c’était une incrustation numérique, mais vraiment bien fichue. Je me disais que les interactions avec la comédienne étaient très naturelles et qu’elle avait assuré. Et en réalité non c’était bien un drone qui a été bricolé comme tel (ce qui est super crédible avec la technologie actuelle, modulo le bruit qui lui a été supprimé ^^ ). Il y a aussi ce truc d’avoir des gens qui subissent des mutations, et là c’est dans le casting où on a des comédiens et comédiennes avec des “gueules” qui participent au malaise global (genre “Le nom de la rose”).

Tous les décors et les appareils qui sont montrés sont très réalistes et “organiques”, c’est rouillé et ça tient à peine, c’est un mélange de bactéries, de levures dégueulasses et d’électroniques, et ça fonctionne à fond pour donner cette impression futuriste et de putréfaction à la fois.

On se retrouve avec une ambiance Blade Runner 2049 mais en beaucoup plus crue et “low tech”, j’ai aussi pensé à eXistenZ de Cronenberg pour l’aspect à la fois organique et technologique, et les bestioles génétiquement modifiées un peu crades. On peut reconnaître aussi un peu de la forêt toxique de Nausicaä dans la végétation presque vivante et phosphorescente, les hybrides flippants ou les particules en suspension dans l’air, et donc avec un côté très ambivalent sur une nature très présente et croissante mais dangereuse pour l’homme. Globalement, Vesper chronicles arrive à trouver sa propre direction artistique, et c’est une des indéniables réussites du film.

Après là où je suis moins dithyrambique c’est sur le déroulé de l’histoire en tant que telle. Disons qu’il n’y a pas de grosse surprise, on sait à peu près ce qu’il va se passer, et je n’ai pas eu de surprise ou de gros “twist”. Mais le film se tient bien, il est correctement construit, et on a envie de suivre le devenir de Vesper.

Je ne sais pas s’il y aura une suite, mais je serai vraiment partant pour la voir le cas échéant. C’est chouette de voir un film français, belge et lituanien qui arrive à ce point à tenir la dragée haute à des productions hollywoodiennes, et avec ce petit supplément d’âme en plus qui fait la différence et évite les écueils du scénario à l’emporte-pièce. Et puis vraiment cette habileté dans la trame narrative, les décors et les effets spéciaux est tout à leur honneur (aux auteurs et réalisateurs : Kristina Buožytė et Bruno Samper).

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