Le sida a marqué mon enfance et mon adolescence, mais c’était très loin de moi avant que je ne devienne moi-même actif sexuellement (pas spécialement pédé, vu que je suis pédé depuis la naissance ). Je me rappelle de la peur qui était instillée chez tout un chacun, et ce n’était pas facile de vivre avec cette peur de la sexualité (raccourcis vraiment très courant à l’époque, même certains vivaient encore l’insouciance des vertes années). La maladie ayant décimé nos aînés pédés, elle a aussi énormément marqué les artistes, eux-mêmes queers ou allié·e·s, et cette exposition est passionnante dans ce qu’elle convoque les oeuvres d’hier et d’aujourd’hui sur cette épidémie qui comme on le voit sur le bandeau d’accueil ne fait que commencer.
On est au Palais de Tokyo et comme d’habitude, je ne peux pas dire que j’ai tout aimé ou tout compris. Il y a même, comme d’habitude, des trucs qui m’ont fait sourire tant le cartel était du foutage de gueule (selon moi bien évidemment, j’ai l’humilité de me considérer un grand béotien dans tous les domaines), mais il y a aussi des tas d’œuvres ou d’initiatives ou de concepts qui m’ont pris aux tripes, ou qui m’ont vraiment interpelé, et c’est globalement une exposition de grande qualité. Et il y a bien sûr cet endroit magnifique et brut, qui est ainsi complètement investi et qui permet aussi des scénographie d’une grande créativité et “dimension”.
J’ai eu la chance de visite l’expo en pleine semaine et donc dans une solitude relative (j’aime tellement visiter une expo en solo, c’est beaucoup plus agréable de ne pas se presser et de rester le temps qu’on veut, où on veut et comme on veut). J’ai passé du temps devant les tableaux qui étaient des représentations collaboratives de certain·e·s malades africaines qui choisissaient ainsi de se figurer abstraitement ou pas, au-delà de leur maladie ou de leur statut. On obtient des œuvres formellement très impressionnantes et parfois saisissantes de créativité et de flamboyance.
J’adore qu’on puisse utiliser un espace si immense et abstrait pour y installer des choses simples et percutantes comme ces chaises (il y a avait du son) qui figurent tous ces gens qui manquent à l’appel.
On y trouve aussi de belles séries de photos, ou ces bannières qui sont aussi des créations collaboratives très évocatrices.
Evidemment, une série, parmi les plus connues, de Nan Goldin était exposée. Je me suis souvenu du choc que cela avait été de découvrir la photographe en 2001 lors d’une rétrospective au Centre Georges Pompidou, et notamment ses photos d’amis aujourd’hui disparus.
Il y a beaucoup à lire et à découvrir dans le cadre de cette expo, et elle offre une palette assez dingue de styles et d’artistes avec ce prisme singulier du VIH. Encore une fois, il y a à boire et à manger, et la beauté de la chose c’est que chacun y verra midi à sa porte, mais c’est forcément une expérience enrichissante, troublante, et dont on ressort secoué, peut-être un peu déprimé aussi, mais content au final (que ça existe).
Mattoo cette expo doit être très dure et tès triste mais j’ai envie de m’y rendre une petite façon à moi de rendre hommage à ces chers gays diparus
de cette maladie dégueulasse et je pense aussi à tous les gays , lesbiennes que j’ai rencontré toute jeune fille dans les anées 93 à 96″par là” et que je n’ai plus jamais revu du jour au lendemain alors qu’ils et elles fréquentaient souvent ” Le Queen” , ” Le scorpion” et d’autres endroitds et cela me peine encore beaucoup et je pense encore à eux avec une profonde affection éternelle …
Je te conseille d’y aller alors, c’est encore plus important quand tu as connu des gens touchés ou que c’est ta communauté qui a été impliquée.