MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Toute la beauté et le sang versé (Nan Goldin)

Je viens juste de parler de Nan Goldin qui était présente à l’exposition EXPOSÉ·ES au Palais de Tokyo, et je me rappelle de la claque énorme qu’a été ma première rencontre avec cette photographe géniale. Le Centre Georges Pompidou avait fait cette exposition avec des centaines d’œuvres de l’artiste, et j’avais été profondément marqué par ces séries qui mêlaient des clichés familiers avec une subtile beauté et une lumière intérieure qui m’étaient alors complètement inconnues dans le domaine de la photo.

Il s’agit là d’un documentaire à son propos, mais c’est bien plus que cela. Car c’est à la fois une biographie documentaire à partir des souvenirs et des œuvres de Nan Goldin, mais surtout l’illustration de son combat contre une très puissante famille de magnats de l’industrie pharmaceutique. Nan Goldin a été accro à un médicament opioïde très puissant et addictif : l’oxycontin, qui fait en réalité des ravages aux USA. Beaucoup de gens se retrouvent rapidement accro après une prescription médicale pour lutter contre une douleur post-opératoire par exemple, et des descentes aux enfers vont jusqu’à des overdoses mortelles (qui se sont multipliées par des facteurs surréalistes). Or ces médicaments sont promus avec des stratégies marketing très agressives et ciblées, et la famille Sackler est justement à l’origine de l’oxycontin et cette polémique brûlante. On est obligé de penser à la série Succession, quand on voit véritablement la tronche et l’expression de ces gens, c’est assez dingue.

La famille Sackler est aussi un immense mécène et un soutien philanthrope des plus grands musées dans le monde. Il y a des “ailes Sackler” un peu partout, y compris au Louvre. Et le combat de Nan Goldin est aussi dans cette remise en question des musées quant à l’affichage avec une famille à la fortune aussi suspecte et immorale. Pour raconter son combat, Nan Goldin revient au tout début de son existence (notamment avec le suicide sa sœur en 1963), et raconte sa vie par bribes, le tout illustré par des photos d’archives ou des œuvres.

Tout cela donne un film passionnant, très émouvant, vraiment un truc qui secoue par moment, et il y a une superbe mise en valeur du travail de cette photographe de génie. On y retrouve ses accointances avec les milieux queer, et le parcours de toute une vie dédiée à l’art et à sa quête de capture de la mémoire à travers ses séries photographiques. Il faut vraiment voir ce film, ne serait-ce que pour découvrir Nan Goldin, et pour prendre connaissance de ses combats.

Mais en plus c’est beau, c’est tellement beau, tellement puissant et troublant.

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  • Je vais voir ce film de cette fabuleuse et anti_ conformiste totale que fut cette femme de génie et d’une sensibilité immense , vu son passé et vécu
    très dur aussi avec les mecs .
    Elle est une outsider géniale et d’une grande intelligence elle qui vécut tants d’années auprès du milieu Queer et qui les captaient si finement , oh oui si bien , voilà qui donne une sacrée, au sens du sacré leçon de vie à tous les conformistes et gens figés dans tes idées qui remontent de l’ âge de pierre…
    Je l’admire tant et ai hâte de découvrir ce si beau film

  • C’est marrant je l’ai decouverte comme toi a Pompidou ! I will be your mirror… J’espère que je vais trouver une salle où il passe encore !!! Pour info le musée d’art moderne de Stockholm vient de faire une exposition de ses 7 slideshows qui regroupent son œuvre photographique avec de la musique. L’exposition est terminée mais va tourner a Amsterdam, Berlin puis Milan sur les 2 prochaines années et c’est absolument à voir

    • En faisant quelques recherches, j’ai vu ces slideshows, et ça donne super envie !!! Je pense qu’on a été pas mal à avoir été édifiés par cette expo à l’époque, j’avais regretté d’avoir passé tant de temps sans la connaître, alors le plus on en parle, mieux c’est !! :bisou: :bisou:

  • Je ne suis pas allé le voir parce que je ne suis pas coutumier des reportages au cinéma.
    Pour avoir lu un article consacré au reportage, le but était avant tout “biographique” mais au cours du tournage, le choc de la découverte de l’intrication entre la famille sackler et la crise des opioïdes à tout emporté. Nan goldin, immense photographe qui a photographier les pariats, la marge quand personne ne s’intéressait à eux.
    Je me laisserai peut être tenté.
    Habitué du palais de Tokyo, j’y passerai forcément pour voir l’Expo lors d’un prochain passage à Paris.

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