MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

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Bon bah voilà, on y est. Je n’ai pas toujours été assidu, et d’ailleurs j’ai une centaine d’articles de retard entre 2012 et 2015, que j’ai toujours l’espoir de poster un jour (sans doute sous une forme de résumé bâclé mais me permettant d’avoir mon web-log complet et fiable), mais j’ai toujours été là. Les réseaux sociaux nous ont rendu obsolète avant de nous voir mourir à petit feu, mais étrangement on est toujours là. Soit parce que nous avons retourné notre veste et investi ces mêmes réseaux, soit parce qu’on fait tout ça à la fois, ou parce qu’il y a un attrait totalement désuet à ranimer cette ancienne forme de communication, ce truc mégalo et narcissique qui étale son égo sans une once de honte ou de remords.

Bref, le MatooBlog a 20 ans. ^^

Le 3 avril 2003, après avoir écumé les commentaires des premiers blogueurs, et avoir eu des dizaines de gens qui me disaient “Bon maintenant il faut s’y mettre, c’est plus possible là !!”, je me lançais à mon tour et grâce à l’outil de blogging français made in Bastia b2 de Michel V (qui deviendra quelques années plus tard WordPress), j’ai commencé à bloguer. C’était vraiment tout ce que j’aimais le blog, parce que c’était basé sur l’écriture et la lecture, que c’était une manière de rencontrer plein de gens différents et la première et parfois unique manière c’était justement l’écrit. Il n’y avait que très peu de photos à l’époque, on avait à peine des webcam. On se découvrait par les mots, et on n’était pas assez nombreux pour être sélectif, on se lisait toutes et tous, on se liait toutes et tous. Bien sûr, j’ai été attiré par les garçons qui écrivaient, et ce fut tout de suite pour moi un outil communautaire, ma pédéblogosphère d’amûûûûûûûûûr !!

Cette incongruité totale de s’écrire ainsi sur les Internet n’était le fait que de quelques centaines puis milliers d’individus en France, en Belgique, en Suisse et au Québec (un peu plus bien évidemment si on suivait des anglosaxons), et c’était cool de se sentir lu comme cela. Alors on a vite eu aussi nos détracteurs, nos trolls et nos pisse-froids, rien de nouveau sous le soleil des Internets, mais ce n’était rien à côté de ce qu’on inventait tous les jours. Et surtout que de bonheur de lecture !!! Avec les flux RSS et les lecteurs de flux, ce sont des centaines d’articles par jour que je lisais avec une frénésie grandissante. Des histoires de soi, des histoires d’autres, des histoires vraies, des histoires fausses, des histoires de cul, des histoires d’amour, des histoires d’avocats, de médecins, d’infirmiers, de profs, de vétos, des histoires de tout le monde.

Cela blogrollait aussi dans tous les sens, on se faisait nos petites listes, et on se recommandait les uns aux autres. Le tout était gratuit et sans contrepartie, juste pour le bonheur de donner et de partager. Les sphères se composaient puis se décomposaient, les affinités étaient électives, les scandales quotidien et les résolutions instantanées, avant de se diriger vers la prochaine tendance bloguesque. Qu’est-ce que ça écrivait…

Et puis il y a les gens. Et ce qui est dingue c’est qu’ils sont restés. Ce qui est dingue c’est qu’ils sont aujourd’hui mes amis et ma famille de cœur. J’imagine que c’est le fait de s’être rencontré à ce moment là de nos vies, dans ce cadre, avec ces écrits, mais ce n’est pas anodin, ils sont toujours là. 20 ans plus tard.

C’est beaucoup 20 ans. Je suis passé de 26 à 46, de plus vraiment minot à vieillard en devenir, et tout a changé en contexte, mais Matoo est toujours dans les parages, j’espère assez fidèle à ma devise. Pectus est quod disertos facit. Et à mon credo du “pourquoi je blogue” :

– par narcissisme éhonté
– par passion de l’écriture, et ce moyen d’être lu tout en restant à sa place et sans jouer ni les écrivains, ni les journalistes, juste les scribes du quotidien
– par adhésion à une communauté de plus (élitisme de bas étage)

[source]

J’ai eu un peu d’espoir pendant la pandémie car on avait des choses à raconter, on avait du temps à tuer, et ça a fait flambé pendant quelques mois des reprises de blog ou la naissance de nouvelles vocations. Mais ça n’a pas trop pris finalement. Pourtant c’est une telle réponse à la toxicité des réseaux sociaux…

Je sais que ce que j’écris me fait passer pour un vieux con, mais c’est aussi sans doute cela que je suis devenu. Pas grave. ^^

J’aime toujours autant vous parler de moi, vous parler des pédés, des gouines, des trans et de tous les queers et torduEs que nous sommes, célébrer ce que je suis juste parce que je le peux, et parce que c’est aussi la plus belle chose que le blog m’a apporté. Alors que j’ai toujours eu plaisir à partager, et à me raconter, j’ai aidé sans le savoir plein de petits pédés qui cherchaient des exemples sur les Internets, et qui m’ont écrit, souvent des années après m’avoir lu, pour dire qu’ils avaient eu de l’espoir en me lisant, qu’ils avaient pris confiance, qu’ils avaient souri à l’idée qu’on puisse être gay et bien dans ses baskets. Le “It gets better” qu’on a parfois besoin de lire pour s’accrocher. Je n’avais pas compris que ce serait ça mon plus bel apport pendant quelques toutes petites années. Mais j’en suis super super fier.

Aujourd’hui, ce blog ne sert à rien. Il ne me rapporte toujours rien. Il ne vaut rien.

Il est donc indispensable. ^^

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