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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan

J’y allais en étant un peu sceptique et en me préparant à une critique sanglante, mais non, tout au contraire. Ce n’est pas non plus un grand chef d’œuvre mais le film a le mérite de bénéficier d’une belle production, ce qui donne une œuvre d’une certaine qualité formelle, en plus de quelques atouts bien sentis, et surtout une histoire enfin un peu conforme à celle de Dumas. Les comédiens et comédiennes tiennent la route, et l’action est soutenue, bref ça le fait pas si mal.

Après ce sont des choix esthétiques bien trempés, avec un filtre à la “Pacte des loups”, des gueules bien marquées et un naturalisme presque un peu trop gameofthronesque, mais par rapport aux films colorées et proprets de l’époque Jean Marais, j’ai plutôt aimé. Là ils ont tous l’air carrément crades, avec des affaires dégueulasses quand ce ne sont pas des guenilles, et des costumes plutôt crédibles (en tout cas à l’idée que je peux m’en faire, et donc fatalement biaisée). Et comme en contraste, on retrouve les superbes décors des châteaux et des costumes des plus notables, mais même Louis XIII dans son apparat le plus quotidien est assez simple et crédible lorsqu’il échange directement avec les mousquetaires.

Et d’ailleurs, pour une fois, on entend et on voit bien les fameux mousquets des mousquetaires, alors qu’on avait l’habitude de films uniquement de capes et d’épées ce qui est plutôt contre-intuitif pour cette fameuse compagnie militaire dotée de fusils primitifs. Là ça pétarade et ça tire à bout portant, et ça fonctionne plutôt bien. En revanche, les scènes de baston ou d’action soutenue sont filmées caméra à l’épaule, et je n’ai pas aimé du tout. L’image devient brouillonne, ça fait mal au cœur, et on finit par ne plus rien comprendre à l’action en cours. Il y a aussi quelques images de synthèse malheureuses alors que les idées étaient assez bonnes, comme cette scène de course poursuite le long des falaises de craie blanche anglaises (on passe sur le château de St Germain-en-Laye voisin, pas très bien intégré non plus, hu hu hu).

François Civil fait un bon D’Artagnan, il a ce truc rigolo du beau mec de province un peu beauf et très gonflé. Et on attend cette première scène qui vient à point alors qu’il se retrouve à Paris depuis quelques heures, et déjà avec des duels prévus avec Aramis, Athos et Porthos. Vincent Cassel fait vraiment le service minimum en Athos, mais c’est passable. Romain Duris est très bon en Aramis, et cabotine juste ce qu’il faut. Pio Marmaï est excellent en Porthos, dont ils ont absolument tenu à faire un bisexuel avec une drôle d’insistance. Mais tout cela est avancé dans des plans hyper montés et remontés, on a quelques secondes pour comprendre que Porthos peut se taper D’Artagnan, qu’il est hédoniste et donc en un plan on le retrouve au pieu avec une fille à droite et un garçon à gauche. Et c’est tout. Le truc absolument inutile, en tout cas pour le moment.

C’est d’ailleurs un de mes reproches, l’action est certes haletante et le film ne traîne pas, mais on ne suit pas du tout l’arrivée de D’Artagnan et l’amitié naissante avec les trois mousquetaires. Ils deviennent meilleurs amis mais on ne les voit tellement pas tisser de liens affectifs qu’on se demande bien comme un telle infatuation arrive aussi soudainement. Le film dure déjà deux heures et j’imagine qu’il a fallu faire des choix, mais un chouïa plus de contexte et d’intrigues secondaires auraient pu aider.

Le truc cool c’est que l’histoire est plus ou moins respectée, que cela reste un bon film picaresque et très épique. Il y a aussi Eva Green qui est égale à elle-même en Milady et donc absolument méchante et géniale, très Moriarty en devenir qu’on a hâte de revoir dans ses manigances. En revanche, à l’autre bout du spectre, on a la comédienne qui joue Constance, et là c’est catastrophique. J’ai trouvé qu’elle jouait vraiment mal, et on ne croit à aucune de ses répliques, y compris son affection pour D’Artagnan.

J’aurais aimé parfois réduire leurs dialogues, et avoir des répliques plus efficaces et un peu plus justes, mais franchement c’est pas mal du tout. Le film n’est absolument pas chiant, l’action est continue, l’histoire se déroule avec intérêt, et les petits cailloux sont bien semés pour le second film. On connaît l’histoire des ferrets, mais l’arrivée des bijoux au dernier instant est toujours un truc jouissif qui fonctionne là encore à merveille. Il faut aussi noter que Louis Garrel est fantastique pour camper un Louis XIII neurasthénique et perché, tiraillé par ses conseillers politiques et sa raison, et qui est à la fois très drôle et joué à la perfection (alors que le rôle est plutôt casse-gueule). Il m’a épaté. (Bon et là, ils auraient pu sur le coup jouer sur le côté “mignons” de Louis XIII, mais du tout.)

J’irai voir le second opus avec plaisir, et c’est vraiment cool de voir un film français d’action de cette facture, ce n’est vraiment pas souvent.

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  • Oups, tu veux dire que c’est le château de Saint-Germain qui est collé sur la falaise ? Je me suis fait complètement leurrer mais je n’y suis jamais allé. Et c’est un très mauvais choix, puisque la cour de Louis XIII s’y fourrait assez souvent. Mais à part ça j’ai bien aimé aussi. Sur Porthos bi, inutile mais rigolo car contrintuitif pour un large public, on imaginerait plutôt Aramis mais là je projette trop sur Romain Duris…

  • Tu confonds pas les mignons de Louis 13 avec ceux d’Henri 3 ?
    À ce propos, d’après les dernières études, ce serait une vilaine cabale contre lui (même s’il n’y a rien de mal à aimer la b) et que ce serait démonté depuis des siècles.

  • Purée, le dilemme, déjà, aller voir un film français (argh), avec Eva Green, certes, et François Civil (Graou !), MAIS avec Vincent Cassel (Et pourquoi pas Depardieu tant qu’on y est ?)

    Je vais sans doute le tipiaker

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