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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

De Béjaïa à Vannes (Claire Diterzi au Palais des Arts de Vannes)

Il faut qu’on l’aime notre Claire Diterzi pour se faire la route jusqu’à Vannes un soir de semaine, mais c’était joué d’avance, on était certain que le jeu en valait la chandelle. Et ce fut bien le cas, une fois encore. Pour cette soirée-là plus versatile que jamais avec un spectacle mi-pièce, conte et concert, l’artiste nous a présenté une de ces œuvres protéiformes et “totale” qui est une réussite sur tous ses volets.

L’œuvre, qui dure 1h15, donc assez courte, est centrée sur son unique comédienne, la très talentueuse Saadia Bentaïeb qui interprète Tassadite, et qui nous conte sa vie. On va suivre avec grande attention cette narration qui ressemble un peu à une fable ou à un conte. Tassadite Zidelkhile n’est pas un personnage fictif mais une femme bien connue d’Ivry qui a écrit avec son voisin : Mes rêves, mes combats. De Béjaïa à Ivry-sur-Seine ( 2007, L’Harmattan). Tassadite est décédée du Covid en septembre 2021, et cette pièce-concert est directement inspirée par cette femme haute en couleur. (Claire Diterzi préparait le spectacle avec Tassadite, mais le décès de cette dernière avait coupé court à leur collaboration.)

La comédienne raconte donc depuis sa petite enfance à Béjaïa, en insistant bien sur la particularité de son origine kabyle au-delà de l’Algérie, et on aura beaucoup d’illustrations de cette facette culturelle. Le spectacle est total dans ce qu’il offre en plus de la protagoniste unique, des projections très travaillées qui illustrent les décors qui sont évoqués, parfois des paysages, des motifs de tissus ou des bijoux. Et en plus de cela, quatre musiciens et musiciennes incroyables viennent compléter l’œuvre.

On trouve un fabuleux joueur de mandole et banjo, Hafid Djemai, et qui est aussi un magnifique chanteur berbère.

Amar Chaoui est un percussionniste à la dextérité bluffante et dont les doigts disparaissent tant ils exécutent rapidement leurs mouvements.

Raffaelle Rinaudo est à la harpe, et tout au fond masquée par les fumigènes, on reconnait Diterzi à la guitare. Cela illustre bien son humilité et la manière dont elle se positionne au sein du spectacle. Elle est une musicienne et chanteuse comme les autres, et elle se place vraiment en interprète du récit de Tassadite, probablement aussi en écho à ses propres origines paternelles kabyles.

On y entend des chansons traditionnelles kabyles, et des passages purement acoustiques, et Diterzi y introduit même comme un clin d’œil fantasque sa chanson Princesse arabe de 2005. Le mélange entre la musique, les anecdotes poétiques ou facétieuses de Tassadite, et les projections fonctionne à merveille, et on ne s’ennuie pas une seconde. L’histoire de cette femme est aussi celle de beaucoup d’émigrants algériens, de moments plus difficiles où on se déracine, où elle élève ses huit enfants à Ivry, et peu à peu son existence qui s’établit avec une certaine sérénité dans une cité du coin.

Le seul reproche que je ferais au spectacle est d’être finalement trop court, et parfois trop superficiel quant aux évocations de la vie de Tassadite, notamment quand elle s’installe en région parisienne. Je suis un peu resté sur ma faim, alors que la qualité formelle de l’ensemble est vraiment formidable. J’aurais vraiment aimé voir un bon 3/4 d’heure de plus !!

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