C’est en se promenant en ville hier (il faisait moins chaud qu’aujourd’hui, où c’est un cagnard incroyable), qu’on a voulu rattraper deux endroits, ignorés jusque-là, du Voyage à Nantes de cette année.
On a commencé par ces énigmatiques et superbes têtes en céramiques de très grande taille, posées sur le sol de la cour d’un hôtel particulier (celui de Châteaubriant, rue de Briord). L’œuvre de Maen Florin (même artiste céramiste à qui on doit les œuvres aquatiques de la fontaine de la place Royale) s’appelle Commedia et les têtes : Performer, Whitewashed, Soutine et Black Beard.
Difficile d’en dire beaucoup plus sinon que c’est très beau, que l’incongruité de leur emplacement est vraiment sympa et intrigante, et que l’on se pose des tas de questions à propos de ces personnages. Leur genre, le maquillage, les yeux ouverts ou clos etc.
Dernier jour du Voyage à Nantes pour découvrir (tout s’arrête ce dimanche) également ces allégories (Justice, Histoire, Jurisprudence et Éloquence) qui faisaient partie d’une ancienne statue du 19e en l’honneur d’Adolphe Billault (ministre de Napoléon III), qui a été fondue pendant la seconde guerre mondiale (par Vichy). Elles sont exposées devant le tribunal (aka l’accueil de l’Étoile Noire), et c’est chouette de les voir d’aussi près. Ce sont de belles œuvres, et ce serait dommage qu’elle reparte dans des sous-sols de réserves…
J’aime bien cette idée de présenter ce qui à la base n’étaient que des faire-valoir d’une statue d’un personnage réel, et de se rendre compte que ce sont de très belles œuvres en tant que telles.
On a bien sûr cherché à attribuer les allégories aux sculptures présentées, et il était facile d’identifier la Justice avec son glaive et sa couronne de pointes, assez évident aussi pour la Jurisprudence qui tient des lois représentant un code romain. Quand j’ai vu celle avec l’air pensive qui regarde au loin, et qui tient un crayon comme pour chercher l’inspiration, j’ai pensé à l’Éloquence en représentant (mais c’est étonnant) l’orateur en train d’écrire son discours. Mais la quatrième est assez énigmatique, ce serait l’Histoire, et donc elle porte d’une main une couronne de lauriers et de l’autre une palme…
Et puis j’ai remarqué qu’il y a un papier avec une gravure et les noms de Cicéron et Démosthène. En pensant aux “Vies parallèles” de Plutarque qui évoquent ces deux noms ensemble, je me suis dit que c’était deux orateurs célèbres, et que nous avions sans doute à faire à l’Éloquence. Et donc l’Histoire est cette autrice qui réfléchit et contemple l’existence pour transcrire tout cela… Est-ce que c’est ça selon vous ?
Alors, je me suis dit avant même que tu évoques les orateurs célèbres que tu avais dû inverser Eloquence (avec les prix qu’elle a reçus parce qu’elle cause bien) et Histoire, qui se souvient pensivement et qui doit noter pour ne rien oublier. Mais je ne suis pas spécialiste en statuaire. Et celles-là m’ont échappé lors de mon passage éclair à Nantes, quel dommage!
On m’a en effet aiguillé vers un site qui précise tout cela : “La Justice est représentée avec ses attributs traditionnels, la balance illustre la recherche d’équité et l’épée suggère son caractère répressif. L’Éloquence tient un parchemin sur lequel sont inscrits les noms de deux grands orateurs de l’Antiquité, l’Athénien Démosthène et le Romain Cicéron. La Jurisprudence présente une tablette sur laquelle sont gravés les noms de l’empereur Romain d’Orient Justinien et du juriste français Jacques Cujas, tous deux reconnus pour leurs œuvres fondatrices de compilation législative. L’Histoire, enfin, observe, écoute et écrit.”.