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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

May December (Todd Haynes)

J’étais très circonspect sur ce titre (que je ne comprenais vraiment pas), mais c’est une expression idiomatique qui signifie qu’il y a une grande différence d’âge dans un couple. C’est vrai que c’était vraiment difficile de trouver une traduction adéquate, et je vois qu’au Québec c’est également laissé en anglais, donc je ne peste pas plus à ce sujet. ^^

Le film est très librement inspiré de l’affaire Mary Kay Letourneau, et on retrouve en effet un contexte similaire. Julianne Moore incarne une femme qui a eu une relation amoureuse et sexuelle avec un de ces ses étudiants, un jeune homme d’origine coréenne de 13 ans, et qui a été emprisonnée pour cela. Mais elle a eu trois enfants avec le garçon (joué par Charles Melton) et ils sont mariés depuis plus de vingt ans. Il n’en reste pas moins qu’ils vivent toujours bléssés par un certain opprobre, et ils vivent toujours dans le même coin, avec leurs familles et connaissances aussi marqués par tout cela.

Natalie Portman, en tant que comédienne, arrive chez eux car elle va produire et jouer dans un film, où elle va incarner le rôle de cette femme. Elle cherche, pour travailler son rôle, à comprendre et imiter le plus possible Julianne Moore. Elle plonge dans une situation très complexe et émotionnellement tendue, avec une famille dysfonctionnelle à bien des degrés.

Le film mise clairement sur ses deux interprètes, et on peut largement le comprendre. Le duo Natalie Portman / Julianne Moore est merveilleusement bien chorégraphié, et Todd Haynes (qui est gay évidemment ^^ ) met le paquet pour exploiter au mieux le talent dingue de ces deux monstres du cinéma. Cela donne quelques scènes d’anthologie, dont ce moment où Julianne maquille Natalie, ou bien un autre où Natalie s’exerce pour son rôle et incarne l’autre femme en mode Actors Studio. Et globalement toute la photo, et les plans avec les deux femmes ou l’une avec l’autre, ou encore en regard de l’autre, sont travaillés avec beaucoup de minutie et de brio.

Todd Haynes c’est le génial réalisateur de Carol, Dark Waters ou encore Loin du Paradis, et Julianne Moore est une de ses actrices fétiches. Il arrive à instiller une ambiance à couper au couteau dans des scènes en apparence très lisses et américaines. On retrouve vraiment une ambiance chabrolienne très intéressante. Et j’ai adoré comme le sujet de base est déjà assez intrigant, mais il est détourné par la relation entre les deux femmes, et au-delà de cela : le fait même de faire un film sur un fait-divers comme ça.

Mais j’ai eu un gros problème, et c’est la première fois que c’est un tel phénomène pour moi : la musique ! Il y a un thème qui revient régulièrement et qui est CHELOU !! Déjà ce sont clairement les notes du générique de “Faites entrer l’accusé” et donc ça m’a énormément troublé (c’est peu de le dire). Mais c’est complètement dissonant avec le film. On n’est pas du tout dans un thriller ou une enquête d’Hercule Poirot, et à intervalle régulier on a ce thème qui est asséné, et qui vient complètement vous sortir du film. Je ne comprends pas du tout, pourquoi ce thème (au-delà de la référence troublante ^^ ) aussi appuyé et emphatique sur un film plutôt subtil et finement réalisé.

Mais sinon, c’est vraiment un film à voir et qui a énormément de niveaux de lecture, et d’appréciation. Il est magnifiquement porté par ces deux comédiennes de génie, et il vous colle dans une atmosphère très gênante et malaisante, avec des personnages qui ne sont jamais vraiment gentils ou méchants. Une ambiance encore une fois chabrolienne à couper au couteau, et on en ressort encore tout chafouin, car la fin n’est pas vraiment très “tranchée” et jusqu’au bout l’auteur nous roule dans la farine et brouille les pistes. C’est un film dont je me dis qu’il faudrait que je le revois en réalité. ^^

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  • J’ai eu la chance de voir ce film en avant première, organisée par un critique de cinéma, avec introduction et debat / discussion. J’ai trouvé ce film pas mal vertigineux, aussi grâce aux interventions du critique et du public.
    Il nous a bien briefé au début sur la musique, justement. Qui est en fait une reprise d’une composition de Michel Berger pour le film “le messager” (“the go-between”) par Joseph Losey, sorti en 1971. Elle doit introduire de la tension, sans être dramatique. Évidemment, pour nous, spectateurs français, la connotation est differente.
    J’en profite pour dire aussi qu’il a attiré notre attention sur les jeux de miroirs dans la mise en scène / réalisation du film, si tu parviens à te remémorer ou que tu le revois. En tout cas, belle resonnance avec le sujet et son traitement.
    Et nota : je ne sais plus si j’ai déjà commenté et dit : suis nouvelle chez toi, arrivée via Dr Caso :clindoeil:
    Wam

    • Vraiment pour moi c’était lourd comme musique, et totalement décalé avec l’action, mais je ne sais pas si c’est le rapprochement “faites entrer l’accusé” ou bien ma propre sensibilité. ^^
      Oui les miroirs, c’est très visible, et j’ai beaucoup aimé ce jeu très habile. :huhuchat:
      Je te souhaite la bienvenue !! :bisou:

  • “Vraiment de quoi aurions-nous l’air ?
    J’entends déjà les commentaires,
    “Elle est jolie, comment peut-il encore lui plaire
    Elle au printemps, lui en hiver”.”

    Il suffirait de presque rien, Reggiani.

    Je ne comprenais pas le titre non plus mais j’ai pensé à cette chanson en le lisant.
    Merci pour vos articles, je suis arrivé chez vous par le Doc aussi (reviiiiens !)

    • Ah ah c’est marrant, quand mon mari m’a expliqué l’expression (c’est lui qui en a cherché l’origine), on a aussi évoqué cette chanson qu’on adore. :huhuchat:
      C’est marrant, je me dis qu’elle reviendra cette Docteure qu’on aime tant. :amitie:

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