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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Symphonie n° 7 “Leningrad” (Dmitri Chostakovitch) par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse

Je ne connaissais pas vraiment cette symphonie (et le compositeur que de nom en réalité), et j’ai juste écouté ça deux fois avant de venir à la Philharmonie. Mais c’était l’occasion d’écouter une personne que je suis sur les Internets et qui est violoniste dans cet orchestre. Je ne connaissais pas non plus Tugan Sokhiev, mais les applaudissements nourris à son égard m’ont fait dire que ce n’est pas loin d’être une rock-star dans son domaine. ^^

Et puisque c’était la soirée des découvertes, j’étais en catégorie 2 et juste au premier rang, bille en tête dans les cordes !! Ce n’est pas vraiment la position idéale pour avoir une écoute équilibrée et la plus harmonieuse, mais il n’y a pas à dire : c’est une expérience incroyable pour vivre au cœur des instruments, et même si j’ai perçu “plus fort” la partie de l’orchestre dont j’étais le plus proche, j’ai eu l’occasion de voir de plus proche que jamais les instrumentistes et tous ces incroyables artisans de la Grande Musique1.

En plus, j’étais plutôt bien placé avec un violoniste assez agréable à regarder pendant 1h10. ^^

Ensuite, la symphonie en elle-même était une merveilleuse pièce à ressentir comme cela en “live”. Et pour une fois, en tout cas c’est assez rare pour le signaler, le programme était très intéressant et un vrai vademecum pour accompagner les morceaux. On comprenait déjà le thème “Leningrad” et toute la complexité des relations du compositeur avec le régime soviétique. Donc cette symphonie pouvant à la fois être une célébration de la résistance de Leningrad contre les allemands pendant la seconde guerre mondiale, mais également l’image de ce qu’elle a elle-même subi du régime stalinien quelques années auparavant.

On pouvait y lire également une description plutôt bien fichue (parce que proposant des pistes d’interprétation, mais sans fioriture ni style ampoulée, et même avec du conditionnel, d’un commissaire d’exposition qui aurait trop fumé) qui permet de s’y retrouver dans les différents mouvements, et qui donne quelques métaphores possibles avec la guerre ou les émotions que la ville a pu susciter à l’auteur. Cela m’a permis de suivre correctement le spectacle et j’ai l’impression de vraiment bien en profiter.

J’ai vraiment été conquis par deux passages très différents, mais les deux sont superbes selon moi. D’abord c’est ce truc tellement pompier que ça ne pouvait que me plaire. Dans le premier mouvement, j’avais lu qu’on avait une partie qui était analogue au fameux (et répétitif avant l’heure) Boléro de Ravel, c’est à dire un truc qui commence petit, avec un motif musical reconnaissable, et puis une amplification progressive, avec des instruments en plus, et une répétition de plus en plus forte, ample et emphatique. Et là la tronche dans un orchestre philharmonique, je peux vous dire que ça donnait à fond les ballons !! On est clairement dans une sorte de marche militaire qui finit dans une apothéose qui est à la fois jouissive, bordélique et l’annonce d’une destruction complète de toute vie. Mais il y a eu à ce moment un élan assez fantastique, et les musiciens étaient à fond et avaient l’air de bien prendre leur pied aussi (l’autre avantage d’être à deux centimètres de leurs pompes).

Il y a eu plusieurs moments comme cela, mais pas aussi forts, et cette symphonie N°7 n’est au moins pas du tout un truc chiant ou atonal (je n’ai rien contre, mais parfois c’est chiant ^^ ), c’est au contraire une vraie musique de film qui raconte énormément de choses. J’ai aussi beaucoup aimé un passage principalement concentré sur les violons et les cordes dans le troisième mouvement, c’était très très mélodieux, puissant et romantique à la fois, un truc qui m’a plongé dans un moment et un état très singulier, difficile à décrire.

Et puis, il faut tout de même saluer Tugan Sokhiev qui a donc été applaudi à tout rompre avec ovations d’une foule en délire (sans déc). Le chef d’orchestre était vraiment incroyable, et encore une fois l’avantage d’avoir le nez sur les musiciens c’est que j’ai parfaitement vu son jeu à lui. C’était fascinant et très instructif quelque part, il a un charisme incroyable et une vraie emprise sur l’ensemble des musiciens. Son regard et les mouvements de son visage étaient sans cesse en agitation et en train de diriger autant qu’avec les inflexions de ses mains. Et la symphonie se jouant quasiment non-stop pendant 1h10, c’est un tour de force qui doit l’avoir complètement mis sur le carreau.

Je n’avais jamais entendu l’orchestre national du Capitol mais clairement ce ne sont pas (littéralement) des petits joueurs. ^^ Bon après, c’est l’avis d’un sacré béotien, mais c’est le mien. Hu hu hu.

  1. Comme disait ma grand-mère pour la musique classique. ^^ ↩︎

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  • Je connaissais la valse n°2, de Chostakovitch, mais pas Leningrad. Et quand j’étais ado, j’ai eu la chance de pouvoir m’asseoir à côté de ma correspondante allemande, au milieu de l’orchestre scolaire, pendant une répétition: une expérience musicale incroyable. Donc, je veux bien croire que tu as passé un excellent moment.

    • Je préfère être placé un peu plus en hauteur et avoir une écoute un peu plus “équilibrée”, mais il fallait au moins une fois vivre ce truc là je pense !!! :amitie: Et tout de même le spectacle de la direction d’orchestre était idéal !

  • la musique classique est merveilleuse, splendide, fantastique. Le meilleur concert que j’ai vu était en italie, c’était un concert gothique dans une église …HUM un délice :amitie: :coeur:

  • Chostakhovitch: un grand! si tu peux trouver les préludes et fugues pour piano, joué par Keith Jarrett (un enregistrement très ancien!): c’est une pure merveille… et son opéra “lady Macbeth de Mensk”, peut-etre plus impressionant sur scene (vu à Lyon il y a quelques années: puissant!)

  • C’est vrai que tu étais particulièrement bien placé :) J’aime beaucoup les sièges au premier balcon sur le côté, juste au-dessus de l’orchestre, comme ça je les vois par-dessus et avec un peu de chance, j’ai une super vue sur le pianiste ou autre soloiste :) Je ne connais pas Leningrad mais j’adore le premier concerto pour piano de Shostakovich (c’est malin, maintenant je vais devoir l’écouter au lieu de faire du japonais, merci ;) ).

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