Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.
CHARME EXOTIQUE met-il dans sa petite annonce du magazine Gaipied de 1981 ce garçon, sans doute mauricien (c’est ce que donne le googlage ), de 29 ans qui doit avoir quelques piges supplémentaires aujourd’hui. C’est marrant d’ailleurs de constater que la plupart mettent comme cela sans problème leur adresse et leur vrai nom, mais évidemment c’était le seul moyen de l’époque pour entrer en contact : le contact épistolaire ! Comme cela paraît délicieusement suranné et une vraie bouteille à la mer, mais j’ai des témoignages, ça fonctionnait !!
Et on voit donc que le charme exotique cherche un charme européen. On peut tant lire dans cette petite annonce, et notamment de la recherche d’un mec un peu plus âge et “viril”. Ok, on te voit venir charme exotique !! Aujourd’hui, on pourrait conspuer ce genre de choses, en parlant d’exotisation internalisée pour ce pauvre garçon. Et je ne dis pas que c’est faux, je pense juste que c’est une notion complexe et subtile.
Elle est en effet parfaitement existante, visible, et bien dégueulasse dans notre environnement actuel. On peut voir à quel point les personnes racisées sont traitées sur les RSA1, et cela va justement d’une exotisation, parfois véritable fétichisme, à du rejet purement raciste. Et les deux réalités sont parfaitement dégueulasses. Mais parfois aussi, le truc est plutôt bien vécu. C’est ce qui rend la chose si ambivalente.
Je vois très bien des personnes de mon entourage par exemple qui sont blanches et ont un attrait parfaitement assumé pour les personnes noires ou magrébines. Pourtant ils sont justement militants et très versés par ce même attrait dans la lutte contre les discriminations, mais il n’en reste pas moins que la surreprésentation ne laisse pas mystère à leur goût. De même, j’ai rencontré beaucoup de personnes noires ou asiatiques qui ne sortent qu’avec des blancs, mais genre exclusivement. Avec un proche qui m’a un jour dit “Oh là là, j’aurais l’impression de sortir avec mon frère, pas possible !”. Tout cela reste de l’exotisation, mais ça passe.
Bon tout cela ne justifie en rien les exactions de fétichisme néocolonial à la con bien évidemment. Et c’est super triste que certains tombent 3 fois sur 4 sur ce genre de rencontres, ce qu’on ne mesure pas quand on est un petit gaulois de base comme moi. D’ailleurs, comme vous le savez je suis loin d’être le petit gaulois auquel je ressemble.
Je me rappelle tout de même avoir eu un plan cul inattendu via Caramail, ça devait être entre 99 et 2001. Pour l’unique fois de ma vie, j’ai été fétichisé et exotisé à mort par un mec très beau et très con. C’est en discutant sur nos origines qu’il a commencé à tripé tout seul sur mon nom de famille, second prénom, origines banlieusardes et qu’il me posait plein de questions débiles. Genre si je portais des joggings, si je parlais comme une caillera, si je parlais arabe et plein d’autres remarques complètement ineptes (pour moi en tout cas). Je répondais à tout par la négative, et cela ne faisait que plus l’émoustiller. On a fini par se rencontrer un soir très tard (dans ces années là, il fallait habiter le 11ème, on était tous à moins de 10 minutes à pieds ), et malgré toutes mes dénégations, ce fut un plan cul comme il le voulait. Et même non circoncis, apparemment j’avais quand même “une bonne bite d’arabe”. Mouahahahaha. Il était vraiment dans sa tête le mec. Mais je suis faible, et comme il était canon, bah j’ai joué le jeu.
J’ai honte, un peu.
Cela me rappelle aussi cet ami des Internets qui s’appellait “Oli(vier)”. Et un pote de pote bourré qui a une vrai fascination pour les “reubeus” avait entendu “Ali”. Eh bien, ça lui avait suffisamment chauffé les sens pour qu’il lui saute dessus. Mais comme l’autre était parfaitement consentant, pas mort d’homme.
- RSA = Réseaux Sociaux de l’Amour, donc les sites et apps de rencontres (de cul). ↩︎
Ces clichés qui traversent plus encore aujourd’hui la quête de “l’amour”…