Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.
Comment reconnaît-on des français en voyage à l’étranger ? D’abord avec des vêtements de la marque Quechua : chaussures, sacs à dos, polaire. C’est un vrai bon signe de ralliement gaulois ! Mais ces dernières années, Decathlon a bien essaimé en Europe, et ce n’est plus aussi fiable. En revanche, il reste vraiment un signe extérieur de francitude tout à fait manifeste depuis 1926 : un Guide Vert Michelin à la main !!
Je ne fais pas exception à la règle, car je reste très très attaché au fameux Guide Vert. J’ai beau en avoir essayé d’autres, j’y retourne toujours. Et à voir la surreprésentation de livres verts aux mains de nos compatriotes en vacances et en polaires Quechua, je ne suis pas le seul.
Et moi qui suis le gars qui tire moins de cent euros par an de liquide (plutôt 50 d’ailleurs maintenant), qui paye surtout avec son mobile (maintenant la carte physique c’est une fois sur vingt ou trente) et qui n’a pas de badge d’impression au boulot, bah je ne me suis pas fait à des guides en ligne. C’est comme la bédé, et même encore plus, le guide se consomme en papier. Il a besoin d’être feuilleté, annoté, corné, on a besoin de passer de la carte au détail, de repérer les trois étoiles sur le parcours, de faire un crochet pour ce truc que souligné mais qui a l’air tout de même pas mal (hein bidoubouchou ??), de regarder la carte parce que Maps n’est pas à jour, de vérifier si le resto n’est pas trop un attrape-touriste, de chuchoter la description du retable rococo de la petite l’église trop cool hors des sentiers battus (sauf par d’autres porteurs de livres verts à la francité exacerbée et au pompes Quechua rutilantes), de lire dans la voiture à son chéri qui conduit le résumé de la région dans laquelle nous arrivons etc.
“Tu prends le guide ?”
“Tu as pris le guide ?”
“Purée, il est dans la voiture !”
Ce fameux guide nous a d’ailleurs procuré une expression idiomatique très locale, à l’échelle de notre couple carrément : “faire une sarlate”. Je vous explique.
A l’été 2011, on avait décidé d’un chouette périple façon roadtrip mais dans le sud-ouest de la France, et en essayant de voir des “Grands sites de France“. On a vu plein de trucs géniaux malgré une météo pas très clémente. Je crois que c’est vers Rocamadour, qui nous avait déjà bien fait bifurquer de notre route, que je vois que la ville de Sarlat n’est pas très loin et que c’est trois étoiles dans le Guide Vert (!!!)1. Mais non c’est une heure de détour, ça fait planter tout l’itinéraire, c’était pas prévu, nanananananana.
Je dis “bon ok, tant pis”. Et oui, ok, peut-être que j’ai répété une petite centaine de fois par la suite que “C’était tout de même dommage de ne pas être passé à Sarlat parce que tout de même : y’avait trois étoiles !!!”. Depuis les occasions manquées de ce genre, et de tous les gens, sont des sarlates ! Quand il m’entend dire d’un air dépité “ok tant pis2“, il faut que j’assure que ce n’est pas une sarlate !! (Sinon on fait demi-tour sur l’autoroute en pleine nuit, et on ne prend plus l’avion qui était prévu !! )3
Dernière mise en application : pendant les dernières vacances, typiquement nos dialogues en voyage (je dis ce que je veux visiter, et c’est lui qui fait l’itinéraire, il est assez génial il arrive à caser 95% de mes desiderata4 ).
“Ah bon ? On ne peut pas passer voir la cathédrale de Worcester et celle de Gloucester en chemin vers celle d’Exeter ???”
“Bah non, on n’a pas le temps, Exeter c’est tout ce qu’on peut faire avant le ferry !!”
“Ok, tant pis, mais elles ont l’air vraiment vraiment vraiment incroyables, c’est vraiment dommage. Tant pis.”
” Tu vas pas me faire une sarlate hein ??” (Parce qu’il sait mon assuétude des cathédrales gothiques…)
- Logiquement c’est le sésame imparable. Car il peut être difficile à convaincre, mais il cède à la vue des trois étoiles du Guide Vert. ↩︎
- Parce qu’il déteste ne pas me faire plaisir. ↩︎
- Je refuse habilement d’ailleurs d’aller à Sarlat aujourd’hui car j’ai peur que ce soit décevant et me faire coincer, et lui insiste pour qu’on y aille juste pour pouvoir me dire que c’est pourri justement. ↩︎
- Mes desideratata parfois oui. ↩︎
Le guide vert : un incontournable !
Partir sans, ce n’est pas pensable… Même si, je dois l’avouer, je n’ai pas d’objet Quechua
C’est grâce au guide vert que j’ai découvert, entre autres, la merveille qu’est l’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe et bien d’autres merveilles de Bretagne
d’autres merveilles en Bretagne. Saint-Savin est dans la Vienne…
Heureusement pour Quechua c’est pour repérer les français !!!
Le guide vert je suis un peu déçue. Je plussoie plutôt le guide Voir avec les quartiers bien planifiés. Pour Venise nous avions le Guide Vert (que tu as) et celui du Routard. Le mieux c’était surtout que nous avions une relation de travail de mon mari qui a pris sa retraite là-bas. Et puis on se fie pas mal à la sérendipité aussi. Par exemple on est arrivés à la gare Santa Lucia et du coup comme c’est ma patronne on est allé faire dévotion à sa relique et puis je me suis bien, bien renseignée sur internet. Que l’on soit deux ou trois, il faut toujours se faire plaisir mutuellement
Oui il faut varier les sources !! Mais le guide vert c’est vraiment bien adapté à notre manière de voyager.
Mon papa, toujours et encore avec son guide vert, j’adore ce billet et j’adore lire votre amour à tous les deux
Clairement on voit des guides verts à la main des gens de toutes les générations !
je crois que j’ai toujours vu mon papa avec un guide vert en main, et bien avant qu’il n’ait ses 95 ans d’aujourd’hui. Je le vois encore, alors que j’étais petite fille, compulser son guide pour nous dire l’histoire de ce que nous visitions. Il y avait ce guide et le guide Michelin pour les restaurants
Mais c est super Sarlat ! Il faut y aller ! Avec la maison de la Boetie ( parce que c était lui, parce que c était moi – mais évidemment que tu connais-; le traité de la servitude volontaire – qui m a étonné au début et que je trouve si juste -) , la vieille ville magnifique ( il y a un festival de théâtre l été qui était super , je ne sais ce que c est devenu); et la bonne bouffe et le bon vin ( mais c est tout le Périgord !) . En revanche, à éviter l été ! Trop de monde ! Trop chaud! – tu comprendras que j ai dans ce coin quelques attaches !
SURTOUT PAS !! C’est beaucoup trop dangereux pour l’équilibre de notre couple !!
“Qu a vist Paris, se noun a vist Cassis, n’a rèn vist” ( Qui a vu Paris et non Cassis , n’a rien vu ) était jadis inscrit sur les cars Marseille-Cassis .
Le guide Michelin est , à mon avis , le meilleur pour les plans . Bien sûr la hiérarchisation par les étoiles peut être discutée .
Oui je sais que le système des étoiles est mal vécu surtout pour les locaux, et une hiérarchie est parfois difficile à établir. Et surtout, on se dit souvent “ah bah 3 étoiles, je vois pas pourquoi” ou “nan mais où sont les étoiles sur ce lieu de fou”, donc tout reste évidemment subjectif, il faut expérimenter soi-même.