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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

A mon fils

Cet ouvrage de Gilbert Sinoué, dont j’avais lu un bon post chez le non moins excellent blog d’aquoibon, est un tout petit bouquin (je l’ai lu en trois voyages, oui oui je mesure la taille des bouquins aux nombres de voyages en RER que je dois effectuer pour les lire). Il s’agit d’une ode à son fils qui établit un état des lieux de la Terre et détaille avec beaucoup d’acuité,d’accablement et de consternation les graves dégâts et injustices (sociales, écologiques) qui émaillent la planète. Autant dire qu’il y a de quoi faire !

Il part donc dans un voyage imaginaire avec son fils et grâce à un tapis magique chinois, survole les 5 continents et racontant ce qui s’y passe… pollution, déforestation, surpopulation, maladie, injustices, eugénisme, etc. Il est assez précis dans ses dénonciations et surtout met des chiffres pour parfois montrer la véritable ampleur des phénomènes et mettre en relief le caractère catastrophique, car irrémédiable, de la destruction de notre environnement (notre propre destruction bien sûr).

Putain que c’est pessimiste, mais le pire c’est qu’il a l’air si réaliste, que ça colle encore plus le bourdon. Alors ce bouquin est hautement déconseillé aux déprimés ou autre flippé de la vie un peu parano. Et c’est aussi un peu ce qui m’a dérangé, son récit est tellement négatif et donne une vue si critique et déliquescente de notre monde pourri, qu’on se demande quel est son objectif. Mais l’auteur s’en tire grâce à une écriture hallucinante, en vérité une écriture merveilleuse, pleine de poésie et de perspicacité. Et c’est bien cette singulière faculté qui lui permet de nous enchanter et de le suivre dans ce voyage initiatique où on mange ses mots même s’ils nous donnent une bonne gastrite. J’ai donc eu un double effet à la lecture du bouquin, un peu comme si c’était une bonne introduction à l’apocalypse selon St Jean, et d’un autre côté un récit qui alterne conseils à son enfant, légendes et mythes lointains ainsi qu’une philosophie profondément noble et humaniste. Et son style magistral contribue vraiment à encore plus prendre au sérieux les informations brutales qu’il nous livre.

Son impact est ainsi renforcé, mais malgré le dénouement je ne sais toujours pas quel est le but véritable de ce bouquin. A-t-il voulu prévenir ? Pas vraiment, puisque les informations qu’il délivre sont relativement connues. Est-ce pour faire un recueil des malheurs de ce monde ? Non plus, en fait, une revue de presse aurait presque suffit… Peut-être est-ce plus simplement, le regard d’un homme qui décide de livrer son savoir et sa philosophie à son fils comme à tous les enfants, il instruit donc, mais aussi prévient et donne des conseils pour éviter le cataclysme (mais ce n’est pas très clair car peut-être est-ce vraiment trop tard).
Donc c’est une chose qui reste assez mystérieuse pour moi, et qui m’interpelle. Mais c’est aussi peut-être parce que j’ai éprouvé un certain malaise à cette lecture et que j’ai besoin d’en connaître la genèse et ses raisons d’être pour démystifier son approche. Je crois que finalement, il vaut mieux ne pas trop se poser de questions… Je reste charmé et désillusionné par cet ouvrage qui m’a foutu le moral à zéro, mais cette manière de s’expliquer à son fils, de voyager dans des contrées, de renouer un peu avec une certaine idée de la sagesse universelle m’a vraiment fasciné.

A mon fils - Gilbert Sinoue

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