Et ce midi, j’ai à peine arrêté de bosser et je me suis mis tranquilou sur le canapé, deux secondes plus tard, j’étais comme ça.
Je ne me plains pas hein, au contraire, c’est vraiment beaucoup beaucoup de câlins d’amour, et en ces temps moroses, bah ça fait du bien à ma dépression existentielle.
]]>Il s’agit d’un impressionnant document de 36 pages qui détaille par le menu l’ensemble des droits et des risques légaux attachés à des comportements homosexuels à l’époque. Et on parle d’une époque de grande répression puisque nous sommes quelques années après l’amendement Mirguet qui a officiellement inscrit l’homosexualité comme “fléau social” en 1960, ce qui a aggravé les outrages à la pudeur, par exemple, quand ils sont commis par des homos.
Ces pages ne parlent pas d’homosexuels mais d’homophile et on souligne assez directement la “dignité” qui est recommandé comme l’attitude à suivre pour les homophiles qui se respectent. L’élément juridique le plus vieux date de 1963 et c’est un jugement de cassation, donc j’imagine que ça donne une bonne idée de la période où ce document a été conçu et tapé à la machine. Donc tout cela fleure bon l’époque Arcadie et la plume des affidés d’André Baudry. Inutile de dire que ce n’est pas trop ma came, mais o tempora, o mores. On retrouve bien trop encore aujourd’hui ces homos follophobes et qui ne cherchent qu’à se conformer et lutter contre leurs propres droits, tout en profitant allègrement de ceux gagnés par leurs coreligionnaires hauts en couleur et en militantisme.
Là ce qui est drôle c’est qu’en prologue et épilogue, on rappelle que ces conseils ne sont utiles qu’à ceux qui justement manquent de cette dignité des homophiles qui ne sont pas censés draguer aux Tuileries, mater dans les vespasiennes, baiser dans les bains de vapeur etc. Mais tout de même, ça vaut le coup de connaître ses droits, et de savoir comment se comporter si on se fait arrêter. Et en cela, cela ressemble aussi aux conseils qui sont donnés à tous les militants lors des manifestations ou des actions de guérilla urbaine.
Evidemment la liste des délits donne là un vertige étourdissant. C’est tout de même une trentaine de pages pour évoquer tous les risques à envisager, et pour avoir le maximum d’armes pour se défendre et survivre dans une société répressive autant légalement que moralement. Et tout cela n’a que 60 ans…
Voilà l’épisode si vous voulez l’écouter.
]]>J’ai déjà posté plus d’une photo dans le style, mais je ne m’en lasse pas. Et en vrai, ça rend très très bien aussi, surtout avec un petit apéro improvisé et ce spectacle bien agréable.
On a fait une super balade aussi sur la côte très haute, découpée et granitique vers Port Manec’h. C’est un endroit que j’aime bien, et qui rappelle un peu plus le Finistère nord et la Bretagne plus “granitique”.
Mais la plage de Port Manec’h est aussi toute petite et mignonne, et totalement infréquentable en été.
Le chemin côtier est vraiment très cool, et on y voit de belles formations rocheuses qui font toujours penser à plein de trucs plus ou moins farfelus.
Et pour finir une belle paréidolie, parce que franchement on dirait bien le profil du Baron Harkonen non ?
C’était un magnifique coucher de soleil ce soir au Fort Bloqué à Ploemeur, sans un nuage à l’horizon et avec un joli miroir comme j’aime.
On a fait une chouette balade vers Porsac’h hier, et le soleil était timide mais bien là, avec des températures bien agréables.
C’est une côte très découpée et rocheuse dont le relief est vraiment beau avec des vagues comme cela. Nous sommes après les grandes marées, donc on doit se contenter de tous petits coefficients, mais s’il fait beau temps ça pourra peut-être nous donner quelques belles journées d’affilée (ou pas, mais on s’en fout vraiment).
Ensuite, on est allé jusque Bellangenet pour jeter le coup d’œil classique et traditionnel. Et vous avez ma trombine en bonus. Sympa hein ?
Après, on est dans une scénographie très classique et standard mais avec beaucoup d’explications très intéressantes (et une app gratuite plutôt bien fichue à télécharger au lieu d’un audioguide) et des cartels parfaitement autosuffisants et bien rédigés. Le parcours est à la fois chronologique et thématique, avec des thèmes qui s’égrènent pour bien comprendre les contextes qu’ils soient culturels, politiques, économiques ou sociaux. On trouve pléthore d’objets d’art, d’artisanat, mais aussi des céramiques, de l’orfèvrerie, des textiles, des armes etc. C’est d’une incroyable richesse avec des emprunts à des musées d’Oulan-Bator, mais aussi comme on peut s’y attendre des musées Guimet ou Cernuschi (et quelques pièces du musée de la Compagnie des Indes de Port-Louis).
Mais au-delà d’une exposition irréprochable sur le fond comme sur la forme, le sujet en tant que tel est absolument passionnant. On comprend vraiment bien ce qu’étaient ces peuplades nomades des steppes et zones désertiques de Mongolie, et pour lesquelles le cheval était à la base de toute leur vie. Et comment peu à peu, conquête après conquête, on a pu voir émerger simplement le plus grand empire de l’histoire de l’humanité. La carte du truc paraît totalement surréaliste (à l’époque de Kubilaï Khan, le petit fils de Gengis Khan, celui qui avait accueilli Marco Polo) !!
C’était hyper intéressant de voir comment ils ont mêlé à chaque fois des invasions brutales, mais aussi des négociations et énormément de diplomatie sans forcément aller jusqu’à la guerre. Et surtout il y avait vraiment cette volonté très marquée de faciliter les échanges (les fameuses routes de la soie), et d’avoir une économie florissante (portée par le commerce et la circulation des marchandises) pour l’empire après les conquêtes. Et étonnamment, il y avait une grande tolérance religieuse avec toutes les religions qui cohabitaient : islam, nestorianisme (christianisme nestorien), bouddhisme, chamanisme des origines pour les mongoles. Ils étaient aussi très forts pour intégrer toutes les armes qui se rencontraient sur leur chemin, et ont rapidement fait leur l’usage de la “poudre noire” pour utiliser des bombes et des grenades.
Scientifiquement aussi c’est assez drôle de découvrir l’apport des mongoles, et leur politique pour arranger les échanges entre savants. En réalité, tout ce qui pouvait être bon pour le business était facilité. Mais c’est marrant de voir cette vision globalisée du monde en plein Moyen-Âge. Je n’avais jamais entendu parler avant de Guillaume de Rubrouck qui a eu moins de succès que Marco Polo (il était avant en 1253-1254), mais qui a lui aussi écrit des trucs incroyables pour raconter l’Empire Mongol à ses contemporains. Et il y a cette histoire très intrigante de Guillaume Boucher (dont je ne trouve que la page Wikipédia en anglais étonnamment) qui a justement rencontrer le précédent.
Au lendemain de leur arrivée, Guillaume et ses compagnons sont accueillis par une Lorraine de Metz, nommée Pasha ou Paquette, enlevée en Hongrie et déportée jusqu’à Karakorum, qui est au service d’une dame mongole chrétienne. Paquette est mariée à un Russe qui exerce le métier de constructeur de maisons, de qui elle a eu trois enfants. Paquette leur parle d’un orfèvre nommé Guillaume Boucher dont le père, Roger, tenait boutique à Paris sur le pont au Change. Alors qu’il se trouvait à Belgrade, au service d’un évêque normand, les Mongols, qui ont massacré les populations mais en épargnant les artisans spécialisés, l’avaient fait prisonnier. Une fois arrivé à Karakorum, Möngke l’avait donné à son frère cadet, au service duquel il demeure. Informé des talents de l’orfèvre par son frère, le Khan commande à maître Guillaume un grand arbre à boisson en argent distribuant du vin, du koumis et de l’hydromel. Sur recommandation de Paquette, Guillaume de Rubrouck utilise les services du fils de l’orfèvre pour pallier l’incompétence de son interprète. Lors de son départ, l’orfèvre remet à frère Guillaume une croix ouvragée à remettre au roi de France, son ancien souverain.
Page Wikipédia de Guillaume de Rubrouck
Encore un peu de temps pour y aller, et il y a un monde fou, mais ça vaut vraiment le coup !!
Et puisque c’était la soirée des découvertes, j’étais en catégorie 2 et juste au premier rang, bille en tête dans les cordes !! Ce n’est pas vraiment la position idéale pour avoir une écoute équilibrée et la plus harmonieuse, mais il n’y a pas à dire : c’est une expérience incroyable pour vivre au cœur des instruments, et même si j’ai perçu “plus fort” la partie de l’orchestre dont j’étais le plus proche, j’ai eu l’occasion de voir de plus proche que jamais les instrumentistes et tous ces incroyables artisans de la Grande Musique1.
En plus, j’étais plutôt bien placé avec un violoniste assez agréable à regarder pendant 1h10.
Ensuite, la symphonie en elle-même était une merveilleuse pièce à ressentir comme cela en “live”. Et pour une fois, en tout cas c’est assez rare pour le signaler, le programme était très intéressant et un vrai vademecum pour accompagner les morceaux. On comprenait déjà le thème “Leningrad” et toute la complexité des relations du compositeur avec le régime soviétique. Donc cette symphonie pouvant à la fois être une célébration de la résistance de Leningrad contre les allemands pendant la seconde guerre mondiale, mais également l’image de ce qu’elle a elle-même subi du régime stalinien quelques années auparavant.
On pouvait y lire également une description plutôt bien fichue (parce que proposant des pistes d’interprétation, mais sans fioriture ni style ampoulée, et même avec du conditionnel, d’un commissaire d’exposition qui aurait trop fumé) qui permet de s’y retrouver dans les différents mouvements, et qui donne quelques métaphores possibles avec la guerre ou les émotions que la ville a pu susciter à l’auteur. Cela m’a permis de suivre correctement le spectacle et j’ai l’impression de vraiment bien en profiter.
J’ai vraiment été conquis par deux passages très différents, mais les deux sont superbes selon moi. D’abord c’est ce truc tellement pompier que ça ne pouvait que me plaire. Dans le premier mouvement, j’avais lu qu’on avait une partie qui était analogue au fameux (et répétitif avant l’heure) Boléro de Ravel, c’est à dire un truc qui commence petit, avec un motif musical reconnaissable, et puis une amplification progressive, avec des instruments en plus, et une répétition de plus en plus forte, ample et emphatique. Et là la tronche dans un orchestre philharmonique, je peux vous dire que ça donnait à fond les ballons !! On est clairement dans une sorte de marche militaire qui finit dans une apothéose qui est à la fois jouissive, bordélique et l’annonce d’une destruction complète de toute vie. Mais il y a eu à ce moment un élan assez fantastique, et les musiciens étaient à fond et avaient l’air de bien prendre leur pied aussi (l’autre avantage d’être à deux centimètres de leurs pompes).
Il y a eu plusieurs moments comme cela, mais pas aussi forts, et cette symphonie N°7 n’est au moins pas du tout un truc chiant ou atonal (je n’ai rien contre, mais parfois c’est chiant ), c’est au contraire une vraie musique de film qui raconte énormément de choses. J’ai aussi beaucoup aimé un passage principalement concentré sur les violons et les cordes dans le troisième mouvement, c’était très très mélodieux, puissant et romantique à la fois, un truc qui m’a plongé dans un moment et un état très singulier, difficile à décrire.
Et puis, il faut tout de même saluer Tugan Sokhiev qui a donc été applaudi à tout rompre avec ovations d’une foule en délire (sans déc). Le chef d’orchestre était vraiment incroyable, et encore une fois l’avantage d’avoir le nez sur les musiciens c’est que j’ai parfaitement vu son jeu à lui. C’était fascinant et très instructif quelque part, il a un charisme incroyable et une vraie emprise sur l’ensemble des musiciens. Son regard et les mouvements de son visage étaient sans cesse en agitation et en train de diriger autant qu’avec les inflexions de ses mains. Et la symphonie se jouant quasiment non-stop pendant 1h10, c’est un tour de force qui doit l’avoir complètement mis sur le carreau.
Je n’avais jamais entendu l’orchestre national du Capitol mais clairement ce ne sont pas (littéralement) des petits joueurs. Bon après, c’est l’avis d’un sacré béotien, mais c’est le mien. Hu hu hu.
Mais je l’aime énormément cet album et j’en connais vraiment toutes les chansons par cœur, c’est vraiment pour moi l’équivalent d’une révélation comme Juliette Armanet, et surtout Clara Luciani. On avait eu une pub importante par nos amis à Nantes, car elle est de St Nazaire et déjà assez connue sur la place nantaise. Inutile de dire donc que le Zénith hier était blindé et les gens chauds-bouillants (chauvinisme oblige) !
Le début du concert est parfois mais pas surprenant, et même plutôt convenu. Elle égraine ses chansons, et c’est assez classique mais d’une excellente tenue. On a une chanteuse qui a une voix exceptionnelle, et qui en joue avec une facilité déconcertante. Les accents électros de sa production musicale donnent une ambiance de concert à la fois dansante et planante, car les morceaux n’appellent pas spécialement à se remuer. On profite en revanche d’une superbe diction, d’une voix qui dépasse la musique (qui pourtant est assez “forte”), et une plasticité dans le chant qui m’a rappelé Lady Gaga d’une certaine manière (dans cette apparente facilité à monter en gammes et à rester d’une justesse dingue).
Mais, surtout, voilà que se déploie une chanteuse joyeuse et pimpante, qui raconte des trucs drôles, qui est absolument heureuse d’être là, et d’une générosité qui émaille tous ses gestes et toutes ses paroles. C’était un tour de chant admirable et technique, fidèle à ses enregistrements, mais son charme opère d’une telle manière que le concert devient plus intime, plus émouvant et prend une dimension plutôt inattendue. En tout cas, on repassera pour l’artiste un peu verte et immature qui tente un premier truc. Non c’est une artiste déjà accomplie à sa manière, qui n’a pas l’once d’une trace de trac et qui a l’air de follement s’amuser à faire la Lorelei devant quelques milliers de fans.
Les versions rallongées et orchestrées pour le concert sont géniales, et je n’ai eu aucune déception, absolument aucune. Tristesse est évidemment un point d’orgue majeur du concert, et ces milliers de personnes qui scandent : “Marionnettiste je suis, et sûrement pas l’inverse… Marionnette on naît et on le reste. Marionnette on est et on déteste…”, bah ça le fait grave !!!
Et le morceau “Ne te regarde pas” arrive, mine de rien, car elle est une chanson assez mineure de l’album selon moi. C’est sans doute pour cela que Zaho transforme ça en un manifeste fou qui enjoint le public à se lâcher, et à danser de toute l’énergie du désespoir et d’autre chose de très vivant et captivant. Alors l’ambiance change du tout au tout, car la musique se fait techno allemande industrielle, et d’ailleurs elle évoque une ambiance berlinoise et elle cite Kraftwerk à qui on pense évidemment. Elle se démonte alors pendant de longues minutes avec des accents à la Chemical brothers, et une techno qui assomme tout le public, alors qu’elle court d’un bout à l’autre de la scène, et se tort littéralement (et corporellement) devant nous.
Les accents allemands continuent et se précisent alors qu’elle crie littéralement “Hab sex mit mir”, puis carrément le classique des années 80 outre-Rhin 99 Luftballons. Et ça se termine par un tour de salle du Zénith comme un tour de stade, en contact physique avec le public pour un original Ah que la vie est belle de l’inénarrable Brigitte Fontaine.
Impossible de s’attendre à un truc comme ça, et surprendre autant à cet âge est tout de même de bon augure pour la suite !! Je me demande si ce tournant techno germanique est un avant-goût de la suite, mais pourquoi pas ? En tout cas je vais suivre la jeune femme avec tous les égards dus à son talent déjà bien affermi, et on voit qu’elle en a sous le pied.
Ce n’est pas tout car la promesse était encore plus “intense” avec l’annonce d’une scénographie, et même d’un complément olfactif original par des diffusions de parfums spécialement concoctés pour l’occasion. Bon, et là le bât blesse…. La scénographie c’était ce lustre en néon qui fluctue de temps en temps, et passe d’un couleur froide à un peu plus chaleureuse (et en couleurs pour la dernière partie). Je m’attendais en effet à un truc un peu moins minimaliste, je l’avoue (bien entendu le minimalisme de la musique est utilisé comme justification). Et même si l’on faisait bien le lien avec la Belle et la Bête, je ne vois pas trop celui avec Orphée ou Les Enfants Terribles. si vraiment le truc (qui dans l’absolu est très bien) avait eu un vrai rôle pour souligner certains moments ou illustrer des passages, pourquoi pas. Mais là c’était juste un PNJ.
Et les parfums c’était trop anecdotique, avec encore une fois un accord de roses bien sentis (hu hu hu) pour La Belle et la Bête dont la fleur est un personnage en tant que tel. Mais le reste, bah ok j’ai lu le programme, mais c’est le genre de textes boursoufflé et emphatique qui fait peur, et là à raison.
Mais heureusement le cœur d’un tel concert c’est la musique, et la qualité était au rendez-vous. Je ne suis pas un grand fan d’Orphée ou de la Belle et la Bête de Glass, mais Les Enfants Terribles vraiment j’aime beaucoup. J’avais déjà vu l’opéra en entier il y a 15 ans, et l’entendre ainsi avec ce double piano fut un plaisir immense. Et donc ce dernier morceau a complètement remporté mon adhésion. Et je salue vraiment l’appropriation très enlevée et “passionnelle” que les interprètes ont parfois apporté à une musique à la base minimaliste, et pouvant aussi être jouée de manière un peu plate et sans âme. Au contraire, ce fut un moment très fort, à l’image de l’opéra lui-même, avec une énergie superbe et un hommage très cool à la partition de Glass.