Cette exposition du Centre Georges Pompidou est fondée sur une idée assez intéressante qui est de s’interroger sur l’importance du design et des designers dans tous les éléments de notre quotidien. Ainsi, on y voit une rétrospective assez complète de ce qui fait le design dans des domaines extrêmement diversifiés.
Mais autant les objets, concepts, inventions présentés sont impressionnants, beaux, enthousiasmants ou captivants, autant les différents textes explicatifs sont pompeux, verbeux, obscurs et élitistes. Au bout de quelques minutes, on comprend que le monde ne tournerait pas droit si les designers n’étaient pas là, ce qui est tout de même une assertion un peu osée et manquant quelque peu d’humilité. En outre, certaines descriptions d’oeuvre sont écrites d’un vocabulaire mercatique digne des meilleurs publicistes. A grands renforts d’adjectifs et de circonvolutions verbales, ils font dans tout sauf la simplicité et la concision. Cela va parfois jusqu’au foutage de gueule intégral, quand cela n’est pas littéralement imbitable et illisible. Et pour que je le signale, moi qui aime bien quand les artistes coupent les cheveux en quatre pour parler de leurs oeuvres, c’est que vraiment c’était frappant et choquant.
Malgré cela, l’exposition est très bien faite et recèle beaucoup de qualités. Elle est divisée en plusieurs salles qui se concentrent sur des aspects différents du design dans la vie des gens. Le premier thème « Sur le terrain » est très intéressant puisqu’il présente les aspects du design innovant pour les pays du tiers-monde tels que des fours solaires, des radios sans accus ou bien un étonnant et fascinant système de fabrication de méthane à partir des déjections animales et humaines (donnant assez de gaz pour faire vivre une famille en autarcie !). On voit alors une facette du design qui n’est pas forcément évidente, mais qui manifestement n’est pas anodine.
De même les parties « Enjeux politiques » (design de logement social ou bien de machines à voter) ou « Développement durable » (respect de l’écologie et création de nouvelles normes) démontre un intérêt redoublé pour les sujets sociaux et « humains ». On peut vraiment se rendre compte de l’importance de ces créateurs qui, dans des démarches de projet ponctuel, arrivent à peu à peu modifier dans le bon sens des pratiques industrielles plus globales.
J’ai plutôt été insensible à la partie « Scénarios critiques » qui fait beaucoup plus art contemporain ou expérimentations artistiques très avant-gardistes. Une sombre histoire de poupées masculines coloriées et des discours de femmes sur leur sexualité libérée… Mouai… Par contre « Sens » est une salle centrale dans l’exposition qui ne laisse pas indifférent. Il s’agit de présenter des designers qui explorent les cinq sens et leurs mélanges pour s’exprimer mieux, plus et différemment. Des mobiles construits à partir de flacons de parfum tentent par exemple de figurer des odeurs à partir de leurs mouvements pendulaires et rythmiques, tandis qu’un type invente de nouveaux goûts et plats en jouant sur les plus étonnantes transformations culinaires.
« Imaginaires technologiques », « Mutations graphiques » et « Imaginaires portables » sont moins palpitants. Pour le premier, on retrouve d’anciens objets au design désuet dans des mises en situation plutôt ironiques et parfois absconses. Ensuite, et c’est assez drôle de le réaliser là, on peut découvrir ce qui a changé dans l’univers des designers, et surtout des graphistes, après l’arrivée de l’ordinateur et de la PAO. La fin est placée sous le signe du téléphone portable et traite avec plus ou moins de bonheur ce sujet. On ne peut pas dire que Motorola soit le meilleur exemple de design de mobile…
Mon opinion est donc en demi-teinte, je suis un peu déçu par le manque de modestie et de simplicité de certaines explications, mais j’ai apprécié la scénographie globale et les projets présentés. Si quelqu’un comprend le bulldozer qui déplace et modèle la terre en forme de marches, je suis preneur. Je n’ai compris ni l’invention, le dispositif, la finalité et pas un mot de l’explication !! Mais bon, je ne dis pas que je suis assez intelligent pour comprendre tout cela, je manque manifestement d’une certaine érudition en la matière.
La modestie a rarement été le trait de caractère majeur des designers… En ça, on pourrait penser que cette expo est tout à fait fidèle à leur esprit, non ? ;-)
J’aime bien la nouvelle photo de Matoo sur le blog. Je ne perçois pas tellement l’enjeux politique du design de Matoo mais j’espère qu’il a un développement durable :mrgreen: En tout cas le designer a fait du bon boulot (ça va comme ça la lèche ou je continue encore un peu ?) !
Tu ne comprend pas ce bulldozer ?? Pourtant c’est clair… C’est de l’art, c’est le développement durable, c’est l’enjeu politique, c’est ce qu’il y a de plus important au monde, c’est design quoi… Tu piges maintenant ?
Désolée de contrarier Vince, il s’agit seulement de travaux publics.
Fabriquer un escalier en un temps record, pas vraiment avec la terre mais si tu regardes bien il ya a du grave laitier et en compactant ça durcit vachement vite (navrée pour ce vocabulaire un peu enfin pas très châtié mais on est du bâtiment ou on n’en est pas) Si tu observes la forme avant du bull et le profil des marches, ça s’emboite parfaitement. Bizz
Cependant je ne sais pas tout sur tout (cf. quand on a des idées sur tout le rien donne à penser):kiss:.
Ils sont très beaux les téléphones motorola ! La preuve : j’en ai un !
Le monde tournerait mieux sans les commissaires d’exposition qui compensent leur carrière artistique ratée par un verbiage envahissant…
Je ne suis pas encore allé voir l’expo mais j’ai hâte ! merci pour cet avant-goût ;)
Salut,
Un petit éclaircissement sur l’escalier et le bulldozer, il s’agit en fait d’un banc public, éphémère entièrement naturel, les traces de l’engin théatralisent l’espace. Il s’agit d’un designer faisant parti du collectif Droog Design dont le travail est remarquable ( cela n’engage que moi… ) A+
Lâm> Merci pour l’éclaircissement !! Je critiquais plus la manière dont la description de l’oeuvre était écrite, et les branlage de nouilles autour, que le truc en lui-même. Je ne remettais donc pas en question les oeuvres mais bien la théorie qui sous-tend le tout !