Voilà un tout petit bouquin, tout juste une grosse nouvelle, qui ne délivre pas un message anodin, surtout lorsqu’on réalise qu’il a été publié en 1938. La publication de cette nouvelle dans un magazine par l’auteur, Kressmann Taylor, une femme américaine, a d’ailleurs été suivie d’un incroyable engouement. Mais cette correspondance fictive résonne encore plus fort aujourd’hui je pense.
Il s’agit donc d’un court récit épistolaire qui figure des échanges de lettres, entre 1932 et 1934, entre deux amis très intimement liés d’origine allemande. L’un est un galeriste juif américain (Max), et l’autre est son associé (Martin) qui s’en retourne au pays avec sa famille, après avoir fait fortune. La forme du roman est on ne peut plus simple, on lit tour à tour les plis échangés entre les deux amis et partenaires entre l’Allemagne et les USA. On apprend alors que celui qui rentre en Allemagne arrive dans un pays miné par la dépression. On sent poindre rapidement la politique hitlérienne et l’attrait de Martin pour le dictateur est manifeste.
Les échanges de lettres prennent alors un ton beaucoup moins amical, et Max se préoccupe de ce qu’il entend des pogroms en Allemagne, tandis que Martin stigmatise de plus en plus les juifs et adhère à la politique nazie. Lorsque la petite soeur de Max, une brillante comédienne berlinoise, est inquiétée par sa judéité, elle doit rapidement fuir.
Je n’en raconte pas plus pour ne pas gâcher la découverte de cette percutante nouvelle. L’amitié entre les deux hommes se trouve de plus en plus menacée par les événements politiques, et on suit à travers cette relation exactement ce qui se passe à une échelle plus large. Il est surtout fascinant de constater la clairvoyance de cet écrivain qui avait tout compris (ou qui ne se voilait pas la face) et qui l’exprime ainsi avec une simplicité aussi déroutante que troublante.
Un petit grand bouquin à lire !
Le texte a été représenté en 2001 à la Pépinière Opéra avec deux comédiens qui récitaient les lettres à tour de rôle. C’était bouleversant.
Dans la meme veine : “l’ami retrouvé” de Fred uhlmann (orthographe ?)
ah quand même !! :mrgreen:
Lu sur les conseils de Môman. J’avais beaucoup aimé. Vu en représentation au théâtre, excellent souvenir aussi.
Puisque c’est dans la même veine j’irai zyeuter si je trouve “l’ami retrouvé”.
Autre petit texte fort sympathique et d’actualité également “Matin brun” de Popoff il me semble.
D’autres livres d’elle sont publiés dont “Jours sans retour” (très bon), “Ainsi mententent les hommes” et “Et rêvent les femmes” (ces 2 derniers je ne les ai pas lus), je ne peux donc pas en parler).
“Inconnu à cette adresse” est un pur chef d’oeuvre sans un seul mot de trop, le lecteur étant amener à deviner ce qui se trame à travers cette correspondance dont tu parles si bien.
Je me souviens d’avoir pleuré devant cette amitié qui de si chaleureux dans les premiers échanges, devient source de haine juste à cause de l’embrigadement dans lequel vit l’un des deux personnages (et de sa crainte de la dictature).
Je suis contente de voir que ce livre continue son chemin.
Dans le même ordre d’idée il y a “Matin brun” de Franck Pavloff mais peut-être en as-tu déjà parlé.
PARDON amené (je ne pouvais pas me relire le texte du commentaire passe derrière la bannière megaloposts sur ma bécane (?))
merci gilda… tu corrigeras donc Pavloff, pas popoff (même si la sonorité y était ;) )
Excellent, ce livre.
Eh oui comment ne pas faire le rapporchement avec l’Ami retrouve de Uhlman, d’ou un film bouleversant fut fait vers la fin des annees 80. Et aussi la suite, avec le roman publie apres la mort de l’auteur (85) – la Lettre a Conrad – qui permet a F. Uhlman de lever le doute dans l’esprit de Hans (le juif) qui pensait avait avoir ete trahi par Conrad… et un troisieme volet: Pas de resurrection s’il vous plait… bonne lecture…
N.
oups je me suis trompe, il s’agit de la lettre DE Conrad bien sur…
Dsl,
N.
Pour ceux que ça intéresse, parution ce mois-ci d’un recueil de cinq nouvelles de Kressman Taylor : http://www.fnac.com/Shelf/article.asp?PRID=1788083&OrderInSession=1&Mn=3&Mu=-13&SID=7e6406d5-383a-82f8-f536-39824c770a07&TTL=010420061319&Origin=FnacAff&Ra=-1&To=0&Nu=3&UID=0c1dd1a51-cc51-346e-0b71-0aec2fa831d0&Fr=0
A la fin, le méchant Allemand, ben y meurt, grâce à la roublardise du Juif. Ouf, la morale et sauve. C’est poignant.:pleure:
A l’affiche au Lucernaire jusqu’au 7 mai !
Ce dont tu ne parles pas et qui est particulièrement réussi, c’est la vengeance de Max, que seule explique la forme de la nouvelle.
Apax> J’avais peur de trop en dire pour un livre aussi court, donc je suis resté, en effet, très superficiel ! ;-)
Et dire qu’elle avait tout compris:redface::roll:..
cest quoi la morale du livre ?svp
j’espere que quelqu’un m’aidera :yes:
la morale du livre inconnu a cette adresse