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Godzilla Minus One (ゴジラ-1.0)

Il y a vraiment à boire et à manger sur la trentaine de films qui figure le célèbre Godzilla, l’image d’Épinal des kaijū1 depuis 1954. Et donc 70 ans plus tard, ce film est une sorte de reboot qui nous resitue juste après la seconde guerre mondiale. Mais surtout ce n’est pas un film américain ni hollywoodien, et c’est sans doute une des grandes qualités de cette cuvée de Godzilla. Le film est super efficace et plutôt bien fichu, mais surtout comme il est purement “japonais” on ne tombe au moins pas dans le scénario du blockbuster totalement markété et écrit à l’emporte-pièce.

Le héros du film est un kamikaze qui n’a pas eu le cran de se suicider, et qui atterrit sur une petite île en prétextant un problème d’avion. L’équipe sur place se rend vite compte de son mensonge, mais rapidement Godzilla débarque et dézingue tout le monde, sauf le héros Kōichi Shikishima (joué par le choupi Ryūnosuke Kamiki) et le chef des mécanos.

Shikishima revient à Tokyo et trouve la maison de ses parents incendiés, et toute la population dans un grand dénuement. Il fait la rencontre inopinée d’une jeune fille aussi très paumée, Noriko Ōishi (jouée par Minami Hamabe), qui vient de sauver un bébé orphelin. Shikishima les accueille dans ce qu’il reste des ruines de sa maison, et il essaie de trouver du boulot. Mais rapidement, Tokyo se retrouve attaqué par Godzilla, et Shikishima va tout tenter pour aider à éliminer cette menace sur ses proches.

Le scénario n’est vraiment pas d’une folle originalité, tout le contraire, mais le jeu japonais apporte quelque chose de différent, même si il y a parfois une certaine hystérie un peu “fausse” dans les passages entre des échanges calmes et plein de quiétude, et puis d’un seul coup les personnages qui se mettent à se hurler les uns sur les autres (un travers assez classique du jeu japonais ou coréen). Mais il y a un élément tout de même qui est très marquant et sort de l’ordinaire, c’est tout cette histoire autour du sacrifice et du kamikaze.

Le film au début est clairement “contre” le héros et lui reproche le fait d’être vivant et de ne s’être pas sacrifié. Et Shikishima passe tout le film avec sa culpabilité et dans une quête de rédemption. Néanmoins, tout le film peu à peu a un discours beaucoup plus contrasté, et à la fin carrément “occidentalisé”. C’est à dire que des personnages, alors qu’on est censé être en 1947, disent que c’était injuste d’avoir sacrifié autant de soldats avec des armes inefficaces, des chars non blindés ou d’avoir envoyé des aviateurs au combat comme s’ils étaient des bombes vivantes. Et clairement, le message est de plus en plus sur le peuple qui doit se mobiliser pour contrer le monstre, mais clairement sans embrigadement militaire et avec l’espoir de se sauver aussi, et surtout pas de se sacrifier, en tout cas pas “la fleur au fusil”.

Et la conclusion du film est très très clairement en ligne avec ce sous-texte que je trouve très révolutionnaire pour des sociétés qu’on pense plutôt en proie à un confucianisme et un réflexe de sacrifice pour la patrie, ou d’un devoir qui dépasse sa propre conservation.

Et sinon bien sûr, les effets spéciaux sont plutôt de bonne facture, même si ça flirte tout de même pas mal parfois avec des animations de jeux vidéos plus que de film, et avec quelques rendus d’images de synthèse un chouïa brouillon à mon goût. L’action est bien soutenue, mais on a une très très chouette histoire personnelle, entre cette histoire de rédemption mais surtout une histoire d’amour bien classique et tout de même émouvante.

J’ai aussi pour l’occasion découvert, complètement par hasard, le système 4DX pour ce film2. C’est très très drôle et sympa, car c’est vraiment un sacré outillage et on pourrait carrément se croire dans un manège à sensation. Il y a non seulement tous les sièges qui bougent (et vraiment qui donne des effets similaires à un simulateur qu’on trouverait chez Disney), mais de la vraie fumée dans la salle, des souffles froids ou chaud, des odeurs, de l’eau en gouttes ou en vapeur, des jets d’air à droite et à gauche du cou et derrière les mollets, des flashs qui rendent plus vrais que nature des coups de feu, et même de la neige carbonique qui simule des explosions en une sorte de “réalité augmentée”.

Je ne croyais pas trop à ce genre de truc, mais c’est du sérieux, et c’est super super marrant et plutôt efficace. Et pendant les bastons, il faut s’accrocher car on peut carrément tomber de son siège tellement ça balance dans tous les sens, ça vibre, ça tangue et ça vous enverrait presque valdinguer. Evidemment impossible de faire ça si vous avez un quelconque mal de mer ou habituellement des difficultés dans les attractions. Cela fonctionne super bien pour un film d’action comme cela bien sûr, et je comprends ce que ça peut ajouter et l’intérêt d’aller au cinéma pour une expérience aussi “augmentée”.

  1. Un monstre en japonais, littéralement  « bête étrange » ou « bête mystérieuse ». ↩︎
  2. C’était au Pathé Atlantis de Nantes. ↩︎

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