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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Le Nouveau Réalisme

Cette exposition du Grand Palais, que j’ai vue en fait la semaine dernière, est maintenant terminée. Il s’agissait en tout cas d’une de ces expos qui font la réputation méritée de l’endroit : claire, pédagogique et attrayante. Je ne peux pas dire qu’elle m’ait converti au Nouveau Réalisme, tant je reste circonspect devant certaines démarches, mais au moins je comprends mieux ces artistes, et le contexte culturel de l’époque.

Il s’agit d’une véritable rétrospective de ces mouvements artistiques français du milieu des années 50 à celui des années 60. Une période de renouveau, de quêtes artistiques qui partent dans tous les sens, tous les supports, toutes les innovations et toutes les folies. Donc une période plutôt riche en créativité, et dans laquelle on retrouve quelques grands noms comme Yves Klein, Christo ou encore Niki de Saint Phalle.

L’exposition est très riche de centaines de pièces qui sont toutes explicitées, et chacune des salles a son thème, sa période ou son groupe d’artistes, avec aussi une présentation écrite plutôt exhaustive et claire. Mon opinion sur les créations ainsi exposées n’est pas complètement positive, même si je trouve qu’avec le temps, certaines oeuvres atteignent finalement leurs objectifs. En effet, lorsqu’on voit des restes de repas qui sont conservés et mis en tableaux (des dessus de table littéralement « verticalisés »), l’idée paraît incongrue et inepte au premier abord (Daniel Spoerri en est l’auteur). Mais lorsqu’on pense ainsi à la notion de conservation des éléments et des « affects » qu’ils transportent, et que finalement ces oeuvres ont déjà une cinquantaine d’années. Eh bien elles commencent tout juste à prendre de la « valeur » pour moi. Mais j’imagine bien qu’à l’époque, ça a du défrayer les chroniques !

De la même manière, la conservation tel quelle de scènes du quotidien qui se retrouvent figées dans l’Art comme un fossile ou une fouille archéologique donne quelques oeuvres qui aujourd’hui ont quelque intérêt (Ne serait-ce que la curiosité de faire une chose aussi futile en apparence !). Je suis un peu plus sceptique sur un des éléments typiques du Nouveau Réalisme : les affichistes. Ces derniers (Hains et Villeglé) ont fait des tableaux à partir d’affiches superposées qui sont déchirées en partie et laisse apparaître différentes couche de couleurs, formes ou mots. J’avoue que ces tableaux me laissent de marbre, même si j’en reconnais l’efficacité esthétique (mais je ne crois pas que ce soit le but ultime de la manoeuvre).

Et puis, il y a des démarches plus drôles et légères (enfin, c’est ce que je pense) comme avec Klein (que l’on retrouve donc dans ce contexte, après sa propre expo), ou Christo qui emballe tout ce qu’il trouve, chacun des protagonistes ayant sa spécialité. Il y a aussi les oeuvres techniques et complexes de Jean Tinguely que j’ai beaucoup aimées. En effet, il s’agit de petits moteurs qui mettent en marche des mobiles faits de récupérations diverses. Ainsi des automates de métaux, plastiques et bouts de ficelles, se mettent en marche et font du bruit, se mettent en mouvement. Cela surprend le visiteur car on appuie sur un bouton, et ce n’est que 3 minutes plus tard (souvent au nez d’autres innocents badauds) qu’une sirène de pompier retentit d’un frigo !! Il me plait bien ce type avec ses créations un peu folle et surprenante, et surtout dans cette soif inextinguible de susciter des émotions et des « réactions », sans toutefois entrer dans des considérations artistiques pédantes.

Pour moi au final, la vraie découverte de cette exposition, n’est qu’un des artistes rattachés au mouvement du Nouveau Réalisme, il s’agit de Niki de Saint Phalle. Vraiment j’ai été conquis par son travail, son imagination et ses « visions ». D’abord, j’aime ses oeuvres pour la beauté formelle qu’elle y instille sans arrêt, même dans certains tableaux assez flippants (littéralement « freaking »). Et ça m’a plu son truc de tirer au fusil dans des oeuvres avec des réserves de peintures qui se déversent alors sur le tableau composite. Elle appelle alors ça de la création « à distance ». Arf arf.

Et sinon le truc le plus fort c’était quand même une salle qui reconstituait une exposition des années 60. La salle (qui était aussi un des « numéros » de l’époque) avait la particularité de proposer une vision décalée de 90°, c’est-à-dire que l’on rentrait sur l’un des murs latéraux, et le sol devenait un mur, tandis que les socles où étaient placés les oeuvres devenaient des protubérances latérales. Le plafond était donc sur le mur opposé avec les fils des lampes qui eux aussi se tenaient rigides à l’horizontal. L’impression était bluffante, avec tous les objets parfaitement fixés et donnant un trompe l’oeil parfait. Donc pour mieux encore apprécier l’effet d’optique, on nous a conseillé de nous allonger sur le sol (un mur), les pieds évidemment sur le mur (le sol en parquet). Et là c’est fantastique, car on retrouve l’image de la « normalité » tout en éprouvant une distorsion de la gravité que nous avons l’habitude d’appréhender (qui nous est alors appliquée de manière singulièrement latérale).

Une très très belle exposition, même si le “Nouveau Réalisme” n’est vraiment pas ma tasse de thé dans l’ensemble.

Le Nouveau Réalisme au Grand Palais

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  • Si le souci premier n’était pas effectivement l’effet esthétique on peut même dire décoratif de ses décollages, il n’était pas totalement étranger à son action mais il était alors très mal vu de l’avouer. Il n’en reste pas moins que ces decollages sont très beau. Je trouve que c’est un tour de force (qui est la philosophie même des néo réaliste de faire de l’art avec un matériel trivial. Leur action était aussi un manifeste contre la sociètè de consommation, une attitude pas très éloignée des situationiste mais dans une toute autre posture. Aujourd’hui le travail de Villeglé (beaucoup plus politique que le travail paralléle de Rotella en Italie qui privilégie les affiches de cinéma alors que Villeglé a une prédilection pour les affiches électorales et celles des petites fêtes ou réunions sportives locales) est une véritable mine pour les “archéologues” de la vie politique et consumériste des 50 dernières années de la France.

  • Arthur> En fait il faut bien un espace avant ! Si tu colle un des ‘:’ avec une lettre ou un signe de ponctuation, il n’est pas bien reconnu comme un smiley. :-) (J’ai édité ton post.)

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