J’ai passé une bonne partie de l’année 1996 à Newcastle upon Tyne en Angleterre, et j’en garde un souvenir prégnant. Il faut dire que l’année des 20 ans est rarement anodine, et d’autant plus que je vivais depuis quelques mois seulement mon homosexualité de manière heureuse et épanouie. J’avais évidemment rencontré l’amour de ma vie quinze jours avant de partir, et il m’a largué comme une merde un mois plus tard (huhuhu).
Je finissais mon DUT en Génie Electrique là-bas, et j’ai bossé 6 mois dans une petite boite d’électronique près de la mer. Newcastle et son coin forment une région qui a été décimée par la fin de l’industrie lourde anglaise, et les séquelles et marques de ces crises étaient encore bien visibles. J’avais 19 ans quand je suis arrivé, et c’était la première fois que je quittais mes parents et mon environnement familier, donc tout m’a paru extraordinaire et incroyable, en plus de l’apprentissage de la langue qui était un défi supplémentaire. J’adorerais retourner là-bas en pèlerinage, et j’y songe très sérieusement d’ici trois ans (pour les vingt ans quoi* ! Je suis très à cheval sur les anniversaires…).
J’avais adoré surtout l’Ecosse qui se trouve à une centaine de kilomètres au nord de Newcastle avec la splendide Edimbourg. Mais côté Angleterre vers Newcastle, j’ai extrêmement envie de revoir le fascinant mur d’Hadrien (frontière nord de l’Empire Romain à l’époque de l’empereur du même nom). Et plus à l’ouest, j’avais passé de très bons moment dans le Lake District (parc national britannique de toute beauté). J’avais visité tout cela grâce à une rencontre complètement inopinée, mais particulièrement importante dans ma vie, avec un type de la boite dans laquelle je travaillais. J’avais sympathisé avec Brian, et il avait bien senti que j’étais un petit pédé tout candide qu’il fallait déniaiser. Il avait quarante ans et un mec, et il n’y a jamais rien eu entre nous que de l’amitié, et un petit truc senpai & kōhai tout à fait innocent
On est rapidement devenu très pote, et il m’a été d’un grand secours, quand j’ai passé quelques moments difficiles si loin de chez moi. Evidemment je vous parle d’un temps… Bref j’ai découvert l’email durant mon séjour (l’Université de Northumbria nous en avait affecté un automatiquement), mais… je ne connaissais personne en France avec un email, donc je ne m’en suis jamais servi !!! Mouahahaha. Après que je me sois fait larguer et que je broyais du noir, Brian me disait qu’il aimait beaucoup Edith Piaf, et surtout les versions anglo-saxonnes de ses chansons. Il m’avait offert un album de Piaf pour me réconforter (je disais que ne pas parler ou entendre le français me manquait énormément, et c’était vrai) où on trouvait ces chansons, et surtout celle-ci qui m’a marqué, lovers for a day version anglaise des Amants d’un jour.
J’aime cette chanson car elle me rappelle sans coup férir cette expérience, et parce que je trouve qu’elle est un des rarissimes exemples où la version anglaise est supérieure à la version française. Les rimes, le vocabulaire, la narration et les différences entre les deux versions ne souffrent pas la comparaison selon moi.
Lovers for a day – Les Amants d´Un jour – Edith Piaf
Shine another glass make the hours pass
Working every day in a cheap café
Who am I to care for a love affair?
Still I can’t forget I can see them yetThey came hand in hand, why can’t I forget?
For they’d seen the sign that said “Room to Let”
The sunshine of love was deep in their eyes
So young, oh so young, too young to be wise
They wanted a place a small hideaway
A place of their own if just for one dayThe walls were so bare, the carpet so thin,
But they took that room and heaven walked in
And I closed the door and turned to depart
With tears in my eyes and tears in my heartShine another glass make the hours pass
Working every day in a cheap café
Who am I to care, one more love affair?
Love is nothing new I have work to doWe found them next day, the way they had planned
So quiet, so cold, but still hand in hand
The sunshine of love was all they possessed
And so in the sunshine we laid them to rest
They sleep side by side two children alone
But I’m sure they’ve found a place of their ownSo why must I see the ribbon she wore
The glow on his face as I closed the door
Be still children, still, your shadows may start
The tears in my eyes and tears in my heartShine another glass make the hours pass
Working every day in a cheap cafe
Evrything is fine ’till I see that sign
How can I forget — it says “Room to Let”
19 ans… Et pour vous donner une idée, voilà le scan d’une photo dans le “Lake District”. Vous admirerez mon look de l’époque avec pantalon à carreaux écossais jaunes et Caterpillar, et pull torsadé C&A. MOuahahaha. (Demandez à des vieux, ou souvenez-vous je suis assez raccord avec l’époque en fait !!) Me voilà en peine affirmation de soi !!! We’re here, we’re queer, get used to it!!!
*Oui oui et mes quarante ans donc. Mein gott…
Ben, c pas mal du tout !
Mon fils est actuellement à Durham …. dur …
Oh bah c’est pas loin !!! :-)
Au moins nous sommes dans un monde moderne et connecté aujourd’hui, tu peux rester en contact avec, et lui est plus facilement lié à son bercail. ;-)
:)
belle narration
J’ai le même pull torsadé mais n’avais pas osé le pantalon !! Et Ouî ,je suis un ” vieux” !!!
Et pas de photo du bel homme à l’époque?
Je ne connaissais pas cette version. C’est rare que les émotions passent aussi bien à l’occasion d’une “cover”.
Je retrouve ce que tu ressens avec la version US de “Comme ils disent” qui devient “What makes a man, a man’.
Sinon je suis surpris car – j’y pensais il y a juste deux jours – je trouve que cette chanson pourrait être une émouvante illustration de ce pourraient vivre les couples gays si la loi ne passait pas…
Tu es tout à fait charmant sur cette photo, mais je ne me souviens pas du tout qu’en 96 on avait ce genre de pantalon :)
J’avais le même pantalon mais en rouge et peut être plus près du corps !
“Après que je me suis”* Après que + indicatif, toujours.
J’ai TELLEMENT de mal avec cette règle !!! :mail: