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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Ars gratia artis

Tout avait vraiment commencé il y a une vingtaine d’années, alors que j’avais été fasciné par une œuvre vue dans un restaurant. J’avais craqué pour ça alors que ce n’était clairement pas dans mes valeurs, ou plutôt celles implicitement transmises par mon milieu, d’acheter de l’art comme cela. Je veux dire pas un poster d’une reproduction, mais un truc unique d’un artiste vivant qui me plaît à moi.

J’avais déjà évoqué ce premier pas dans un vieil article de vingt ans d’âge !!

Et puis, j’ai vraiment été aidé par Fabien avec qui j’ai acheté pas mal de peintures d’artistes qui nous plaisaient beaucoup, et avec qui on a pu échanger pendant quelques années. C’était un rendez-vous sympa et ça m’a totalement désinhibé sur le fait d’acheter des machins artistiques qui me plaisent (et que je peux me permettre). J’ai comme cela commencé à avoir mes murs qui s’habillent joliment année après année.

Ces dernières années, j’ai plutôt évolué en m’impliquant plus dans des projets ou en achetant des pièces qui marquaient des moments ou des relations. Je passe sur ma collaboration au mètre cube de sperme, qui restera sans doute malgré tout dans les annales. En revanche, j’ai adoré avoir contribué il y a quelques années à ce projet photo d’Olivier Vinot consistant à faire parti de 1000 barbus (dont une bonne centaines de connaissances pédéparisiennes, hu hu hu). Cette photo panoramique est une œuvre que j’aime beaucoup.

Après, j’ai aussi à cœur d’avoir des choses faites par des amis, et donc surtout évidemment quand ce qu’ils font me plaît, c’est génial de pouvoir mêler ainsi les genres. Je pense notamment à Chico, connu il y a des années dans mon petit appartement du 11ème, et ses garçons bleus qui ont tant de succès sur Instagram et ailleurs. J’avais vraiment envie d’avoir un de ces portraits au bic bleu chez moi, et je suis particulièrement heureux de cet autoportrait génial.

En arpentant, comme je l’ai fait pendant des années, le Marais et le 11ème arrondissement de Paris, il était impossible de ne pas passer à côté des collages de Fred Le Chevalier. Cela représente pour moi toute une époque, et l’essence même de Paris, avec en plus une tendresse particulière pour son style et ses représentations.

Et dans mes connaissances ou plutôt accointances indirectes parisiennes, il y a ces gens qu’on connaît de potes de potes, qu’on croise en bars ou en soirées, qu’on voit exposer dans des lieux familiers, et qu’on a en ligne de mire sur les réseaux sociaux. FullMano en fait partie, et j’aime beaucoup son travail depuis des années. J’étais donc particulièrement heureux d’avoir cette œuvre qui le représente bien avec un mix entre peinture et couture.

Parmi les artistes que j’aime beaucoup, et également dans cette catégorie que je fréquente de près ou de loin, il y a Nicolas Maalouly. Cela faisait des années que je louchais sur ses œuvres, mais là ce fut un déclic immédiat. Ils se sont associés avec FullMano et ont proposé quelques pièces comme cela qui mêlaient leurs techniques de prédilection. J’ai immédiatement craqué, et c’est sans regret, car j’en suis super super fan. Et encore une fois, c’est un témoignage d’un moment, d’une époque, qui restera pour moi.

Plus récemment, je me suis décidé à prendre une pièce de MÔH. Je le suis depuis quelques temps sur Instagram, et je suis tellement fan de “pixel art” et il excelle dans le domaine. Mais, outre cela, il propose des illustrations souvent très queer, pop ou décalées qui me parlent énormément. Je connais le procédé pour avoir bosser avec des graphistes web depuis les années 90, et le pixel art est tout sauf une sinécure. Donc c’est une pratique qui se réalise réellement “point par point” et qui nécessite technicité, créativité et habileté. Avec les filtres et les IA génératives, tout cela devient en apparence trivial, mais moi au contraire je suis féru de ce travail qui mêle le meilleur du numérique et de l’analogique.

Ce que j’ai adoré dans cette œuvre c’est le détournement du sujet bien sûr. Déjà formellement, la Vénus de Boticelli en pixel art c’est hyper cool, mais en mode “bear” c’est carrément irrésistible pour moi. Et j’adore ce format maxi qui met bien en valeur les pixels en tant que mode d’expression façon jeu vidéo des années 80 ou icones du web des modems téléphoniques. Il y a aussi le cadre pixélisé qui est une finition géniale et qui est réellement au-dessus de l’image centrale, cela fait une belle illusion d’optique en plus. ˆˆ

Tout dernièrement, j’ai acquis ce magnifique rhinocéros lavande de Christopher Evans, et cela me fait trop trop plaisir.

Je ne connaissais pas spécialement Chris, mais plutôt son mari, et celui-ci depuis une vingtaine d’années sur un truc aussi antédiluvien que GayAttitude. C’est via ce dernier que j’ai connu et apprécié le travail de Chris. Et nous nous sommes croisés plusieurs fois de manière inopinée (une fois en visite au Louvre par exemple et par le plus grand hasard), mais on échangeait de temps en temps via les réseaux sociaux. Je suis très admiratif de son travail artistique et globalement d’illustration qui consiste surtout en un impressionnant bestiaire avec un style “vectorisé” très spécifique et typique. Comme pour MÔH, je regrette que cela puisse être assimilé à des filtres ou des images générées par ordinateurs, puisqu’on est encore au contraire sur une démarche très fouillée et au toucher ultra délicat, impossible à obtenir sans un artiste derrière une souris ou une tablette graphique.

Chris a réalisé les illustrations de la dernière Fiertés Ours et il a conçu pour l’occasion un travail superbe et inspirant. Il est décédé il y a quelques mois, juste avant l’événement auquel il avait contribué, et ce fut un choc immense pour ses proches et son mari bien sûr. Cela m’a aussi beaucoup troublé et touché, même si je n’étais pas dans le cercle familier.

Quand je suis passé au Bear’s den, pour une exposition en hommage à Chris, j’ai d’abord voulu prendre l’affiche de Fiertés Ours dont j’adore le slogan, et qui a été là en plus latinisé. ˆˆ Mais le rhinocéros m’avait déjà tapé dans l’œil et quand je l’ai vu en vrai, cela m’a paru une évidence. Il s’agit d’une reprise du “Lavender rhino” de Boston de 1974 avec le style et quelques ajouts de l’artiste. Il avait été choisi comme une campagne publicitaire de visibilité queer complètement décalée par Daniel Thaxton et Bernie Toale. Couleur lavande car c’est le mélange de rose et bleu, classiquement utilisé pour les symboles filles/garçons, et un rhinocéros car c’est un animal “incompris et calomnié”. C’est tellement moi tout cela, que je ne pouvais que craquer. ˆˆ

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