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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Zaho de Sagazan au Zénith de Nantes

L’album tourne en boucle depuis plus de six mois, mais c’était la première occasion de voir Zaho de Sagazan en concert, et j’étais curieux de voir ce que cela pouvait donner. Je ne venais pas avec des idées dingues me disant que c’était une jeune chanteuse de 24 ans, et que ce serait peut-être un peu vert. Avec un premier album (génial) et des récompenses récentes qui l’ont propulsé un peu rapidement, cette tournée des Zéniths paraît un sacré défi.

Mais je l’aime énormément cet album et j’en connais vraiment toutes les chansons par cœur, c’est vraiment pour moi l’équivalent d’une révélation comme Juliette Armanet, et surtout Clara Luciani. On avait eu une pub importante par nos amis à Nantes, car elle est de St Nazaire et déjà assez connue sur la place nantaise. Inutile de dire donc que le Zénith hier était blindé et les gens chauds-bouillants (chauvinisme oblige) !

Le début du concert est parfois mais pas surprenant, et même plutôt convenu. Elle égraine ses chansons, et c’est assez classique mais d’une excellente tenue. On a une chanteuse qui a une voix exceptionnelle, et qui en joue avec une facilité déconcertante. Les accents électros de sa production musicale donnent une ambiance de concert à la fois dansante et planante, car les morceaux n’appellent pas spécialement à se remuer. On profite en revanche d’une superbe diction, d’une voix qui dépasse la musique (qui pourtant est assez “forte”), et une plasticité dans le chant qui m’a rappelé Lady Gaga d’une certaine manière (dans cette apparente facilité à monter en gammes et à rester d’une justesse dingue).

Mais, surtout, voilà que se déploie une chanteuse joyeuse et pimpante, qui raconte des trucs drôles, qui est absolument heureuse d’être là, et d’une générosité qui émaille tous ses gestes et toutes ses paroles. C’était un tour de chant admirable et technique, fidèle à ses enregistrements, mais son charme opère d’une telle manière que le concert devient plus intime, plus émouvant et prend une dimension plutôt inattendue. En tout cas, on repassera pour l’artiste un peu verte et immature qui tente un premier truc. Non c’est une artiste déjà accomplie à sa manière, qui n’a pas l’once d’une trace de trac et qui a l’air de follement s’amuser à faire la Lorelei devant quelques milliers de fans.

Les versions rallongées et orchestrées pour le concert sont géniales, et je n’ai eu aucune déception, absolument aucune. Tristesse est évidemment un point d’orgue majeur du concert, et ces milliers de personnes qui scandent : “Marionnettiste je suis, et sûrement pas l’inverse… Marionnette on naît et on le reste. Marionnette on est et on déteste…”, bah ça le fait grave !!! ^^

Et le morceau “Ne te regarde pas” arrive, mine de rien, car elle est une chanson assez mineure de l’album selon moi. C’est sans doute pour cela que Zaho transforme ça en un manifeste fou qui enjoint le public à se lâcher, et à danser de toute l’énergie du désespoir et d’autre chose de très vivant et captivant. Alors l’ambiance change du tout au tout, car la musique se fait techno allemande industrielle, et d’ailleurs elle évoque une ambiance berlinoise et elle cite Kraftwerk à qui on pense évidemment. Elle se démonte alors pendant de longues minutes avec des accents à la Chemical brothers, et une techno qui assomme tout le public, alors qu’elle court d’un bout à l’autre de la scène, et se tort littéralement (et corporellement) devant nous.

Les accents allemands continuent et se précisent alors qu’elle crie littéralement “Hab sex mit mir”, puis carrément le classique des années 80 outre-Rhin 99 Luftballons. Et ça se termine par un tour de salle du Zénith comme un tour de stade, en contact physique avec le public pour un original Ah que la vie est belle de l’inénarrable Brigitte Fontaine.

Impossible de s’attendre à un truc comme ça, et surprendre autant à cet âge est tout de même de bon augure pour la suite !! Je me demande si ce tournant techno germanique est un avant-goût de la suite, mais pourquoi pas ? En tout cas je vais suivre la jeune femme avec tous les égards dus à son talent déjà bien affermi, et on voit qu’elle en a sous le pied. ^^

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