Voilà une des choses les plus belles qui soit sur les Internets. L’initiative peut être surprenante de prime abord, mais ça tombe tellement sous le sens, lorsqu’on navigue un tant soit peu dans ces photographies. Il s’agit d’un compte Instagram “The AIDS Memorial” dont les contributions sont des photos de personnes décédées du SIDA avant que le net existe même. On laisse aujourd’hui pas mal de traces en ligne de notre passage, et même si ces traces sont très fragiles, ces personnes sont des anonymes dont l’existence est ainsi rappelée et remémorée pour longtemps.
Ce sont des photos d’il y a quelques décennies, mais surtout les textes qui les accompagnent sont souvent troublants et très beaux. Des proches se souviennent de personnes qui sont mortes, souvent jeunes, et de ce qu’ils ont vécu, avant, pendant et après. Il y a des amants, des amis évidemment, mais aussi des parents, ou même des neveux qui se souviennent d’un oncle dont on racontait des anecdotes évasives. C’est le rappel d’une époque, par la couleur des photos, par les styles vestimentaires et capillaires, et aussi de tous ces visages uniques, par ces 7 690 témoignages (aujourd’hui).
Je peux passer des heures à surfer au hasard dans ces clichés et commentaires qui les accompagnent. Ce compte représente aussi une mémoire documentaire qui me paraît importante et précieuse, et j’espère que ça va continuer. Je suis content aussi d’en lire les commentaires et les “likes” qui dénotent d’une grande audience pour ces portraits singuliers.
Cela me parle d’autant plus quand je vois ces photos des années 80 et 90, à l’époque où j’étais enfant ou adolescent. Du coup c’est à la fois familier, et en même temps très étranger, puisque je ne vivrais cette vie “gay” que quelques années plus tard, et que j’ai eu la chance de passer au travers les mailles du filet de cette maladie.
